PORCS
En montagne, tout est bon dans le cochon : agronomie, économie et vision sociétale
Le Massif central est déficitaire en production porcine. Pour inciter à développer des petits ateliers à même de conforter les filières, les conseillers agricoles ont été informés du potentiel.
Le Massif central est déficitaire en production porcine. Pour inciter à développer des petits ateliers à même de conforter les filières, les conseillers agricoles ont été informés du potentiel.
“Si on faisait du porc ?” La question n’est pas posée en cuisine à l’heure du repas, mais à tout au long de l’année, à des agriculteurs de montagne, déjà installés ou sur le point de rejoindre un Gaec, par exemple. L’Association porc montagne (APM) démontre non seulement une compatibilité avec un système bovins, mais une complémentarité intéressante, à la fois sur le plan agronomique, économique, mais aussi social avec des emplois créés dans les filières. Pour que son message porte à coup sûr, APM a eu l’idée de s’adresser aux conseillers et techniciens agricoles des organisations professionnelles (OPA) et de groupements. Une journée leur était consacrée, jeudi 13 juin, à Badailhac.
Convaincre les OPA
Thierry Lafragette, président d’APM, éleveur (dans le Lot) et lui-même en cours de transmission puisqu’il fait valoir ses droits à la retraite, sait le défi que représente le renouvellement des générations.
“C’est d’autant plus important qu’il nous faut relever le défi du renouvellement des générations”, ne cache pas Thierry Lafragette, président d’APM
S’il a la chance de pouvoir céder à un salarié, il sait aussi la difficulté liée à la pression sociétale, à une image qui ne correspond pas forcément à la réalité... D’où l’idée, dit-il, de “redorer le blason de la production de porcs, avec l’appui des structures”. Un travail de sensibilisation qui, en zone de montagne, devrait s’avérer plus facile, puisque ne concernant que de petits ateliers qui alimentent des abattoirs de proximité et aux circuits de distribution souvent très courts. Malgré cela, Thierry Lafragette relève un manque d’approvisionnement sur tout le Massif-central. Pour faire bouger les lignes, le programme Aporthe, expliqué par Bruno Douniès, a fixé les enjeux et perspectives d’une production interdépendante entre bovins et porcins, illustrée par la visite qui a suivi chez Benoît Julhes du Gaec de Puech Laborie, tandis qu’une vision plus large était donnée par l’Inrae sur “le porc dans la zone Sud-ouest du Massif central”.
Au cœur des discussions entre professionnels, “l’intérêt agronomique et environnemental du porc” : gestion des effluents et complémentarité, à la fois présentées par des ingénieurs agronomes et des éleveurs. Pour enfoncer le clou, des données économiques et résultats des exploitations porcines intéressants étaient développés par l’animateur de la filière porcine de la Chambre agriculture de l’Aveyron. Quant à l’organisation locale de la production en filières, elle était détaillée par le groupe coopératif Altitude.
Une différenciation
La recherche de plus-value est une condition sine-qua-non, pour des ateliers aptes à produire une qualité supérieure recherchée par certains distributeurs et des collectivités qui ont obligation - dans le cadre de la loi Egalim - à fournir de plus en plus de produits locaux et/ou sous label. Une démarche de promotion et de développement dynamique de la marque collective “Origine montagne” constitue, en ce sens, un signe de reconnaissance et de garantie pour le consommateur. Le surcoût se justifie aussi par des frais plus élevés en zone de montagne (transports, taille des abattoirs, etc.) qui, bout à bout, pourraient pénaliser la filière sans différenciation clairement établie : IGP, montagne, marques commerciales type Cantalou, label rouge parfois...). Benoît Julhes fait opère un calcul simple : 10 centimes de plus par kilo, c’est 8 à 10 €/porc. Et pour 3 000 animaux produits par an, c’est une plus value de 24 000 € qui permet aux élevages de montagne de rester dans la course.