Démographie : pour l'effet post-confinement, il faudra encore attendre...
L'Insee a rendu publiques les populations légales de 2018, effectives au 1er janvier 2021. Entre 2013 et 2018, le Cantal a continué à perdre des habitants, malgré une réelle attractivité.
Publiées fin 2020, effectives au 1er janvier 2021, les populations légales millésimées de 2018 n'ont pas échappé à la sale année qui vient de s'écouler : pas d'embellie en effet sur le front de la démographie cantalienne, toujours plombée par un solde naturel désespérément négatif sur la période 2013-2018. Ce déficit entre décès et naissances, lié à une pyramide des âges défavorable, s'est même creusé avec une variation annuelle moyenne de - 0,6 % contre
- 0,4 % sur la période précédente
étudiée par l'Insee (2008-2013).
Entre 2013 et 2018, le gain annuel d'habitants lié au flux migratoire a atteint 0,3 % , mieux que sur la période précédente (+ 0,2 %). Aussi, même si les efforts redoublés du Département et des forces vives du Cantal portent leurs fruits en matière d'attractivité, ils demeurent insuffisants pour compenser l'érosion démographique naturelle. Au final, le Cantal compte donc 144 765 habitants, soit 2 270 de perdus en cinq ans (- 454 en moyenne chaque année) et demeure avec l'Allier l'un des deux seuls à voir sa population refluer dans la grande région qui frôle, au 1er janvier 2018, les 8 millions d'habitants.
Auvergne-Rhône-Alpes continue sa progression démographique en gagnant près de 237 000 habitants, elle représente plus de 12,3 % de la population hexagonale qui s'établit à
64,88 millions d'habitants. Mais cette dynamique régionale tend à ralentir légèrement, à l'instar de la plupart des régions métropolitaines, constate l'Insee. Pour autant, Aura "conserve la quatrième plus forte évolution métropolitaine, grâce notamment au dynamisme de ces territoires", souligne l'institut de la statistique.
Plus d'une commune sur deux perd des habitants
Sur les 246 communes que compte le Cantal, une majorité (136, soit 55,3 %) voient leur population reculer dont 13 avec un déficit démographique annuel supérieur à 2,5 %. Des territoires sont plus particulièrement soumis à cette déprise : notamment dans l'ancien canton de Massiac et le Cézallier (avec les communes de Lugarde, Vèze (- 3,6 %/an), Auriac- l'Église (- 3,1 %/an), Molèdes, La Chapelle-Laurent (- 4,2 %), mais aussi, plus à l'Est, Chazelle, la Margeride avec Chaliers (- 3,3 %/an), Clavières, Lorcières, Val d'Arcomie tandis que l'ancien chef lieu de canton Ruynes-en- Margeride affiche une dynamique positive avec 74 habitants gagnés en cinq ans.
L'Aubrac et le Caldaguès ne sont pas épargnés : Saint-Urcize perd 102 âmes, Chaudes-Aigues voit son déficit démographique s'aggraver tandis qu'Espinasse, Saint-Martial ou encore Saint-Rémy-de-Chaudes-Aigues tirent leur épingle du jeu sur la période. Évolutions défavorables également pour le Pierrefortais et le territoire de Hautes Terres : quasiment toutes les communes bordant l'axe de la RN122 (de Massiac à Aurillac) accusent un net recul : - 78 habitants pour Neussargues en Pinatelle, - 160 pour Murat, - 135 pour Vic-sur-Cère, idem pour Laveissière, Saint-Jacques-des-Blats, Thiézac. On relève cependant quelques poches de résistance : autour de Murat avec Albepierre-Bredons, La Chapelle d'Alagnon,...
La ville à la campagne continue de séduire
L'extension de la couronne sanfloraine (Roffiac, Saint-Georges, Andelat...) continue de se faire aux détriments de la sous-préfecture qui perd 261 habitants. Un phénomène pareillement à l'oeuvre, de façon plus marquée, pour Aurillac dont la population régresse de 1 041 habitants entre 2013 et 2018, mais à un rythme moins soutenu que sur la période précédente. La quasi intégralité des communes périphériques de la cité géraldienne profite de la situation : tout particulièrement Ytrac qui progresse encore de 252 habitants (soit 4 315 habitants, loin devant Mauriac), Naucelles (+ 123), Crandelles (+ 85), Vézac (+ 40), Polminhac (+ 45)... La croissance enregistrée par Arpajon-sur-Cère (troisième commune du département avec 6 245 habitants) se tasse en revanche avec une variation annuelle de seulement 0,1 % contre + 0,8 % entre 2008 et 2013.
Le coeur de la Châtaigneraie cantalienne et le nord du Veinazès sont aussi concernés par ce regain démographique, certes avec des progressions contenues ne dépassant pas + 2 % par an : c'est le cas de Marcolès, Vitrac, Lacapelle-del-Fraïsse, Roannes-Saint-Mary (+ 50 hbts), Prunet (+ 52), Boisset, Cayrols. Tandis que Parlan (+ 70) comme Quézac font partie des rares communes cantaliennes à bénéficier d'une hausse annuelle de plus de 2 %. A contrario, la bordure sud-ouest, frontalière du Lot et de l'Aveyron, accuse un nouveau recul (88 habitants de moins à Puycapel...).
Sur l'arrondissement de Mauriac, dont la sous-préfecture perd encore 168 habitants (- 0,9 %/an), Riom-ès-Montagnes est fortement impactée par la déprise démographique avec un solde annuel négatif de - 1,8 % (- 242 hts). Situation plus contrastée en pays Gentiane, sur l'Artense, l'Est du Cézallier dont certains communes attirent de nouveaux administrés.
Une attractivité que la crise du Covid et les confinements successifs pourraient éclairer d'un nouveau jour : pour s'assurer que le cadre de vie et la dynamique cantaliennes ont aimanté des populations urbaines en quête de grands espaces, il faudra patienter encore trois ans... avec en perspective l'objectif fixé par le Conseil départemental : renouer avec les 150 000 habitants.
Évolutions des populations légales des communes du Cantal entre 2013 et 2018. Source : Insee Auvergne-Rhône-Alpes.