En Cévennes, des forêts précieuses mais de plus en plus vulnérables
Comme chaque année, l'IGN publie en octobre son inventaire forestier national pour faire le point sur l'évolution des forêts françaises. Parmi les zones les plus touchées, l'Alsace, la Champagne mais aussi les Cévennes où le taux de dépérissement apparent dépasse 9 % du massif. Jean-Yves Magaud, technicien au centre régional de la propriété forestière en Lozère fait le point sur la situation.
Comment vont les forêts cévenoles en 2023 ?
Après la sécheresse et la canicule de 2022, la fin de printemps plutôt pluvieuse nous a peut-être évité une catastrophe, même si nous avons eu un gros coup de chaud fin août. Il n'empêche que le dépérissement des châtaigniers se poursuit. Dans les zones les plus exposées, au sud et en basse altitude, on a même des descentes de cimes, c'est-à-dire que la partie haute de l'arbre meurt et le feuillage se rabaisse. Même dans des contextes autrefois favorables, on ne constate pas d'amélioration. On a également des inquiétudes sur l'épicéa commun, comme on en trouve dans la forêt de l'Aigoual, où l'on a observé des pertes d'aiguilles suite aux évènements climatiques de ces dernières années, et la présence localisée de scolytes - un ravageur qui prolifère très vite - mais encore de manière mesurée en comparaison avec d'autres régions.
Pourquoi le châtaignier, essence emblématique du territoire, souffre autant ?
C'est un cumul de causes, sans que l'on puisse déterminer quel élément fait la bascule. Les forêts de châtaigniers ont souvent été plantées en monoculture, avec une seule essence d'arbre, donc elles sont plus vulnérables. Ce sont également des peuplements anciens, avec des souches assez vieilles et pas nécessairement associées à un travail de gestion sylvicole. S'y ajoutent les pics climatiques qui affaiblissent les arbres et aggravent en plus les problématiques sanitaires comme le chancre. Les arbres qui ne soient pas atteints à divers degrés deviennent rares.