En vidéo > de 1946 à 2016, la combativité est une constante à la FDSEA : souvenirs, souvenirs… 4 anciens présidents témoignent
160 adhérents et responsables d'OPA étaient, mardi 22 mars à St Germain Laprade, pour assister au Congrès annuel de la FDSEAde Haute-Loire qui fêtait ses 70 ans. Une vidéo a été présentée lors du congrès regroupant les 4 témoignages des anciens ses présidents?.
Guignand, et 4 anciens directeurs : Georges Assezat, Guillaume Yger, Christian Buffière et Hervé Morainville.
La FDSEA Haute-Loire fête ses 70 ans
En fin d’après-midi, mardi dernier lors du Congrès de la FDSEA, une séquence émotion a ponctué les travaux de l’assemblée générale. Filmés quelques jours avant, les 4 derniers présidents de la FDSEA ont tour a tour évoqué des souvenirs, des évènements qui ont marqué leur mandat. Ces 15 minutes de témoignages ont été ressenties comme des messages positifs dans un contexte actuel morose. En effet ces 4 personnalités du monde agricole départemental, Prosper Chany, Gilbert Bros, Alain Fialip et Gilbert Guignand, profondément attachés aux valeurs portées par le syndicalisme ont chacun à leur façon délivré un message résolument optimiste, montrant que des difficultés il y en a eu à toutes les décennies, mais que la volonté et la pugnacité des hommes ont toujours permis d’avancer. Nous regretterons seulement que par manque de temps, il n’y ait pas eu d’échanges entre ces 4 présidents et les adhérents de la FDSEA présents à ce Congrès.
Les manifs…
Prosper Chany président de 1977 à 1983, a rappelé de grandes manifestations qui l’ont marqué comme celle de Brioude puis plus tard début 1980 sur la Place du Breuil au Puy avec parfois «quelques débordements pas toujours du fait des agriculteurs». Alain Fialip (1996/2003) évoque lui, une manifestation devant la DDA, qui logeait dans les même locaux que la MSA, et qui a donné lieu à «une certaine incompréhension avec les salariés. Une manifestation difficile à gérer…». Gilbert Guignand (2003/2013) a lui aussi fait référence à une crise particulièrement grave en 2009 avec «nos adhérents qui s’éparpillent, des scènes qui font mal à titre personnel…». Gilbert Bros qui a pris la présidence en 1986 et jusqu’en 1996, est arrivé en plein quotas laitiers ; une expérience qui l’a évidemment marqué. Et ce d’autant que la Haute-Loire a su réagir alors qu’elle était au début du développement de sa production laitière. Grâce notamment aux quotas vente directe transformés ensuite en quotas laiteries, «la Haute-Loire a augmenté son quota de 17 % alors que les autres départements avaient baissé de 13 %». Et dans cette même période de quotas, la Haute-Loire à l’initiative du syndicalisme a mis en place des productions dites de diversification comme les veaux des Monts du Velay, les petits fruits, le tourisme à la ferme, les produits fermiers… Un exemple qui montre que les responsables départementaux et les agriculteurs ont su rebondir.
L’ICHN
Gilbert Bros a aussi abordé l’important dossier de l’ICHN et ses différentes augmentations de 30 % chacune en 1995 et 2001, et «pour lesquelles la Haute-Loire a joué un rôle prépondérent», le président ayant directement négocié une enveloppe de 500 millions de francs en 1 heure auprès du ministère… Alain Fialip est lui aussi revenu sur ces augmentations de l’ICHN dont l’une obtenue à l’occasion d’un déjeuner avec le président Chirac à Brioude suivi d’une mobilisation au Lioran. Prosper Chany et Gilbert Bros ont tous les deux été marqués par la grande expédition en tracteurs à Bruxelles en 1998 appelée «Caravane des Pâturages de France» pour compenser un «oubli» des zones herbagères par l’Europe. Résultat, une prime à l’herbe… Et les résultats obtenus sur le long terme, aucun des présidents n’en a fait la liste tant elle serait longue, mais ils ont çà et là mentionné quelques acquis qui mis bout à bout ont permis à l’agriculture de Haute-Loire de semaintenir et se développer, etaux agriculteurs de vivre de leur métier.
Les sécheresses
Alain Fialip comme Gilbert Guignand ont évoqué de grands dossiers qui revenaient «comme des feuilletons», à savoir les réformes de la PAC ou les dossiers sécheresse et sur lesquels la FDSEA a dû à chaque fois s’investir pour obtenir le meilleur. Sur la sécheresse, Alain Fialip a insisté sur des opérations d’envergure comme dans le Loiret en 1993. Son successeur Gilbert Guignand a rappelé avoir fait venir du foin de Californie, de la paille surpressée d’Allemagne… Pour lui, cette sécheresse 2003 restera son meilleur souvenir «j’étais nouveau dans la fonction, les agriculteurs croyaient beaucoup en la FD… Là j’ai l’impression qu’on a rendu service aux agriculteurs. En tant que responsable professionnel, rendre service aux paysans de mon département, c’est ce qui est le plus important pour moi». Posper Chany a aussi évoqué une difficulté maintes fois pointée du doigt par les agriculteurs au cours du temps, c’est la lenteur administrative illustrée lors d’un déplacement qu’il a fait à Matignon avec une délégation du Massif-central et pour lesquelles les décisions ont été appliquées 3 ou 4 ans après.
Les meilleurs souvenirs
Et parmis leurs meilleurs moments en tant que président, Prosper Chany parle sans hésitation de convivialité entre responsables au niveau du département comme au niveau de la région, et ce malgré parfois des distorsions de points de vue. Il insiste aussi sur l’unicité que la FNSEA et la FDSEA ont su préserver au fil des temps pour défendre les agriculteurs, une unité sur le terrain qui n’a pas cédé malgré l’adversité. Alain Fialip a lui-aussi évoqué avec nostalgie la bonne ambiance qui régnait entre les administrateurs et de se remémorer «les visites de 3 jours hors département organisées pour le conseil d’administration qui permettaient de souder l’équipe et de s’ouvrir l’esprit». Il n’oubliait pas de signaler la «très bonne entente entre les organisations professionnelles agricoles» sur le département, une ligne directrice à maintenir pour les générations futures afin de travailler efficacement. Et de conclure : «des crises on en a vécu, des problèmes on en a eu, on a trouvé des solutions pas toujours idéales, mais le syndicalisme se doit d’accompagner les agriculteurs pour qu’ils puissent s’adapter». En guise de conseils aux responsables et futurs responsables, Gilbert Bros insiste sur l’importance d’être «sur tous les fronts tous les jours pour saisir toutes les opportunités», et de se battre jusqu’au bout pour «arriver à gagner quand tout le monde pense que c’est perdu». Pour Gilbert Guignand, «être président de FDSEA ça fait réfléchir… c’est un poste et un rôle très important dans le département. C’est une ouverture d’esprit. Et c’est rencontrer des gens qui font le même métier et qui deviennent des copains, des amis…».
SUZANNE MARION
Le déroulé du 70 ème congrès :
Le 70ème Congrès de la FDSEA de Haute-Loire qui s'est tenu ce mardi 22 mars à St Germain Laprade s'est déroulé d'une manière un peu singulière puisqu'il associait le bilan syndical de l'année écoulée, les perspectives pour 2016 voire au-delà, et en fond 70 ans de syndicalisme, 70 ans de combats pour la défense des agricultrices et des agriculteurs.C'est devant quelque 160 personnes, adhérents et responsables d'organisations professionnelles, et face à un premier rang avec quatre anciens présidents et quatre anciens directeurs, que le président Yannick Fialip ouvrait l'assemblée. Pour planter le décor, le secrétaire général Thierry Cubizolles faisait un rapide tour d'horizon de l'activité de la FDSEA et de ses sections en 2015 ; les présidents de sections ayant fait une présentation un peu plus détaillée en matinée à huis clos (lire page suivante).
Des combats hier et aujourd'hui
Ce fut ensuite autour de Yannick Fialip de souligner dans son rapport moral ce qu'est le syndicalisme et ce qu'il a été. Il s'est intéressé à ces 70 ans de la FDSEA pour n'en retenir qu'un mot : «combativité». Car pour lui, c'est bien l'engagement des hommes, leur ténacité, leur volonté d'aboutir qui a contribué au fil des ans à passer les crises, à développer notre agriculture et nos exploitations.Et le combat continue, et ce n'est pas le bilan de cette année 2015 et du début 2016 qui nous fera mentir. En effet, le président revient sur la défense du revenu des agriculteurs qui est la raison d'être du syndicalisme. Baisse des charges, maintien et revalorisation des compensations, et surtout hausse des prix des produits agricoles sont les leviers qui chaque année sont activés par le réseau pour défendre le revenu des exploitants.Dans le contexte actuel d'une libéralisation des prix, se pose «le problème du modèle alimentaire européen et français». Yannick Fialip souhaite «la mise en place d'une véritable politique alimentaire visant à soutenir les agriculteurs avec des prix rémunérateurs». Sur le plan européen, mettre des moyens financiers pour l'aide alimentaire, sur le plan national orienter les aides sociales vers l'alimentation des plus démunis... voilà quelques propositions du président qu'il reste à creuser. Il insiste également sur «une meilleure implication des producteurs dans la fixation des prix des produits aujourd'hui entre les mains des industriels et de la grande distribution». Là aussi le chantier s'annonce difficile et long.Le président de la FDSEA ne pouvait passer sous silence l'impressionnante liste des «contraintes environnementales et administratives qui entravent l'activité agricole». Et d'interpeller les services de l'État à travers son représentant, Monsieur le Préfet, pour dénoncer «cette machine administrative qui s'emballe».
Deux résolutions à court terme
Et dans un contexte d'attente du solde des aides 2015, des déclarations PAC 2016 alors que n'est pas réglée la problématique des SNA (surfaces non agricoles)... le président pose deux résolutions : «1, nous n'accepterons aucun contrôle surfacique tant que la référence de surfaces de chaque agriculteur ne sera pas stabilisée ; et 2, si dans les deux mois le paiement des compensations 2015 n'est pas effectué, nous irons directement chercher l'argent dans les trésoreries...». Cette année 2015 profondément marquée par une forte mobilisation dans un contexte de crise sur tout le monde agricole laisse une certaine morosité qui se ressentait dans la salle. Mais, et même si la table ronde sur les perspectives d'avenir du métier n'a pas pu se tenir faute de temps, les différents intervenants, responsables d'OPA, élus de la région ou du département, représentants de l'État... ont essayé de passer un message positif démontrant que des pistes de réflexion sont en marche. Et le témoignage de quatre anciens présidents de la FDSEA dans une séquence filmée a lui aussi été dans ce sens. Faisant appel à leurs souvenirs, Prosper Chany, Gilbert Bros, Alain Fialip et Gilbert Guignand sont revenus sur des évènements marquants portés par le syndicalisme montrant que des situations difficiles, on en a connues, et on a su les surmonter.
Suzanne Marion