Du revenu, de la reconnaissance et du respect
Alors que la campagne pour les élections aux Chambres d’agriculture se poursuit, Jeunes Agriculteurs et la FNSEA continuent les rencontres sur le terrain pour proposer leurs solutions et écouter les doléances des agriculteurs. Trois priorités se démarquent, notent les représentants des deux syndicats : un revenu décent, davantage de reconnaissance, et du respect pour leur métier trop souvent décrié dans les médias.
Entre le 3 et le 25 janvier, ce sont 98 meetings qui ont été organisés sur le terrain avec les représentants de Jeunes Agriculteurs (JA) et de la FNSEA dans le cadre de la pré-campagne puis de la campagne pour les élections aux Chambres d’agriculture. « Des déplacements pour discuter avec les agricultrices et les agriculteurs, pour écouter, entendre, et proposer », explique Samuel Vandaele, secrétaire général de JA, à l’occasion des vœux de la FNSEA et de JA, le 22 janvier. Il s’agit, pour les deux organisations, de présenter leur projet mais aussi « d’expliquer le rôle des Chambres d’agriculture », indique Jérémy Decerle, président de JA. Alors que les corps intermédiaires ont été maltraités par l’État, comme en témoigne le mouvement actuel des gilets jaunes, « nous souhaitons que l’ensemble des paysans aillent voter nombreux », poursuit Jérémy Decerle. Une forte participation nécessaire « pour que les pouvoirs publics se rendent compte de l’importance donnée aux corps intermédiaires en agriculture également ». « L’abstention est un danger pour le syndicalisme en général, à un moment où l’on a été trop souvent bafoués », insiste de son côté Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, qui poursuit : « il faut aller aux urnes pour répondre à cette volonté de dialogue impulsée par le président de la République ».
Une juste rémunération
Sur le terrain, explique de son côté Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, la question du revenu reste « sur toutes les lèvres », alors que les résultats des États généraux de l’alimentation sont toujours attendus dans les trésoreries. La présidente de la FNSEA note cependant que l’esprit des EGA semble parvenu jusqu’à certains distributeurs, comme le montre l’accord entre l’OP Danone et Leclerc, ou les dernières publicités qui soulignent l’importance de rémunérer justement les producteurs. La vigilance syndicale reste de mise, rappelle tout de même Christiane Lambert, d’autant que la guerre des prix se poursuit sur certains produits, par exemple le bio. Par ailleurs, si la FNSEA et JA se sont battus pour obtenir en décembre la promulgation de l’ordonnance sur le relèvement du SRP et l’encadrement des promotions, celle concernant les sanctions pour prix abusivement bas est toujours attendue. Enfin, la rédaction de l’ordonnance relative à la séparation du conseil et de la vente pour les produits phytosanitaires soulève toujours l’ire des professionnels agricoles, Christiane Lambert évoquant ainsi un « acharnement thérapeutique » et un « enfermement dogmatique » de la part de la DGAL. Dans la dernière version du texte, explique la présidente de la FNSEA, les représentants issus de coopératives qui vendent des produits phytosanitaires ne pourraient pas être élus aux Chambres d’agriculture.
Détermination face à l’agribashing
Autre sujet, particulièrement blessant pour les agriculteurs, celui de l’agribashing et de la mauvaise image de l’agriculture véhiculée dans les grands médias nationaux. Dernier exemple en date, l’émission Envoyé Spécial du 17 janvier sur le glyphosate : si la FNSEA, par la voix d’Éric Thirouin, a été interviewée pendant plus d’une heure, aucun extrait n’a été retenu dans l’émission, déplore Christiane Lambert qui dénonce « un parti pris préjudiciable ».
Pour Jérémy Decerle, « nous allons nous mettre en ordre de bataille correctement pour dénoncer et sanctionner juridiquement les associations » comme L214, Boucherie Abolition qui, par leurs actions, « font prendre des risques à la société », poursuit-il. « C’est un comble si on ferme les portes des exploitations françaises pour ouvrir nos portes à l’importation de produits alimentaires qui ne sont pas soumis aux mêmes normes qu’en France », soutient ainsi Christiane Lambert. Une action de communication offensive sera ainsi lancée au Salon de l’agriculture, indique-t-elle. C’est pourquoi au-delà du ministre de l’Agriculture, qui s’est positionné à plusieurs reprises sur le sujet, les pouvoirs publics doivent également prendre leurs responsabilités, estiment les professionnels agricoles qui se sentent stigmatisés, alors que le secteur multiplie les efforts pour réussir sa transition. Là aussi, un soutien financier de l’État – qui a finalement repris à son compte le Contrat de solutions mis en place par la FNSEA et ses quarante partenaires – serait le bienvenu, d’autant qu’Emmanuel Macron avait promis, au moment de son élection, un plan de 5 milliards d’euros. « Il y a de l’argent pour changer les chaudières au fioul, pour changer les voitures, pourquoi n’y aurait-il pas d’argent pour accompagner l’agriculture dans ses transitions ? » demande donc Christiane Lambert.