Des haies fourragères pour compléter l’alimentation des vaches
En Aubrac, à la fin des étés plus secs que les autres, lorsque les températures élevées et le manque d’eau ont brûlé l’herbe des parcelles, les feuilles de frênes sont traditionnellement données aux vaches pour compléter leur alimentation et retarder autant que possible l’utilisation du foin gardé pour l’hiver.
En Aubrac, à la fin des étés plus secs que les autres, lorsque les températures élevées et le manque d’eau ont brûlé l’herbe des parcelles, les feuilles de frênes sont traditionnellement données aux vaches pour compléter leur alimentation et retarder autant que possible l’utilisation du foin gardé pour l’hiver.
Le frêne est cependant menacé par la chalarose, champignon qui provoque le dépérissement des arbres et se propage rapidement. Ainsi, un programme d’action du parc destiné à favoriser la résilience des prairies de l’Aubrac possède un volet sur la recherche de solutions alternatives au frêne pour compléter l’alimentation des troupeaux en période de sécheresse.
Mercredi 18 septembre, un groupe de techniciens des parcs naturels régionaux de l’Aubrac et des Volcans d’Auvergne, du parc national des Cévennes, du Copage Lozère, de la Mission haie du Cantal et du lycée agricole de Bonnefont en Haute-Loire, ont effectué un voyage d’étude à l’Inrae de Lusignan en Nouvelle-Aquitaine. Sur ce site, une ferme laitière de 72 vaches expérimente plusieurs systèmes fourragers, notamment les feuilles d’arbres, en complémentation de leur alimentation.
Le site a déployé depuis 2014 un « trognoscope », une plantation de 52 espèces d’arbres et arbustes taillés en « trognes », c’est-à-dire étêtés pour forcer la production de branches et de feuilles à hauteur de vache. Les responsables du site évaluent, pour chaque espèce, l’appétence des feuilles pour le troupeau et leurs valeurs nutritionnelles (digestibilité, taux de matières azotées, de tanins et oligo-éléments). Ainsi que la capacité des espèces à supporter, une fois par an, une taille en trogne : 50 cm du sol, à 80 cm, ou en plesse, lorsque le tronc est entaillé et couché au sol pour créer des repousses verticales.
Les espèces préférées de ces vaches laitières se révèlent être le mûrier blanc et l’orme lutèce (résistant à la graphiose). Le premier n’est pas adapté au climat de l’Aubrac, mais l’orme pourrait être testé. La race Aubrac, plus rustique que celles élevées sur la station expérimentale de Lusignan, pourrait probablement se satisfaire d’autres essences. Parmi les plus riches et les plus digestes, on retrouve le merisier, l’aulne, le saule marsault, le châtaignier ou le tilleul. Dans le système de l’Inrae, les vaches pâturent directement, à leur hauteur, les arbres têtards. Chaque vache va donc se servir suivant ses besoins, et cela épargne à l’éleveur la taille en vert de l’arbre. Par contre, la haie doit être protégée du troupeau jusqu’en juillet, pour ne pas pénaliser sa croissance.
En pratique
Le parc souhaite expérimenter plusieurs espèces d’arbres fourragers en Aubrac pour tester leur facilité de mise en œuvre pour les éleveurs et leur appétence pour les vaches Aubrac. Si des éleveurs sont intéressés pour être accompagnés, techniquement et financièrement pour la plantation d’une haie fourragère, ils peuvent contacter Ugolin Bourbon-Denis, chargé de mission agro-environnement au parc, au 07 57 68 48 68.