Des équipes de JA renouvelées et plus incisives que jamais
Le syndicat des Jeunes agriculteurs a célébré son 60e anniversaire, rappelant que les années n’avaient pas d’emprise sur sa détermination à défendre la profession.
Les JA 15 ont un nouveau président. Depuis l’assemblée générale du jeudi 5 avril, Francis Flagel succède à Jérôme Merle. Mais le syndicat départemental des Jeunes agriculteurs du Cantal ne s’est pas contenté de présenter son nouveau bureau (voir en encadré), ni de célébrer 60 ans d’actions autour de témoignages d’anciens responsables. Il a surtout donné la parole à ses adhérents, via les très attendues “interventions des cantons”. Celles-ci se sont tenues en présence du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Les sujets liés aux futurs accords avec le Mercosur(1) sur les produits carnés, la valorisation et le cahier des charges de l’AOP cantal, ainsi que le fléau des rats taupiers, font partie des principales sources d’inquiétude.
Mercosur, un air d’AOP, rats...
Ainsi, du côté de Vic-sur-Cère, on dénonce une “agriculture qui va mal et un gouvernement qui s’en fout”. “On n’acceptera pas n’importe quoi en provenance du Mercosur, tente de rassurer le ministre. Le président a fixé un tonnage maximum en deçà de ce que l’on entend et il s’y tiendra ; de même, nous n’accepterons pas sur notre territoire des importations qui ne répondraient pas aux mêmes exigences de production que les nôtres. Autrement dit, on peut s’attendre à peu. On sera rigoureux : imaginez bien que l’objectif du gouvernement, quel qu’il soit, n’est pas de détruire son agriculture. Mais il n’est pas possible de bloquer tous les marchés”, poursuit Jacques Mézard, soulignant que les productions agricoles françaises exportent également et ont besoin d’échanges internationaux. Côté production laitière, les Jeunes agriculteurs du secteur de Champs-sur-Tarentaine/Saignes ne cachent pas leurs inquiétudes quant à l’hypothèse d’une race holstein bannie du cahier des charges des AOP. Nicolas Cussac, président du Pôle fromager AOP du Massif central, répond que “rien ne se fera sans concertation avec les producteurs”. Il précise que “les JA sont au cœur des solutions à apporter”. Il indique aussi qu’un questionnement est en cours pour comprendre ce que le consommateur attend derrière une appellation. “Mais d’ores et déjà, notre priorité est sur la qualité des fromages, avec des produits médiocres retirés du marché.” Nicolas Cussac profite de l’intervention pour souligner sa satisfaction de voir 1 500 producteurs engagés en bleu d’Auvergne, avec le département du Cantal pour première zone de collecte d’un lait enfin valorisé au même niveau. Immanquablement, le canton d’Allanche a axé son discours sur les dégâts causés par les rats taupiers, déplorant que les générations d’éleveurs se succèdent et que le fléau demeure. Les responsables de la FDGdon ont rappelé que la fédération n’était qu’un outil technique, pas politique. Toutefois, la nouvelle équipe planche par groupes de travail sur des zones pilotes, afin de tirer les conclusions suivant divers produits utilisés, dont le gaz PH3.
La loupe sur le terrain
Outre ces trois principales thématiques, développées également par d’autres cantons, certaines équipes locales ont souhaité mettre un coup de projecteur sur des thématiques spécifiques à leurs zones. Entre Maurs et Saint-Mamet, on rappelle que l’usine LFO emploie 250 personnes et que favoriser la production laitière revient aussi à sauvegarder ces emplois. À Montsalvy, la coupe est pleine, elle déborde... de sangliers. Et les Jeunes agriculteurs du canton de se plaindre d’une “réaction quasi nulle” des chasseurs. C’est pourquoi ils se tournent vers les services de l’État pour imaginer d’autres solutions, type battues administratives par exemple. Ou autoriser une stérilisation de l’espèce ! À Salers, la source d’exaspération est différente : les Jeunes agriculteurs en ont marre d’être montrés du doigt, incompris par tout un pan de la société non-agricole qui les accuse régulièrement d’être “des pollueurs, des profiteurs”... Et plus récemment pointé du doigt par les associations anti-élevage. À Aurillac, on s’inquiète de l’emprise sur les terres agricoles, ce qui a donné lieu à un débat au cours duquel les politiques présents ont rappelé l’importance de faire coexister une économie agricole et une autre économie artisanale, industrielle et marchande, pour garder un territoire vivant et attractif. À Condat, à la route RD 16 effondrée - dont les images projetées sont stupéfiantes ! - s’ajoute la grogne de la population locale qui se désole d’une déviation devenue trop étroite et mal entretenue. À Saint-Flour, les JA déguisés et raillant les élus locaux ont fait part dans un sketch de leur profond désaccord quant au choix du site retenu pour l’usine d’embouteillage de Coltines... “Qu’en pensez-vous, monsieur le ministre ?”, interrogent-ils encore costumés. En l’absence de réponse, de conclure : “Vous êtes comme nous, ça vous laisse sans voix !”
(1) Le Marché commun du Sud est composé de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay, de l’Uruguay et de la Bolivie.