Daniel Couderc, secrétaire de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine : "L’année 2022 s’annonce cruciale pour l’agriculture"
En pleine période de négociations commerciales et alors que la loi Egalim 2 est entrée en vigueur au
1er janvier 2022, l’annonce de Michel-Edouard Leclerc sur la baguette à 29cts d’euros est un pavé dans la mare de l’agriculture qui fait face à des prix toujours bas et à des charges toujours plus importantes. Daniel Couderc, secrétaire de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine fait le point sur la question.
La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert s’est exprimée à plusieurs reprises dans les médias suite à l’annonce de Michel-Édouard Leclerc. Quel est votre sentiment sur cette annonce ?
Daniel Couderc : Au sortir de la seconde guerre mondiale, les consommateurs consacraient en moyenne 40 % de leur budget à l’alimentation. Aujourd’hui, cette part n’est plus que de
14 %. D’autre part, sur 100 € de denrées alimentaires achetées aujourd’hui, seuls 6 € reviennent à l’agriculture. On ne peut pas continuer à tirer les prix vers le bas en « essorant » les producteurs. Il faut comprendre que l’alimentation a un coût. À terme, avec des stratégies telles que celle de Leclerc, nous allons aboutir à une délocalisation de l’alimentation française et de l’agriculture française.
La loi Egalim 2 qui vient d’entrer en application va-t-elle faire avancer les choses ?
D.C : Avec la mise en place d’Egalim 2, c’est la seconde fois que le gouvernement révise la loi. C’est une grande avancée pour les agriculteurs car cette loi renforce la sécurisation du prix. Avec l’intégration des coûts de production et la contractualisation à moyen et long terme, le producteur est acteur de la création du prix. On construit désormais le prix en marche avant et c’est inédit. En outre, une fois les prix des matières premières agricoles définis, ils deviennent non négociables par les transformateurs et distributeurs. Ces mesures sont obligatoires depuis le premier janvier, notamment en viande bovine. Les agriculteurs doivent s’emparer des Egalim et contractualiser dès maintenant avec les premiers acheteurs.
Nous sommes à quelques mois des présidentielles. La FNSEA établi une liste de propositions à destination des candidats. Quel message porte-t-elle ?
D.C : Les sujets qui nous concernent et nous préoccupent sont nombreux : la gestion de l’eau, les produits phytosanitaires, le bien-être animal, les zones de non-traitement, etc. Toutes ces normes, qu’elles soient sociales, environnementales, sanitaires ne sont acceptables qu’à la condition d’être les mêmes dans tous les pays européens. Les produits d’importation doivent également être soumis aux mêmes normes que ceux que nous produisons en France et en Europe (clauses miroir). Nous ne voulons plus de surenchère administrative, les candidats à la présidentielle doivent l’entendre.
FNSEA : les propositions aux candidats à la présidentielle
La FNSEA a interpellé les candidats à la présidentielle via une liste de propositions. Avec celle-ci, déclinée sous forme de six grandes thématiques, la FNSEA établit un vrai manifeste « pour une agriculture durable, productive, rémunératrice et attractive ».
Les thèmes :
- Créer les conditions d’une croissance agricole durable en Europe
- Défendre l’acte de production en agriculture
- Rémunérer les femmes et les hommes qui s’engagent en agriculture
- Soutenir l’action des agriculteurs dans la transition agroécologique
- Permettre à tous une alimentation française et de qualité
- Donner envie de bâtir les projets en agriculture