Des prix et une Pac juste !
Obtenir « des prix agricoles fixés selon les coûts de production », et une future Pac « qui se donne l’ambition d’avoir des agriculteurs nombreux, dans tous les territoires et dans toutes les productions» telles sont les revendications des agriculteurs mobilisés le 25 mars à Clermont-Ferrand.
Obtenir « des prix agricoles fixés selon les coûts de production », et une future Pac « qui se donne l’ambition d’avoir des agriculteurs nombreux, dans tous les territoires et dans toutes les productions» telles sont les revendications des agriculteurs mobilisés le 25 mars à Clermont-Ferrand.
« Monsieur le ministre de l’Economie, comment pouvez-vous continuer à laisser quelques familles s’enrichir sans-dessus-dessous en France notamment les distributeurs en leur laissant toute la responsabilité de l’alimentation des français depuis un an. C’est un détournement d’argent qui a été fait du consommateur vers la GMS sur le dos des producteurs. 4 milliards d’euros…C’est en effet la somme qu’à engranger la grande distribution grâce à la loi Ega en moins de deux ans. Sur les 4 milliards d’euros, beaucoup ont été à la GMS, un peu à certains industriels pour partie, très peu voire pas du tout ont été dans la poche des paysans. Si la loi doit être changée, elle doit être efficace. Monsieur Macron faites-le bon choix si vous ne voulez pas devenir le fossoyeur de l’agriculture », a martelé Yannick Fialip, représentant des chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes et membre du bureau de la FNSEA.
Des aides PAC rabotées qui interrogent sur le modèle alimentaire de demain
Pour Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine, « les chiffres parlent d’eux-mêmes moins de 700 euros par mois c’est le revenu d’un producteur de viande bovine, pour avoir le plus bel élevage du monde, le plus durable, qui produit une viande de qualité. On a plus besoin d’applaudissements, on veut des actes. Comment le Gouvernement peut-il déclarer ne pas vouloir abandonner les éleveurs de bovins viande et vouloir répondre à l’urgence de leur situation en débloquant 60 millions d’euros…tout en leur retirant quelques jours plus tard 250 millions d’euros d’aides de la Pac par an ». Pour lui, si la feuille de route française de la PAC devait rester en l’état, ce serait ni plus ni moins un abandon de l’élevage. Une activité qui avec l’agriculture dans toutes ses composantes constituent pourtant le sel de la vie économique, social et environnemental des territoires. Jeudi, la mobilisation à Clermont et Lyon n’était en effet pas seulement celle d’une corporation. Les choix de la France engagent le modèle alimentaire de demain : produits naturels et de qualité versus alimentation de synthèse. La plupart des responsables professionnels en sont convaincus, à l’instar de Patrick Bénézit, président de la Copamac et secrétaire général adjoint de la FNSEA¹ : « c’est quoi le message du Gouvernement quand la proposition consiste à diviser par deux le montant des aides animales ? C’est que nous allons importer de la viande du Brésil dans des conditions qui sont toutes interdites en Europe et en France alors que nos concitoyens n’en veulent pas. C’est qu’on veut de la nourriture « Tricatel² » faite par Xavier Niel avec de la viande synthétique. Dans le pays de la gastronomie, on voudrait nous imposer ça, on est en droit de se poser des questions ». Invitant chacun et chacune à maintenir la pression, le réseau syndical a prévenu, d’autres rassemblements « y compris à Paris pourraient s’organiser si le gouvernement ne revoit pas sa copie ». En fin de manifestation, la tension est montée d’un cran avec un dépôt de fumier et un gigantesque brasier allumé devant la préfecture. Les JA particulièrement remontés par l’inertie des pouvoirs publics ont joué des coudes avec les CRS, qui n’ont pas hésité à gazer la foule de manifestants. Un rendez-vous avec le ministre de l’Agriculture a été obtenu pour la semaine prochaine.
¹Christiane Lambert, présidente de la FNSEA a annoncé, par téléphone, qu’elle soutenait l’intégralité des revendications et qu’elle était de tout cœur avec les manifestants d’Auvergne-Rhône-Alpes et grand Massif central.
²Jacques Tricatel, célèbre PDG d'une chaîne de restauration de nourriture industrielle dans le célèbre film « L’Aile ou la Cuisse » de Claude Zidi.