En vidéo : La lutte en démonstration à St André de Chalencon
Campagnols-taupes Jeudi 13 octobre à St André de Chalencon la FDGDON de Haute-Loire et ses partenaires ont présenté un panel de moyens de lutte contre campagnols terrestres et taupes.
Sensibiliser les agriculteurs à la lutte contre les campagnols terrestres et les taupes avec tous les moyens aujourd’hui à leur disposition, tel était l’objet de la journée du jeudi 13 octobre à St André de Chalencon. À l’initiative de la FDGDON (Fédération départementale des Groupements de Défense contre les organismes nuisibles), cette démonstration a réuni plusieurs intervenants.Soixante-dix personnes ont répondu à cette invitation et a pu s’informer sur le gazage des taupes avec des techniciens de la CAMDA, le piégeage avec la FDGDON, l’expérimentation en cours sur la glace carbonique avec le SRAL (Service régional de l’Alimentaion), et des techniques de travail du sol avec la FDCUMA.En préambule, Christian Munier président de la FDGDON et nouveau président de la FREDON Auvergne a rappelé que «la lutte contre la taupe était un préalable essentiel à une lutte efficace contre le campagnol terrestre» et c’est pourquoi cette journée visait ces deux nuisibles.
Détruire l’animal…
Pour ouvrir les travaux, Jérémy Convers technicien de la FDGDON invitait les participants à différencier ces deux animaux (une taupe et un campagnol avaient été piégés) et à les reconnaître sur le terrain, l’animal lui-même et ses dégâts. Ensuite, les différents intervenants ont exposé chacune des techniques aujourd’hui possibles, en mettant en avant leurs avantages et leurs inconvénients.Dans un premier temps, Laurent Joubert et Jérémy Laurent de la Camda exposaient la technique de gazage des taupes au PH3. Ils insistaient notamment sur les précautions à prendre et sur le protocole à respecter pour cette méthode, tant sur l’opération de gazage que sur le stockage du PH3 ; recomandations réitérées par l’ensemble des intervenants. Cette technique est reconnue efficace mais néanmoins coûteuse et chronophage, et présente des limites en cas d’infestation importante.Françoise Baubet du SRAL est intervenue sur une expérimentation aujourd’hui en cours sur le Cantal et le Puy-de-Dôme notamment : la lutte contre le campagnol par la glace carbonique. Techniquement, on introduit dans la galerie un bâtonnet de glace carbonique puis on rebouche le trou. En fondant, cette glace se transforme en CO2 un gaz lourd qui reste jusqu’à 2 heures au fond de la galerie ; le campagnol meurt asphyxié. La technicienne insiste sur la non dangerosité de ce produit pour l’environnement. Quant à son efficacité, des réserves sont émises notamment sur des parcelles trop infestées et par températures trop élevées. D’autres essais vont démarrer cet automne sur la région. Cette méthode est encore à l’étude ; elle coûte cher 180 € pour 20kg (à peine suffisant pour traiter 1ha) et cela prend du temps, mais elle peut s’avérer intéressante sur de petites structures type maraîchage. Notons aussi que d’autres essais ont lieu en Bretagne, Bourgogne et PACA.
…et détruire les galeries
Les organisateurs de la journée ont ensuite invité les participants à s’intéresser à des techniques moins chronophages et surtout combinées avec un intérêt agronomique. Il s’agit d’outils de travail du sol conçus au départ pour cela, et qui peuvent présenter un intérêt pour la lutte contre taupes et campagnols. Régis Brun et Jean-Jérôme Barbier animateurs à la FDCUMA ont exposé 4 outils différents.Deux d’entre eux sont des machines de «pseudo-labour» qui vont «fissurer le sol en profondeur sans en modifier la surface». Jean-Jérôme explique «des disques découpent des bandes d’herbe, qui sont soulevées puis reposées et rappuyées par un rouleau, tout en aérant le sol par des vibrations permettant ainsi une meilleure circulation de l’air et de l’eau». L’actiprairie (Actisol) est un outil à 5 dents espacées de 50 cm qui descendent à 15 ou 20 cm de profondeur. Quant au Cultiplo (Agrisem) plus lourd, et constitué de 3 dents espacées de 80 cm, il peut descendre à des profondeurs de 30 cm voire plus. Ces deux outils qui présentent un réel intérêt agronomique, détruisent les galeries des nuisables perturbant ansi leur prolifération.Deux autres équipements étaient en démonstration. Le rouleau Top, un prototype, reproduit le piétinement des vaches (les professionnels ont en effet pu démontrer que dans les parcelles pâturées, il y a moins de pullulation) et lui aussi détruit les galeries souterraines. Le dernier outil est une herse de prairies qui va niveler les tumulis et gratter pour émousser, et qui est équipée d’un rouleau avec des pics de 10 cm qui vont eux-aussi imiter le piétinement.
La lutte doit être collective
En démonstration au travail, profil cultural et explications des techniciens à l’appui, ces différents matériels ont montré leur intérêt aux agriculteurs présents qui y voient, comme Fabienne Demars agricultrice à St Front, «une solution d’accompagnement aux autres techniques de lutte comme le gazage ou le piégeage, et de prévention».Cette journée s’est révélée instructive de l’avis des participants qui ont pu avoir une vue globale de tout ce qui existe à ce jour pour lutter contre ce fléau qui pénalise lourdement les exploitations.Et Christian Munier de rappeler «la nécessaire implication de chacun» dans cette lutte qui doit être «collective» et permanente.
Suzanne Marion