CULTURE. Légumineuse rime avec moissonneuse...
De tout temps, l'agriculture a cherché à enrichir les sols par l'apport de déjections animales, l'épandage de marne mais aussi par la mise en place de culture de légumineuses enrichissant le sol en azote. En France à la fin des années 1960, près de 1.5 millions d'hectares étaient consacrés à la culture de la luzerne, aujourd'hui, c'est environ 350 000 hectares ! Cette baisse drastique et volontaire à fortement rendu les éleveurs dépendants des achats de protéines. Mais il est tout à fait possible de retrouver une indépendance azotée alimentaire en élevage grâce à la production de légumineuses. De plus, on observe en Corrèze, que les élevages disposant de 10 à 15% de leurs surfaces fourragères en luzerne sont aussi autonomes en fourrage et ce, quel que soit la météo. Les essais le montrent, un hectare de luzerne ou trèfle violet fixe jusqu'à 300 kg d'azote par hectare et par an (RASMUSSEN et al., 2012).
Des trèfles mais pas qu'à 4 feuilles
La luzerne est une plante exigeante dans le choix de la parcelle à lui consacrer. Sol sain (sans stagnation d'eau), relativement profond pour doper son potentiel et avec des apports calcaires réguliers et en quantité suffisante. Il est recommandé d'épandre l'équivalent de 1 tonne de carbonate par hectare et par an (ou 3 tonnes de marne tous les 3 ans en régime de croisière). 20 tonnes de fumier fourniront une base de phosphore et potasse et un complément pourra être nécessaire suivant les résultats de l'analyse de sol.
En termes de légumineuses, il ne faut pas oublier les trèfles et particulièrement les trèfles violets qui supportent mieux l'acidité de nos parcelles. En plus, comparé à une luzerne dont la valeur énergétique avoisine les 0.7 UF, les trèfles violets permettent d'avoir des valeurs énergétiques proche des 0.9 UF. Les lotiers sont eux aussi capables d'apporter de l'azote et d'explorer des horizons profonds grâce à leur système racinaire puissant et chose importante, ils ne sont pas météorisant pour les animaux.
Du calcaire, de la potasse et du soufre
Si les légumineuses peuvent par la symbiose prélever l'azote de l'air, il est indispensable de leur fournir les éléments majeurs comme la potasse (25 unités par tonne de matière sèche prélevée) et du soufre (indispensable à la synthèse des protéines, composant des acides aminés...). Ce soufre est apporté en partie par les fumiers (1 à 3 kg par tonne) mais peut être complémenté par des apports de gypse (30% de CaO et 38% de Soufre). Il ne faut pas oublier la lumière qui permet aux légumineuses de se développer. Cette année 2022 où les apports d'azote ont été moins élevés, on note une part de légumineuse plus importante dans les couverts. (l'azote favorise la croissance des graminées au détriment des légumineuses)
Pour avoir de belles légumineuses, il faut en semer...
Moissonneuse rime avec légumineuse, c'est pourquoi il peut être intéressant de prévoir en cette année 2022 de moissonner une parcelle de RGH-trèfle violet en 2ème ou 3ème exploitations. La luzerne, elle aussi peut être récoltée pour de la graine mais en veillant au choix de la parcelle. Parcelle « propre » sans adventices, parcelle homogène et facilement accessible avec la barre de coupe. (Pour les luzernes il faut éliminer les parcelles à cuscutes (Cf site Chambre agriculture Corrèze)).
Afin de favoriser la production de graines, une fertilisation à base de phosphore et potasse est recommandée (20 de P2O5 et 40 de K2O). La récolte de graine varie de 300 à 500 kg/ha et permet donc de ressemer 10 à 30 ha : A vos moissonneuses....
Article réalisé dans le cadre du PRDA avec le soutien du Conseil Régional et de l'Europe.