Congrès FDSEA : Le réseau FDSEA/FNSEA se mobilise autour du «manger français»
Produire français pour manger français, voilà le message que la FDSEA, comme la FNSEA, ont fait passer lors du rapport d'orientation.
Dans le sillon tracé par la FNSEA, l'équipe départementale s'est intéressée, dans son rapport d'orientation, au «produire français pour manger français». Partant du contexte de la consommation en France, les 3 rapporteurs, Thierry Cubizolles, Claire Souveton et Maurice Imbert, ont souligné que la part de l'alimentation dans le budget des ménages diminue, que les inégalités alimentaires subsistent et que les consommateurs privilégient les produits tranformés et les repas pris à l'extérieur. Pourtant, on note que le modèle français de consommation résiste, que le «consommer local» et le besoin de transparence sur l'origine des produits se développent et qu'il y a un fort potentiel de la restauration hors foyer qui reste à exploiter. Mais on doit par ailleurs faire face à des paradoxes et des freins. On relève des incohérences importantes entre les discours et les actes : la filière agricole française affiche un manque de compétitivité, la grande distribution impose ses prix et les producteurs français ont du mal à emporter les marchés face aux produits d'importation, et des attaques incessantes sur les produits et les méthodes de productions discréditent la profession et les produits.
Des opportunités à saisir
Alors, dans ce contexte difficile, le syndicalisme veut néanmoins saisir les oportunités qui se présentent et lever les freins. Il faut d'abord agir auprès des pouvoirs publics pour que «les agriculteurs puissent produire». Et pour cela, la FDSEA comme la FNSEA disent : «STOP aux contraintes». rappelant que la filière agricole française représente 3,5 millions d'actifs, soit près de 14 % de l'emploi en France (près de 10 % en Haute-Loire), Thierry Cubizolles insiste «c'est d'économie, de création de richesses, d'innovation, d'investissements que le pays a besoin, pas d'écologie dogmatique ou de décroissance», applaudi par la salle.
Les agriculteurs veulent, par aileurs, promouvoir l'origine France des produits agricoles et même pour ce qui est de notre département, promouvoir les produits locaux aussi souvent que cela est possible. Pour cela, la FDSEA va contrôler les différents lieux de restauration collective et interpeller les responsbales de ces cantines ainsi que les élus locaux pour les sensibiliser et les inciter à choisir des produits de Haute-Loire ou des régions limitrophes.
De même, ils veulent mener des actions auprès des GMS, pour positionner les produits locaux, soulignant au passage que «plusieurs enseignes jouent assez bien le jeu». Enfin, ils veulent aussi agir auprès des consommateurs en direct en communiquant mieux et plus sur le métier et les produits de Haute-Loire, en continuant à développer des filières locales, en incitant le consommateur à être éxigeant sur la transparence quant à l'origine des produits, en rencontrant les parents d'élèves par exemple pour les sensibiliser à ce que mangent leurs enfants à l'école... Et cette liste est encore longue.
Mobilisation de tous
La FDSEA, dans ce rapport d'orientation, a tracé quelques lignes sur lesquelles elle souhaite travailler, et elle invite l'ensemble de ses adhérents à se mobiliser pour passer ce message dans leur commune.
Yannick Fialip propose aux syndicats locaux de réunir les élus, les collectivités locales et les acteurs économiques pour trouver ensemble des solutions pour introduire davantage de produits locaux dans les cantines ou lieux de restauration collective.
Jérôme Volle, invite aussi les agriculteurs à y croire et à porter le message autour d'eux. Mais il reconnaît que le frein aujourd'hui reste le prix puisque «dans la restauration collective on travaille par appel d'offres, et que c'est le moins-disant qui emporte le marché». Il faut donc, selon lui, une «volonté politique affirmée du manger français». Et de faire un rapide calcul. Pour un repas qui revient en moyenne à 8 EUR, on compte 2 EUR seulement pour le produit, 2 EUR pour les investissements, 2 EUR pour l'administratif ou les services, et 2 EUR pour les emplois. Alors avec un tout petit effort, on pourrait passer le coût des produits à 2,15 EUR et on gagnerait en terme d'emplois, d'activités, de pérennité des outils
de transformation, d'indépendance... pour seulement 15 cts d'euros. Aujourd'hui, «il y a la volonté professionnelle. À nous de tout faire pour qu'il y ait la volonté politique...» insiste-t-il.
À chacun d'agir
Dans la salle quelques réactions vont également dans ce sens. Gilbert Guignand invite les adhérents FDSEA à travailler dans le cadre des associations de parents d'élèves pour aller convaincre les économes et les cuisiniers à préférer des produits locaux pour les repas de leurs enfants. Et pour absorber le coût supplémentaire, il propose de veiller au gaspillage bien trop important dans les cantines.
Christian Gouy investi dans l'école de ses enfants souligne que «si 1 ou 2 écolos arrivent à faire entendre leur voix dans les associations, pourquoi pas nous...», relayant ainsi le message FDSEA et FNSEA pour que chacun se sente concerné dans son secteur auprès des instances décisionnelles locales.
Jérôme Volle ajoute qu'il faut aussi demander au conseil départemental d'influer dans ce sens puisque c'est lui qui a en charge ce domaine, notamment pour les collèges.
Le message est simple et clair : «Acheter et manger français, oui, est devenu un acte citoyen, et il faut en convaincre les consommateurs. C'est faire vivre, et donc garder dans nos territoires ruraux de montagne des agriculteurs nombreux, et donc de l'économie, de l'emploi, de la vie sociale... et des paysages ouverts. C'est aussi avoir la garantie de la traçabilité et de la qualité des produits consommés».
Suzanne Marion