Emmanuel Macron Ahun pas de la campagne
Le Chef de l'État en visite en Creuse Au coeur de la Creuse, au lycée agricole d'Ahun, le Président de la République a pris le pouls d'une jeunesse rurale désorientée à plus d'un titre, parfois tentée par l'installation agricole à condition que cela paye.
La Creuse était l'un des seuls départements de la France rurale que n'avait pas foulé le Chef de l'État en exercice. C'est désormais chose faite depuis lundi dernier (24 janvier). Le Président, pas encore en campagne et indiquant réserver « sa réponse au prochain épisode » à Tom, jeune étudiant en BTS Acse (Analyse, Conduite et Stratégie de l'Entreprise) au lycée agricole d'Ahun, a donc démarré dans l'établissement creusois sa séquence « ruralités, je vous aime », histoire peut-être de gommer sa réputation de « président des villes ». Au menu : plusieurs tableaux savamment millimétrés pour mieux servir les images de la nuée de caméras¹ et de micros tendus avides de petites phrases, et surtout de potentielle annonce de candidature. En vain...Pour le lycée agricole d'Ahun qui forme chaque année près de 350 élèves aux métiers de l'agriculture de la 4e au BTS, cette visite présidentielle est évidemment un événement assez inédit, et au-delà de la politique, le président du conseil d'administration, Olivier Tourand n'a pas boudé pas son plaisir : « Cela permet de mettre en avant l'établissement, et de valoriser nos formations et plus globalement les métiers de l'agriculture ». Sauf que d'agriculture, il n'en a été que très peu question. Un petit tour dans la stabulation, un coup d'oeil aux limousines dans leur box, et un échange avec quelques étudiants, briefés durant tout le week-end... Le tout plié en à peine une vingtaine de minutes. Reste que certains messages ont eu le mérite d'être délivrés.
« La nourriture a une valeur »
Ceux d'une jeunesse pas forcément issue du milieu agricole, qui à 15 ou 20 ans se verrait bien rejoindre une exploitation agricole par passion, mais à condition de bénéficier d'une juste rémunération et de considération. « Les gens n'aiment plus les paysans. Ils n'hésitent pas à jeter leur détritus dans nos champs, et ils sont toujours à nous accuser », a témoigné Martin, élève de troisième conscient des embûches qui l'attendent sur son chemin vers l'installation, et pas certain de vouloir sacrifier autant à son métier que ses aïeux avant lui. Accompagné par son ministre de l'Agriculture, le président de la République s'est voulu rassurant sur les perspectives : « Nous devons complètement revaloriser vos métiers. Depuis quinze ans, nourrir n'avait plus de valeur. On doit réhabituer tout le monde au fait que la nourriture a une valeur ». Et d'estimer d'avoir mis sur les rails avec son Gouvernement, les loi Egalim 1 et 2 qui vont dans ce sens, « en incitant les producteurs à s'organiser, à négocier avec les transformateurs, de manière à former les prix différemment pour protéger les producteurs ». Conscient que la bataille ne fait que commencer, Emmanuel Macron invite chacun à respecter les nouvelles règles, quitte à contraindre les distributeurs à respecter les prix dans un contexte de négociations commerciales qui s'annoncent déjà féroces...
1. 75 journalistes essentiellement de médias nationaux étaient accrédités pour suivre la visite présidentielle, qui s'est poursuivie le lendemain en Haute-Vienne.
Les responsables agricoles creusois reçus par Julien Denormandie
Le rendez-vous a été calé à la dernière minute mais finalement, il a bel et bien eu lieu. En début d'après-midi, les responsables agricoles départementaux parmi lesquels notamment Christian Arvis, président de la FDSEA, Thomas Saby, président des JA et Pascal Lerousseau, président de la Chambre d'agriculture se sont entretenus avec le ministre de l'Agriculture. Les échanges ont porté essentiellement sur la prédation, avec une récente attaque de loup sur un troupeau creusois ; et la loi Egalim 2. « Sur la loi Egalim 2, et la contractualisation, le ministre s'est voulu très volontariste assurant vouloir multiplier les contrôles pour faire appliquer la loi », a indiqué Christian Arvis. « Nous ce que nous demandons c'est que ces contrôles interviennent sur tous les maillons de la filière ». Le Président de la République, rejoint en fin d'entretien a indiqué vouloir « faire du revenu des agriculteurs la bataille essentielle. Cette bataille du prix, on ne la lâchera pas ».