Aller au contenu principal

« Éleveurs, retenez vos animaux pour peser sur les prix »

Malgré un bon niveau de consommation et d’export, les prix payés aux producteurs de viande bovine n’augmentent pas. Pour faire bouger les lignes, la Fédération nationale bovine a lancé un appel à la rétention d’animaux. Le point avec son secrétaire général, Cédric Mandin.

Malgré un bon niveau de consommation et d’export, les prix payés aux producteurs de viande bovine n’augmentent pas. Pour faire bouger les lignes, la Fédération nationale bovine a lancé un appel à la rétention d’animaux. Le point avec son secrétaire général, Cédric Mandin.
Malgré un bon niveau de consommation et d’export, les prix payés aux producteurs de viande bovine n’augmentent pas. Pour faire bouger les lignes, la Fédération nationale bovine a lancé un appel à la rétention d’animaux. Le point avec son secrétaire général, Cédric Mandin.
© La vendée agricole/Illustration

Un marché de la viande bovine porteur mais qui ne bénéficie pas aux éleveurs. Il y a un sentiment de déjà-vu. Comment expliquez-vous un tel décalage ?
En effet, quels que soient les indicateurs de marché analysés, ceux-ci se révèlent être au beau fixe depuis le début de l’année 2021 sur le secteur de la viande bovine. La consommation a progressé de 4 % sur le premier trimestre, portée notamment par l’engouement pour le steack haché. La réouverture des restaurants a fait du bien. Les commandes sont très bien orientées. Toutes les catégories d’animaux bénéficient de cette embellie. À l’export aussi, les clignotants sont au vert avec une progression de 6 % de la demande italienne, de 10 % du côté de l’Espagne. Il n’y a donc aucune raison qui justifie un statu quo sur les prix payés aux producteurs. C’est pourtant ce qui se passe avec des cotations qui, semaine après semaine, sont reconduites au même niveau.

Le manque d’offres devrait pourtant conduire à une augmentation des prix…
On a le sentiment que dans cette filière, qu’il y ait ou non de la marchandise, les prix restent les mêmes. C’est quand même un non-sens vis-à-vis des règles de marché, qui plus est au moment où les éleveurs doivent supporter une importante hausse des prix des matières premières. Certes, nous constatons régulièrement une avance sur les abattages, preuve que les éleveurs sont au rendez-vous de la demande, mais jusqu’à quand, car cela signifie que l’on continue à décapitaliser massivement. Ce qui se trame dès aujourd’hui, c’est l’avenir de centaines d’exploitation. Sans rentabilité économique, nous n’attirerons pas de jeunes vers l’élevage allaitant. En ne rémunérant pas les producteurs au juste prix alors que le contexte le permettrait, nous sommes tout bonnement en train d’hypothéquer l’avenir de notre secteur d’élevage.

En appelant les éleveurs à retenir leurs animaux dans la mesure du possible, vous souhaitez envoyer un signal fort à la filière ? Qu’attendez-vous des opérateurs ?
Les éleveurs de bovins viande demandent à ne plus être la variable d’ajustement dans cette filière car c’est bien l’adéquation offre-demande qui doit se traduire dans les prix payés au producteur. Face à l’absence totale de prise de conscience et de signaux concrets sur les prix, la FNB appelle les éleveurs, dans la mesure de leur capacité, à retenir en ferme, au maximum, leurs animaux, faute de revalorisation des tarifs. On sait combien cela peut être compliqué pour beaucoup, mais à ce stade et faute d’avancées suffisantes sur la loi Égalim, c’est notre seul moyen de pression.

Qu’attendez-vous de la loi Besson-Moreau en cours de discussion au Parlement, qui entend aller plus loin que la loi Égalim ?
La situation dramatique des éleveurs semble être perçue par les politiques. Reste que cela doit se traduire dans les lois, avec la prise en compte des coûts de production dans les contrats, qui soit assortie d’une sanction en cas de manquement. Nous avons poussé pas mal d’amendements dans ce sens dans le cadre de la loi Besson-Moreau. Nous espérons que les choses aboutissent favorablement pour que la filière s’extraie enfin de ce jeu de poker menteur entre abatteurs et distributeurs qui, à la fin, fait systématiquement perdre les éleveurs. Aller vers davantage de contractualisation est une piste mais qui nécessite de faire bouger tout un système.

Les plus lus

Dorine Pouderoux
Dorine Pouderoux dans le rôle d'Esmeralda dans le "Bossu de Notre-Dame"

La jeune Murataise Dorine Pouderoux interprète Esmeralda dans “Le bossu de Notre-Dame” actuellement au théâtre de la…

Groupe de jeunes gens en visite à Rungis, revêtus de blouse de protection
Devenir agriculteur : bien plus qu’une question de production...

Dix futurs installés ont suivi la formation Devenir chef d'exploitation agricole des Jeunes agriculteurs du Cantal : dix jours…

Tournée d'IA le dimanche : un accord trouvé entre la direction d'Altitude et les inséminateurs

Les tournées d'insémination pourraient reprendre le dimanche à compter du 24 novembre prochain, annonce la direction du groupe…

Revalorisation des pensions, retraite minimum à 85% du SMIC, équité des droits...Les retraités agricoles ne baissent pas les armes

Depuis l'annonce du gel de six mois de la revalorisation des retraites, les responsables de la section régionale des anciens…

David Chauve sur une estrade lors d'une manifestation agricole organisée sur la Place de Jaude à Clermont-Ferrand.
Pourquoi les agriculteurs manifestent-ils à nouveau ?

David Chauve, secrétaire général de la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes, explique qu'entre mesures conjoncturelles et structurelles…

Ville vue du ciel inondée avec de l'eau entre les maisos-ns
Cantal : il n'y a pas que le ciel qui peut nous tomber sur la tête...

Une exposition visible aux Archives départementales relate et illustre les principaux risques naturels auxquels l’État et ses…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière