CONCOURS. Préparation pour le National Salers : 4 générations de passionnés
La famille Fourtet, avec Victor le fils repreneur de l'exploitation, Yves le père et Marie-Claude la mère représentent le GAEC Yves Fourtet & Cie, pour participer aux concours Salers.
J'ai rencontré Victor Fourtet, jeune éleveur installé en 2013 avec ses parents, Marie-Claude et Yves, tombé dans la marmite de l'élevage quand il était petit, à la tête d'un cheptel 100% Salers. La ferme dispose de 180 ha dont une petite dizaine d'ha cultivés dans lesquelles on retrouve de la luzerne, des céréales, des protéagineux, du méteil... Ainsi la ferme est en autonomie alimentaire pour nourrir 80 vaches allaitantes, 20 génisses en renouvellement chaque année, dont le vêlage est programmé à 3 ans, et une dizaine de taureaux.
Une ferme ancestrale
Victor est issu de la 4e génération d'éleveur, son arrière-grand-père a acheté les terres au début de 20e siècle, et son grand-père a été le premier à exporter la race en dehors du pays, notamment au Canada et au Portugal. Cette passion, Victor en est fier, et comme il le dit lui-même, « la fierté n'est pas de l'orgueil, c'est plutôt être content du travail qui est fait ». Et le travail est reconnu, au vu des nombreuses récompenses accrochées aux murs. Ce travail de longue haleine est également un héritage familial qui se peaufine de générations en générations.
Une préparation qui se fait en amont
« Concourir permet de se comparer aux autres, de voir des élevages qui progressent, de monter en niveau, de partager avec les autres éleveurs, et de tirer la race Salers vers le haut » explique Yves Fourtet avec son expérience d'éleveur aguerri. Bien entendu, c'est lors de l'accouplement et le choix des reproducteurs qui font les bonnes bases pour un animal de qualité que beaucoup de choses se jouent. « Ainsi les accouplements se font au sein de la ferme avec les propres taureaux de l'exploitation, mais aussi, pour éviter une consanguinité gênante, nous faisons de l'insémination artificielle en achetant auprès des stations » précise Victor. Le développement musculaire, son squelette, ses qualités de race et la valeur laitière sont à prendre en compte. Cependant, la génétique ne fait pas tout, et le dressage sur les animaux les plus dociles est fondamental. Ainsi, les veaux sont repérés et sélectionnés un an avant les concours, pour être dressés.
Un dressage et une alimentation raisonnée
Les deux derniers mois, « nous n'apportons pas de compléments avant le sevrage : le secret, c'est de ne pas pousser les animaux, de veiller à leur bien être toute l'année, pour obtenir un bon état corporel. Une vache préparée comme cela peut durer des années » nous confie Yves Fourtet. Les veaux sont attachés avec un collier au moins trois fois quand ils pèsent entre 80 et 100 kg, pendant l'hiver : c'est un moyen de vérifier leur caractère et de modifier le cas échéant le dressage. Cette année, le dressage est un peu plus intensif après deux ans sans le moindre concours. Dès la sortie de l'hiver, les animaux sont triés, puis après sevrage, et après la fenaison, la préparation commence, avec une alimentation à base de foin, quelques compléments, du regain. Dans l'étable, la radio diffuse la musique et les émissions pour que les vaches s'habituent au bruit. Le brossage aussi, dispensé par Yves est très important, et c'est ce qui permet de présenter la vache dans de bonnes conditions.
« Pour le concours National, nous emmenons 16 animaux, dont 9 qui sont déjà sortis en concours, c'est le même nombre d'animaux que nous avions amené au départemental Salers qui a eu lieu à Rilhac-Xaintrie. Les vaches sont en robe de mariée si l'on peut dire, ce ne sont pas des animaux de boucherie avec un surplus de muscle. Non. Elles sont bien préparées, belle à voir. Le concours, c'est un concours de Miss, pas d'animaux de boucherie ! » concluent Victor et Yves collégialement.
Véronique Legras