En vidéo > Transhumance ovine : le bilan en images. «Entre le loup et l’agneau il va falloir choisir»
Une centaine d’éleveurs auvergnats a participé, jeudi dernier,à Paris, au rassemblement anti-loup, orchestré par la FNO.
Voir aussi la transhumance au départ de brioude en cliquant ici et le deuxième reportage sur le site de l'Auvergne Agricole en cliquant là.
Incompatible. Pour les quelques 300 éleveurs de moutons, mobilisés sur le parvis Champ de Mars, la semaine dernière à Paris, la cohabitation entre les brebis et le loup n’a que trop duré. C’est parce que la plupart du temps, elle se solde par des «carnages» d’une rare violence, que la Fédération nationale ovine avait décidé, la semaine passée de frapper fort, en organisant deux transhumances, au départ de Brioude et de Bar-le-Duc en direction de la capitale. Réunir 150 brebis noires du Velay et 100 brebis Lacaune au pied de la Tour Eiffel, l’image se voulait symbolique mais aussi explicite d’un mal qui ronge les campagnes. «C’est inacceptable ! Les loups massacrent nos moutons dans 27 départements maintenant, c’est trois fois plus qu’il y a cinq ans. Les éleveurs sont découragés, certains arrêtent. Le loup est incompatible avec l’élevage !», martèle Serge Préveraud, le président de la FNO.
Plus de 7000 moutons tués
Moment d’intense émotion quand les manifestants ont dévoilé deux carcasses de brebis éventrées par les crocs du loup. Toute l’assistance s’est tue pour écouter trois jeunes femmes, trois éleveuses qui n’en peuvent plus de voir leur cheptel dévoré par le loup. «Je viens de m’installer au 1er janvier, et déjà j’ai eu 3 attaques» déplore d’une voix lasse Florie Delaye,
éleveuse de moutons dans les Alpes de Haute Provence, «ce n’est pas pour voir ça que j’ai choisi ce métier». Xavier Beulin, président de la FNSEA, est venu saluer les manifestants à la mi-journée. Puis, aux sons des cloches, les éleveurs en colère ont défilé dans les rues de Paris, suivis par des bétaillères transportant les moutons. Destination : le ministère de l’agriculture, où une délégation de la FNO avait rendez-vous avec Stéphane Le Foll. Mais le cortège a été
bloqué rue de Varenne par un cordon de CRS. Bousculade, gaz lacrymogène, les manifestants ont été vioviolemment repoussés, malgré l’accord du ministère pour laisser entrer quelques brebis dans les jardins. Seule fausse note dans une journée réussie.
Le «plan loup» prévoit la possibilité d’abattre jusqu’à 36 loups par an par des tirs de prélèvements accordés dans les zones où les dégâts sont les plus importants. Or, en l’état, seuls
13 loups ont été tués en 2014 pendant que les effectifs du grand prédateur ont progressé d’une soixantaine d’individus. Même si c’est deux fois plus que les années précédentes, c’est largement insuffisant pour des éleveurs confrontés cette année à des attaques de loups jamais vues ! 7 535 moutons ont été tués par le loup cette année, selon les chiffres de la FNO. 28 % de hausse sur un an.
Entre chien et loup
A priori enclin à vouloir trouver des solutions, «le ministre sera jugé sur ses actes», rappelle Claude Font président de la FDO de Haute-Loire et de la Section régionale ovine. «On est
dans le cadre d’une réglementation européenne qui a été mise en place à un moment où le loup était en extinction or, aujourd’hui, il est en expansion », a reconnu Stéphane Le Foll. En attendant, il s’est engagé à programmer une réunion avec l’ensemble des Préfets pour harmoniser l’application du plan loup et améliorer son efficacité. De même qu’il a affirmé «poursuivre les négociations avec l’Espagne et l’Italie afin d’obtenir, enfin, le déclassement du loup de la Directive Habitat». Pour finir, le Ministre a affirmé que l’État français s’opposerait fermement à la proposition du Conseil de l’Europe d’étendre la protection de la Convention de
Berne aux hybrides du loup (animaux issus d’un croisement entre un chiendomestique et un loup sauvage). En effet, les protecteurs du loup auraient bien voulu garder encore secrète l’apparition en France du loup tchécoslovaque pour qu’ils puissent, en douce, lui assurer une solide protection. Car cet animal hybride menace d’un effondrement juridique tout le dispositif de la protection du loup en France. Le 25 novembre déjà, dans un courrier adressé aux ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, Jean-Pierre Royannez, le président du groupe «prédateurs» à la FNSEA s’insurge contre cette initiative «totalement incompréhensible» sur un plan juridique. La Convention de Berne ne protège que les loups de race pure et son extension au loup hybride constituerait «un véritable danger pour la survie du pastoralisme, déjà extrêmement malmené», s’insurge l’élu drômois.
S. CHATENET-GIRAUD, S. BERRA ET S. MARION