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Prédation
Deux attaques de loup dans le Puy-de-Dôme

Deux attaques de loup ont eu lieu à Perpezat dans le Puy-de-Dôme les nuits du 8 et 9 mai. Elles viennent s'ajouter à celle déjà recensée dans le département. 

cadavre de brebis dévoré par un loup
À Perpezat, cinq brebis ont été tuées ainsi qu'un jeune bélier de 18 mois.
© DenisRouel

Tandis que les estimations nationales de la population lupine donnent une baisse de 9% du nombre d'individus, les attaques sur les troupeaux ne semblent pas suivre la même courbe (+22% de constats et +40% de victimes, à fin avril). Les nuits du 8 et 9 mai, le Gaec des 3 Massifs à Perpezat a été prédaté non pas une mais deux fois. Quatre brebis ont été blessées, cinq ont été tuées ainsi qu'un bélier, et un autre animal est mort quelques jours plus tard « sous l'effet du choc » relate Denis Rouel, l'éleveur. Dans cet élevage de 900 brebis Rava en sélection, cette première confrontation avec la prédation surprend autant qu'elle laisse un goût amer.

Responsabilité du loup avéré

Plus de 10 jours après l'attaque, les résultats d'analyses de l'OFB ainsi que les services de la Préfecture du Puy-de-Dôme confirment la responsabilité du loup dans les attaques de Perpezat. Le Gaec des 3 Massifs sera bien sûr indemnisé mais aucune somme ne saurait couvrir ce qui a réellement été perdu, ni soulager la crainte des éleveurs. Le loup s'est servi dans deux lots distincts d'animaux : des agnelles et des brebis, toutes en lutte. Parmi les animaux tués se trouve un jeune bélier de race Île-de-France âgé de 18 mois.

Il n'avait même pas encore fait une saison » regrette Denis Rouel encore surpris par cette attaque. 

« J'avais peu de doute qu'il s'agisse d'un loup. Il faut une sacrée force dans la mâchoire pour égorger un animal de 110 kg. » Les cinq autres bêtes tuées portaient toutes les mêmes blessures à la gorge et à l'arrière-train, au-dessus de la queue. Denis Rouel et ses associés s'interrogent désormais sur les effets à longs termes de ces attaques. 

Avec le stress, nous craignons que les brebis s'avortent davantage qu'habituellement ; sans compter que nous avons un bélier en moins. »

Rien ne laissait présager qu'un tel évènement se produirait à Perpezat. Aucune attaque n'avait été signalée dans les environs et la présence du loup est passée inaperçue, du moins officiellement et concrètement. Chaque été, Denis Rouel conduit ses brebis à l'estive de la Banne d'Ordanche près de Murat-le-Quaire dans le Massif du Sancy. Là-bas, il témoigne avoir observé durant plusieurs années un troupeau de mouflons de plus d'une centaine d'individus. « Depuis l'été dernier, on ne le voit plus comme si les animaux s'étaient dispersés. Il devait rôder dans les parages. »

À lire aussi : Le coût du loup : le vrai prix des mesures de protection

Un prédateur de plus en plus présent

Le loup est-il présent dans le Puy-de-Dôme plus qu'il ne le laisse penser ? La première observation d'un loup dans le département a été réalisée le 24 février 2018 sur la commune de Chambon-sur-Lac, au col de la Croix-Saint-Robert. Entre 2019 et 2023, huit autres signalements ont conclu à des indices « retenus » (traces, observations visuelles ou photos). Jusqu'en 2021, aucune attaque n'avait été répertoriée (pour tous les constats, la responsabilité du loup a été écartée après analyse). L'année suivante en revanche 10 constats de prédation ont été relevés dont deux pour lesquels la responsabilité du loup n'a pas été écartée. Ces attaques ont engendré 13 ovins morts ou euthanasiés et 3 blessés. En 2023, le nombre de constats passe à 11 dont trois où là encore, la responsabilité du loup n’a pas été écartée. Vingt ovins sont morts et 20 autres blessés. Pour l'instant, deux attaques avec responsabilité du loup non écartée ont été relevées dont celle qu'a été victime Denis Rouel (comptabilisée une seule fois).

Les agriculteurs ont jusqu'au 31 juillet 2024 pour déposer leur demande d'aide.

Face à cette présence évidente du loup dans le département, l'arrêté préfectoral a été révisé le 10 janvier 2024 classant 68 communes puydômoises en cercle 2. Les agriculteurs concernés sont ainsi éligibles aux dépenses attachées à la mise en place de mesures de protection contre la prédation. Le reste du département est classé en cercle 3 qui ouvre droit également à plusieurs financements.

La question des chiens de protection

« La dernière fois que nous avons perdu des animaux de cette manière, c'était en 1976. C'était une attaque de chien errant. » Denis Rouel et ses associés ne nient pas être encore sous le choc de ces attaques. Pourtant, l'éleveur ne tient pas rancœur au prédateur « c'est dans sa nature de tuer des bêtes » mais plutôt à l'État et son manque de pragmatisme. 

Les agents de la DDT m'ont conseillé de prendre un deuxième patou mais qu'est-ce que ça changera j'ai une dizaine de lots d'animaux ! Je ne vais pas mettre 10 chiens ! » 

Denis Rouel est d'autant moins convaincu que son exploitation et ses animaux sont à proximité du village. Il doit régulièrement faire face à des difficultés de cohabitation entre les villageois et son premier patou. Le canidé est imposant bien qu’il s’agisse d'une femelle et comme tous ceux de sa race, elle protège ardemment le troupeau de brebis. « Elle a déjà mordu un randonneur en estive. J'ai dû aller à la gendarmerie et l'emmener trois fois chez le vétérinaire pour qu'il évalue son comportement. » Denis Rouel l'affirme tant que le statut du chien de protection et la responsabilité de l'éleveur ne seront modifiés, il hésitera à acquérir un second animal.

À lire aussi : Après deux attaques, ils revoient la conduite de leur troupeau.

 

 

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