Chambre d'agriculture
Des clés pour permettre aux éleveurs d’ouvrir les portes de la croissance
Les conseillers des services Développement et Références mobilisés sur les pistes et itinéraires techniques pour accroître le produit brut des élevages cantaliens.
C’est un vaste et non moins ambitieux et nécessaire chantier auquel ont décidé de s’atteler les élus de la Chambre d’agriculture dans le droit fil des orientations de cette nouvelle mandature : mobiliser les équipes des services Développement et Références sur des pistes techniques dans le cadre d’une mise en cohérence des systèmes d’exploitation au vu de nouveaux enjeux qui se sont faits jour ces dernières années, voire pour certains, ces dernier mois. “Aujourd’hui, on se dit que l’accompagnement que la Chambre d’agriculture doit poursuivre et renforcer, c’est celui qui porte sur la construction du revenu des éleveurs, avec comme volet principal, comment améliorer le produit brut”, explique Gilles Amat, élu en janvier et mandaté par le bureau consulaire pour animer un groupe de réflexion prospectif sur les systèmes d’exploitation. “Attention, ça ne veut pas dire qu’il ne se faisait rien avant, précise cet éleveur allaitant de Ségur-les-Villas. Mais si on veut y travailler davantage aujourd’hui, c’est que d’un côté, les charges connaissent une inflation forte, et, en parallèle, dans la formation du produit du travail, des évolutions sont à l’œuvre.”
S’organiser pour répondre à l’appel des abatteurs
Après l’ère des prix garantis par la Pac, puis la réforme de 1992 qui a déconnecté les revenus agricoles du marché avec l’apparition des soutiens directs, “aujourd’hui, nous sommes face à une nouvelle opportunité, estime le jeune responsable. Pour la première fois, c’est le marché qui va nous appeler avec une demande beaucoup plus forte. À nous de voir comment on est capable d’organiser collectivement l’offre et de s’organiser individuellement pour y répondre et produire au mieux”. Un appel d’air pour la production qu’il illustre avec la filière bovin viande et les sollicitations récentes et croissantes des sociétés d’abattage en manque d’animaux : “Le prix de la viande finie est à un niveau relativement plus rémunérateur, et compte tenu des fluctuations que connaît le marché du maigre, comme celle qu’on a vécue cet automne, il est important de réfléchir à cette structuration de l’offre au travers de l’engraissement, estime Gilles Amat. On a les données pour dire que ça peut permettre d’améliorer les marges brutes des exploitations.”
Des marges démontrées
Le responsable professionnel en est intimement convaincu : la ferme Cantal est armée aujourd’hui pour franchir cette nouvelle étape : “Il y a quelques années, on faisait des animaux de 300 kg, on les a repoussés jusqu’à plus de 400 kg pour répondre au besoin du marché, et d’après les expérimentations qui ont été faites, il y a la possibilité d’aller vers du broutard salers alourdi à environ 500 kg vif. L’étape la plus difficile, celle du sevrage, est derrière nous.” N’empêche, il va falloir en convaincre les éleveurs qui, à chaque livraison d’aliment, voient s’alourdir... la facture. Des réticences que les équipes de la Chambre d’agriculture ont devancées en identifiant des itinéraires techniques, en s’associant à des expérimentations comme celle conduite avec le groupe Altitude de 2009 à 2012 sur la valorisation des jeunes mâles salers : “Ce test a montré qu’on peut atteindre une marge de 214 € par animal (292 € en 2012) et plus récemment, les tests avec SVA sur du broutard primeur ont conclu à une marge plus importante encore...”, fait valoir Gilles Amat, mettant en avant les cycles courts de ces différentes démarches sans occulter néanmoins les questions liées au logement, à la sélection, l’alimentation des animaux, le financement... Autant d’arguments qui seront développés à l’occasion d’une série de réunions de terrain (lire ci-contre) autour de témoignages : ceux d’éleveurs engagés dans une démarche d’engraissement (JB primeur, babynette..), et ceux d’éleveurs qui s’interrogent sur la pertinence de se lancer. Une première phase de vulgarisation, co-construite avec les GVA(1), qui s’accompagnera d’une communication régulière, dans les pages de l’Union du Cantal, autour de références, d’itinéraires techniques “de façon à les rendre les plus accessibles possible”. “C’est bien sur ce volet que la Chambre a tout son rôle à jouer, relève l’élu : à partir des références établies, de son expertise, elle peut définir ce qu’on peut faire sur une exploitation donnée et conseiller au mieux l’éleveur.” Décliné de façon sectorielle, en commençant par la production viande bovine donc, ce chantier va en parallèle se pencher sur l’autonomie fourragère des exploitations.
(1) Groupement de vulgarisation agricole.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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