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Détresse agricole dans les rues guérétoises

Suite à l'appel de la FDSEA et de JA 23, les agriculteurs creusois ont manifesté leur colère face aux difficultés qu'ils subissent : sécheresse, prix du carburant et loi des États Généraux de l'Alimentation.

© MR

Ce sont une soixante d'agriculteurs au visage fermé qui ont manifestés dans les rues de Guéret mercredi 10 octobre. Leurs problématiques sont nombreuses et perdurent depuis plusieurs années. Ils tenaient par cette action à rappeler que malgré les attaques et les difficultés qu'ils subissent, ils sont encore présents dans l'économie locale. Et que si leur situation ne s'arrange pas, ils disparaîtront mais ne seront pas les seuls. Avec eux, disparaîtront l'ensemble des services et emplois qui gravitent autour de leur métier.
Le convoi s'est d'abord rendu à la DDT, pour rappeler à cette administration son importance et son rôle dans le montage du dossier sécheresse qui sera transmis au CNGRA par la DRAAF d'ici fin novembre. Si le dossier est reconnu en « calamités agricoles », des aides pourront être débloquées pour les exploitations du département. Les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs du département demandent cette constitution de dossier depuis début août. Cette sécheresse est inédite car tardive.
Les agriculteurs ne veulent pas de zonage sur le département comme ils l'ont connu pour la sécheresse 2016. « On est tous dans la même galère ! Il n'y a plus d'herbe dans les champs, tout est grillé. Et nos stocks de foin sont déjà bien entamés ». Les agriculteurs n'en peuvent plus de subir des sécheresses chaque année. Ils souhaitent que les réglementations concernant les retenues d'eau soient revues. Ces types de projets ne se mettent pas en place car le coût des études varie entre 20 000 et 30 000 EUR, soit dix fois le coût de la retenue. Les trésoreries des exploitants agricoles ne permettent pas de financer ces études. Pour maintenir leur activité, ils sont nombreux à avoir fait des prêts court terme, qu'ils vont rembourser avec les aides PAC qu'ils attendent. Certains ne toucheront pas d'avance au 16 octobre car leur dossier est mis en contrôle, ce qui repousse le versement de leurs aides PAC. « On n'est pas contre les contrôles, c'est normal ! Mais réaliser les plus tôt. N'attendez pas la veille des versements. » La DDT a tenu à rappeler qu'elle avait fait remonter à plusieurs reprises, auprès des services de l'ASP, la nécessité d'avancer le calendrier des contrôles afin de ne pas retarder les paiements pour les agriculteurs. Les syndicats ont également rappelé que les contrôleurs devaient être corrects avec l'agriculteur qu'ils ont en face d'eux, certains sont à bout financièrement et moralement. « On nous parle beaucoup de bien-être animal, mais le bien-être humain où est-il ? » Michael Magnier, président des Jeunes agriculteurs souhaiterait qu'il n'y ait pas de contrôles les années difficiles comme celle-ci.

Après la DDT, la permanence du député de la Creuse
Les agriculteurs se sont ensuite dirigés vers la permanence de Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, pour lui rappeler de ne pas oublier son premier métier ! Étant absent, les agriculteurs ont été reçus par son supplément, Vincent Turpinat. La loi des États Généraux de l'Alimentation ne convient pas aux agriculteurs. Ces derniers souhaitaient que l'État soit le « gendarme ». Un médiateur n'a pas le poids pour faire plier des patrons de GMS qui pèsent des millions. « Un médiateur ne sert à rien, même le meilleur au monde, si l'une des deux parties ne veut pas trouver un accord ! » s'insurge Christian Arvis, le secrétaire général de la FDSEA 23. Pour symboliser qu'un monde séparait les politiciens des citoyens lambda comme les agriculteurs, les manifestants ont monté un mur devant la porte de la permanence du député. Tout ceci sans violence ni terreur pour les voisins locataires, quoi qu'en dise le principal intéressé, absent à ce moment.
L'action s'est terminée par un dernier arrêt à la Préfecture, où Mme Magali Debatte, préfète de la Creuse est descendue dans la rue à la rencontre des agriculteurs manifestants en leur serrant la main un à un. Elle a réaffirmé l'implication de ses services, de la DDT, avec l'aide de la Chambre d'Agriculture pour monter le meilleur dossier possible pour la reconnaissance en calamités agricoles pour la sécheresse. « L'important est de faire reconnaître entièrement notre département. L'ensemble de nos efforts sont mobilisées pour obtenir une réponse positive ». Et que son intérêt pour la gestion de la ressource en eau était fort, d'où le colloque qu'elle organiserait le lendemain à Ahun sur le sujet afin faire émerger des pistes de solutions.

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