Enseignement : le Cantal perdra deux postes à la rentrée 2018
Moindre mal pour l’inspection académique, la perte de deux postes dans le primaire indigne le SnuIPP-FSU.
La - faible - mobilisation jeudi en fin de journée devant les grilles de la préfecture en amont du CDEN (conseil départemental de l’Éducation nationale) n’y aura rien fait : malgré l’opposition et les revendications des syndicats enseignants du SnuIPP-FSU aux propositions académiques de carte scolaire à la rentrée prochaine, la directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen), Marilyne Lutic, a entériné les suppressions de poste présentées il y a quelques semaines en comité technique. Des mesures qui se traduisent par la suppression de postes répartis dans dix écoles, l’implantation de postes dans sept autres établissements primaires. Soit au final une perte de deux postes en septembre que les services académiques justifient par une nouvelle érosion des effectifs attendus : 9 433 élèves devraient être scolarisés à la rentrée dans les 145 écoles (publiques) du département, soit une baisse d’effectifs de 85 élèves. Il s’agit donc d’un moindre mal estime l’inspectrice académique pour qui, après les années de stabilité permises par la convention signée avec le ministère en faveur de l’aménagement du territoire scolaire cantalien, cette diminution de deux postes ne devrait pas altérer le taux d’encadrement moyen dans le département égal cette année à 7,37 professeurs des écoles pour 100 élèves contre 5,32 en moyenne nationale. “Les mesures prises en concertation avec les partenaires territoriaux se sont appuyées, en particulier, sur la volonté partagée de faire évoluer les réseaux d’écoles de territoire, de favoriser un rééquilibrage entre petites structures à fort effectif et structures importantes à faible effectif et à augmenter le taux de scolarisation des moins de trois ans en prenant en compte la population de deux ans attendue”, souligne Marilyne Lutic, dans un communiqué diffusé après le CDEN.
Allanche : qui va alimenter le collège ?
Un argumentaire que rejettent en bloc FSU et SnuiPP qui dénoncent, derrière ce ratio d’encadrement flatteur, le manque de moyens dans des territoires hyper ruraux “quand même sinistrés”, laissés pour compte selon eux après que l’enveloppe allouée à l’académie a été largement aspirée par les zones urbaines ailleurs dans l’ex-région. Pour Lionel Maury, secrétaire départemental de la FSU, la suppression d’une classe à Allanche est à cet égard symptomatique d’une politique arithmétique “qui déshabille Pierre pour habiller Paul” : “En montagne, comme à Allanche, il faut impérativement conserver des classes et donc une école qui est un service public de proximité. L’école, c’est le dernier bastion, la survie des villages. Les enfants ne peuvent pas faire 1 h 30 de trajet matin et soir, et encore 1 h 30 quand il fait beau !” Une décision d’autant plus inacceptable à ses yeux et à ceux de sa consœur co-secrétaire départementale du SnuiPP, que “le Conseil départemental fait tout pour préserver le collège d’Allanche. S’il n’y a plus d’élèves en primaire, c’en est fini du collège !”
Les syndicats pour une vision à plus long terme
Même indignation plus au Sud, sur le cas de Glénat : “Le ministre Blanquer a promis qu’il n’y aurait pas de fermeture d’école mais en enlevant une classe à Glénat à la rentrée, c’est la mise à mort de l’école qui est prononcée en 2019”, assure la FSU, qui appelle de ses vœux une vision à plus long terme de la démographie scolaire. “Il y a trois-quatre ans, l’école de Lugarde devait être rayée de la carte ; aujourd’hui, la Dasen accepte de lui donner davantage de moyens...” Tous deux revendiquent une analyse davantage “bienveillante” de la situation scolaire cantalienne pour assurer la pérennité d’un maillage de proximité “où l’on fait de la qualité”. “Supprimer des classes, même si l’école ne ferme pas, c’est déstabiliser des équipes”, soulignent les responsables syndicaux, qui s’émeuvent parallèlement du recours à des contractuels, “des agents jetables en fin d’année” pour venir en renfort sur des postes restés vacants, alors que dans le même temps, la rectrice supprime des places d’accès au concours. Le SnuIPP-FSU dénonce par ailleurs “la casse” dans le second degré avec la fermeture de onze classes à la rentrée.