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Des résultats en hausse mais une situation toujours précaire

La Commission des comptes de l’agriculture de la Nation a publié le 14 décembre les comptes de l’agriculture pour l’année 2017.

2017 s’annonce moins dramatique que 2016, mais les agriculteurs n’arrivent toujours pas à tirer un revenu digne de leur métier et souffrent de l’instabilité de leurs revenus.
2017 s’annonce moins dramatique que 2016, mais les agriculteurs n’arrivent toujours pas à tirer un revenu digne de leur métier et souffrent de l’instabilité de leurs revenus.
© HLP

Les comptes de l’agriculture pour l’année 2017 publiés le 14 décembre par la CCAN (Commission des comptes de l’agriculture de la Nation), montrent une augmentation du résultat de la branche Agricole. Cependant, cette hausse ne compense pas les effets de la crise de 2016. La CCAN anticipe une hausse de 10.6 % du résultat par rapport à 2016, mais pour la FNSEA celle-ci ne permet pas de compenser la baisse de résultat de 14,2 % que les exploitations avaient enregistré en 2016. Les chefs d’exploitation enregistrent une baisse de 27 % de leur résultat par rapport aux trois années précédentes, plus de 25 % des exploitations agricoles présentent un résultat négatif. L’emploi agricole continue également de décroître avec un nombre d'actifs en recul de 1 %.
Une partie de l’amélioration du résultat tient à une diminution des charges qui sont en retrait de 11,1 %. Du fait d’une baisse des prix (-12 %) et des volumes consommés (-7,2 %) les dépenses en engrais et amendements ont chuté de 18,3 %. L’APCA (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture) note cependant que «la stratégie de maîtrise des achats adoptée par les agriculteurs est toujours à la merci de la hausse des prix des intrants». En raison d’une remontée des prix des produits pétroliers la facture énergétique s’est alourdie en 2017 (+8,9 %)

Hausse de la valeur de la production agricole
Suite à une année 2016 «catastrophique» la CCAN annonce un redressement de la valeur de la production agricole (+2,4 %) qui ne compense pas la chute de 2016 (-6,6 %). Cet accroissement est dû à l’amélioration des volumes produits sur l’ensemble des productions agricoles. Pour la première fois, depuis 3 ans, les volumes de la production végétale s’orientent à la hausse (+4,9 % en 2017 contre -8,6 % en 2016). Le colza et le tournesol ont ainsi connu en 2017 des récoltes historiques. La suppression des quotas de betteraves a entraîné une sensible augmentation de leurs surfaces cultivées.
À l’inverse des autres productions, celle de vin est en net recul (-12 %). La valeur de la production végétale a cependant peu évolué (+0,3 %). Les prix de la production végétale sont en baisse de 4,4 %, l’essentiel de cette diminution s’explique par la baisse des prix des légumes et des pommes de terre (-40 %).
La tendance inverse a été observée dans la production animale. Sa valeur a augmenté de 5,9 % en raison d’un redressement du prix, pour la première fois en 4 ans (+7,3 %). Les prix restent cependant inférieurs à ceux de 2014.  Le prix du porc a ainsi augmenté de 6 % et celui du lait de 14 %. En raison de la crise du Fipronil, la hausse du prix des œufs s’est accélérée en fin d’année (+19 % en moyenne annuelle). Les volumes de la production animale ont, quant à eux, diminué de 1,3 %. Pour les gros bovins, on observe un retrait de 2 % des volumes par rapport à 2016. Ils ont diminué de 3 % pour les porcins.
Autre point d’inquiétude pour le monde agricole, la balance du commerce extérieur qui, si elle reste excédentaire, est en repli sur les neuf premiers mois de l’année 2017. Pour la FNSEA, ce repli est la traduction d’un manque de compétitivité de la production française et les agriculteurs ne peuvent pas compter sur les exportations pour revaloriser leurs produits.

2017, année de «rattrapage» pour le secteur agricole

L'APCA demande de la «stabilité»
À la lecture des comptes de l'agriculture de l'année 2017 parus le 14 novembre, l'APCA (chambres d'agriculture) constate, dans un communiqué, que l'agriculture subit «depuis une dizaine années [...] des variations de revenu de grande ampleur, toujours préjudiciable à la prise de décision en matière d'investissement ou d'emploi» et elle rappelle que «les agriculteurs ont besoin de stabilité !». Pour l'APCA, «il faut éviter que le revenu des agriculteurs ne joue le rôle de variable d'ajustement d'une économie agricole devenue instable». Ainsi, le sursaut constaté apparaît «bien précaire» aux yeux de l'APCA, «dans un contexte où les prix s'inscrivent dans un cycle baissier» et où «le libre-échange se généralise par la voie des accords commerciaux préférentiels, ouvrant davantage le marché européen aux productions canadiennes, ukrainiennes, demain celles du Mercosur».

«Une fausse bonne nouvelle» pour la FNSEA
Après la parution des comptes de l'agriculture, la FNSEA  alerte, dans son communiqué le 14 novembre, sur la signification de la hausse du résultat agricole en 2017, après une année catastrophique en 2016. «Une fausse bonne nouvelle» pour le syndicat qui estime que «la France, qui se remet à peine des crises qu'elle a affrontées ces deux dernières années, n'est toujours pas en mesure de renouer avec les investissements qui risquent de reculer pour la 5e année consécutive». La FNSEA fait référence aux États généraux de l'alimentation qui viennent de se conclure, pour appeler le gouvernement à faire respecter la Charte d'engagement sur la répartition de la valeur.

Les éleveurs de porcs refusent d'être «les grands gagnants»
Faisant référence à un article du Monde, qui qualifiait les éleveurs de porcs de «grands gagnants» des comptes de l'agriculture 2016 et 2017, la Fédération nationale porcine s'insurge : «Mais grands gagnants de quoi ? Du droit de vivre de leur métier enfin, après 10 ans de crise et une perte de 10 % de la production ?». La FNP rappelle que, pour bon nombre d'éleveurs «l'amélioration de la conjoncture a essentiellement permis de renflouer les pertes des années précédentes, et cela n'a pas suffi pour tous». Pour l'année 2016, la FNP met d'ailleurs en avant la forte disparité des résultats publiés, «avec des revenus encore négatifs pour une part des éleveurs de porcs», et un très fort recul de l'investissement.

Grandes cultures : des chiffres trompeurs
«Depuis 20 ans, nous n'avons jamais constaté une situation financière aussi inquiétante dans nos exploitations céréalières françaises, explique Philippe Pinta, présidentde l’AGPB (Association générale des producteurs de blé). 55 % des exploitations céréalières perdent de l'argent suite à une récolte nationale 2016 catastrophique». L'AGPB souligne que le résultat moyen après cotisations sociales de ces exploitations atteint un niveau historique de -13 000 €. «Et la récolte 2017 ne compensera pas les pertes de l'année 2016, en raison des prix toujours très bas».

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