En vidéo > Paroles de jeune : Gagner sa vie et se libérer du temps pour sa famille
Installé hors cadre familial en individuel, Thierry Dufaud, 27 ans, produit du lait à Lapte depuis avril 2016. Arrivé dans le métier en pleine crise du lait, ce jeune agriculteur démarre avec motivation.

n Avec un papa conducteur d'engins et une maman employée de maison de retraite, Thierry Dufaud ne se prédestinait pas à travailler dans l'agriculture. Pourtant, dès son plus jeune âge l'agriculture l'a véritablement happé. À St Pal de Mons, commune où il résidait, "les soirs après l'école et les mercredis après-midi, j'allais dans la ferme de mes voisins. À l'époque, je voulais devenir agriculteur ou bien routier". Et il est finalement resté fidèle à l'agriculture en s'installant en avril 2016.Après des études agricoles (BEPA, Bac pro, BTS Acse), Thierry ne tenait toutefois pas à s'installer immédiatement : "À 18 ans je n'avais pas assez de mâturité et d'expériences même si depuis mon bac je travaillais au Service de Remplacement les week-end et pendant les vacances". Il s'est donc relancé dans les études en passant un CS conseiller en élevage lait dans l'Ain. Avide d'expériences, le jeune homme a ensuite décidé de suivre sa compagne en Haute-Savoie, un département où il a exercé le métier de contrôleur laitier pendant 2 ans.Thierry gardait toutefois en lui le projet de s'installer sur une ferme en Haute-Loire, le vie étant très chère en Haute-Savoie et sa famille trop éloignée.
De retour au pays
En 2014, de retour au pays, Thierry a eu l'opportunité de s'installer au sein d'un Gaec à Lapte dans le cadre d'un stage parainage. Après 6 mois de stage, les associés du Gaec et Thierry, n'ayant pas les mêmes attentes, ont décidé de mettre fin à cette démarche. Thierry a travaillé à nouveau pour le Service de Remplacement en attendant une nouvelle opportunité d'installation. "Près du domicile de mes beaux-parents, à Lapte, un Gaec, sans repreneur, allait stopper son activité. Après réflexion, j'ai décidé de reprendre cette ferme de 50 ha, l'intégralité du troupeau laitier (31 Prim'Holstein, la stabulation, le hangar de stockage, le matériel agricole, mais pas la porcherie (qui n'était plus aux normes)". Thierry Dufaud juge l'investissement correct : "on a travaillé intelligemment avec les vendeurs et les bâtiments et matériels n'étaient pas récents..."
Installé en pleine crise laitière
Installé depuis quelques mois seulement, le jeune homme prend ses marques sur sa ferme. Les vaches se sont bien adaptées à leur nouveau maître, la seule ombre au tableau c'est la crise laitière. Optimiste, Thierry ironise : "Au moins, j'aurais eu la chance de ne pas faire de folies (Ndlr: en terme d'investissements) la première année ! Et puis, j'ai toujours connu le prix du lait bas...".Même s'il espère vivement que le prix du lait va remonter, le jeune homme sait qu'il devra s'adapter à de fortes variations de prix de lait : "nous allons devoir changer notre façon de gérer nos exploitations et être sereins sur les investissements". Une fois qu'il aura rendu sa stabulation plus fonctionnelle et qu'il aura amélioré certains points techniques sur son troupeau, Thierry aspire "à gagner sa vie en se libérant du temps pour sa famille". Il garde aussi le projet de se rapprocher davantage des consommateurs, "pour leur montrer la véritable image de l'agriculture. Je trouve par ailleurs que l'on a oubliél'agriculture raisonnée, il va falloir la remettre sur le devant de la scène".
Aux JA pour échanger entre jeunes
Bien occupé sur sa ferme, le jeune homme ne pratique aucune activité ou responsabilité extérieure, sauf au sein des JA auxquel il adhère depuis qu'il a l'âge requis pour participer au jugement de bétail. Toujours adhérent et aujourd'hui trésorier des JA d'Yssingeaux, cela reste pour lui "un moyen d'échanger entre jeunes".Même si le fait d'être hors cadre lui inflige une double pression comparé à ceux issus du monde agricole, il peut compter sur sa force : une large ouverture d'esprit.
Véronique gruber