Des risques de déserts vétérinaires d’ici cinq à dix ans
L’observatoire national démographique de la profession vétérinaire a publié un atlas démographique dressant un état des lieux de la profession sur le territoire français. Trente-huit praticiens sont recensés en Lozère, pour un cheptel agricole plus que conséquent : 149 689 bovins et 176 000 ovins et caprins.
Peut-on parler de déserts vétérinaires dans certaines zones du territoire français ? « Aujourd’hui, le maillage vétérinaire n’a jamais été pris en défaut », a rappelé Jacques Guérin, vice-président du conseil supérieur de l’ordre vétérinaire (CSOV), lors de la présentation du premier atlas démographique de la profession vétérinaire. En dressant un portrait démographique et géographique des 18 000 vétérinaires exerçant en France, ce travail a permis d’identifier les points de tensions à surveiller, pour maintenir ce maillage vétérinaire dans les territoires. Ce qui commence par faire connaître les atouts (y compris l’attrait financier) de l’exercice en milieu rural, auprès d’étudiants majoritairement issus des villes. Le gouvernement finance déjà des dispositifs, mais l’observatoire de la profession recommande d’amplifier l’attention sur les facteurs influençant l’installation et le maintien des vétérinaires dans les territoires. Cette dernière s’inquiète de l’augmentation des abandons de poste en cours de carrière. C’est avant tout l’élevage bovin qui risque d’être menacé, car le besoin de proximité est très important pour les naissances, les soins des veaux et les urgences. Si aucune attention particulière n’est portée à cette question, « on risque d’avoir des éleveurs qui arrêtent le métier », témoigne Pascal Férey, président de la FRSEA de Basse-Normandie, lui-même éleveur de bovins. Il insiste sur la nécessité de favoriser les rencontres territoriales sur ce sujet, pour anticiper les besoins des agriculteurs et renforcer les liens avec les vétérinaires. Autre problème identifié par l’ouvrage, la désertification risquant de toucher la périphérie des grandes villes où la densité animale est faible comme dans le Centre-Val-de-Loire ou le Sud-Ouest (autour de Bordeaux). Quand la densité animale autour des villes est forte, comme à Paris ou Lyon, le danger porte sur « la perte de compétence vis-à-vis des animaux de rente quand plus de 80 % de la pratique concerne les animaux de compagnie », indique Jacques Guérin. Autant de pistes de réflexion pour maintenir un maillage vétérinaire géographiquement adéquat, mais qui corresponde également aux besoins de la profession agricole.
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 9 février, numéro 1396.