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SANITAIRE
Comment réagir face à la MHE ?

La maladie hémorragique épizootique (MHE) a fait son apparition en France à l'automne 2023. Le Puy-de-Dôme ne recense aucun cas à ce jour mais plusieurs mesures préventives sont en cours.

Une vache avec des mouches
L'identification précoce de la maladie peut permettre d'éviter une dégradation trop rapide de l'état de santé de l'animal.
© V. Philis

Découvert en 1955 aux États-Unis, le virus de la MHE s'est étendu rapidement à l'Asie et l'Afrique avant d'atteindre l'Europe par l'Italie, la Sardaigne et l'Espagne en 2022. Les premiers cas en France remontent à l'automne 2023 dans les Hautes-Pyrénées où les éleveurs et les vétérinaires ont essuyé le manque d'informations sur cette « maladie typique du changement climatique ». Depuis, elle a gagné du terrain et des foyers ont été recensés en Creuse et Corrèze. 239 communes puydomoises sont classées en zone régulée encadrant le mouvement des animaux. Bien qu'aucun cas clinique n'ait encore été déclaré dans le Puy-de-Dôme, le GDS 63 s'inquiète du retour des températures élevées et de l'humidité ambiante, favorables au développement des culicoïdes (moucherons) vecteurs du virus de la MHE (et de la FCO). La semaine dernière, le groupement de défense sanitaire a organisé un webinaire pour sensibiliser les éleveurs à la maladie.

 

Culicoïdes, vecteur de la MHE et FCO

 

La MHE est une maladie en lien avec le réchauffement du climat.» - Amélie Vandaele du GDS 63

Amélie Vandaele du GDS 63 est formelle : « la MHE est une maladie en lien avec le réchauffement du climat ». Le virus est en effet véhiculé par les culicoïdes, ou mouches des sables, des insectes diptères piqueurs et suceurs de sang. L'humidité et les températures élevées sont favorables à leur développement. « Leur activité est bien moindre voire nulle en hiver. » La météo de ces dernières semaines pourrait-elle donc provoquer une recrudescence de la MHE ?

 

4 310 foyers MHE en France

Pas sûr selon Amélie Vandaele. « Il faut mettre en lien le temps de reproduction des culicoïdes (40 j). De plus, les moucherons doivent être porteurs de la maladie pour avoir une recrudescence de MHE. C'est donc possible mais cela risque de ne pas être instantané. » Jean-Marie Ferraton, vétérinaire et président du GTV 63 (groupement technique vétérinaire) modère un peu plus le propos. 

Nous n'avons aucune donnée sur ce qui va se produire dans les mois et semaines à venir. Le mieux que nous ayons à faire est de se préparer à identifier la maladie le plus précocement possible. » - Jean-Marie Ferraton, GTV 63

Depuis les derniers foyers déclarés dans les départements limitrophes en décembre dernier, aucun autre cas n'a été recensé. Au 30 mai, la France comptait toutefois 4 310 foyers de MHE.

 

Identifier précocement la maladie

Du fait de sa méthode de propagation, le développement de la MHE est corrélé à celui de la FCO. Les symptômes cliniques de la MHE sont similaires à ceux de la fièvre catarrhale complexifiant l'identification. « Plus elle est prise tôt, mieux nous pouvons en ralentir l'évolution » précise le vétérinaire. Au départ, l'animal contaminé présente de la fièvre et une position prostrée. « Rien de très marquant. Il est possible de passer à côté. » Dans un second temps, les symptômes sont bien plus identifiables : « atteinte des muqueuses, congestion du mufle, des yeux et de la bouche ». Rapidement, le bovin développera des lésions « très douloureuses » qui vont engendrer « des difficultés à déglutir, une production excessive de bave, des difficultés à s'alimenter et à boire ».

Il n'y a pas de traitement à viser MHE.» - Jean-Marie Ferraton, GTV 63

L'animal entre alors dans une phase fébrile qu'il est vital d'identifier immédiatement. « Il n'y a pas de traitement à viser MHE. Les médicaments dont nous disposons vont traiter les symptômes. Il faut gérer l'état inflammatoire de la vache le plus tôt possible pour éviter les lésions. Nous allons aussi pouvoir complémenter en minéraux pour booster le système immunitaire. » L'éleveur devra surveiller l'animal atteint pour veiller à son hydratation « évitez les abreuvoirs avec des pompes, les animaux avec des lésions ne pourront pas appuyer dessus ». Jean-Michel Ferraton préconise également la distribution de fourrages facile à ingérer. Dans certains cas, le vétérinaire peut être amené à prescrire des antibiotiques pour éviter la surinfection « ce n'est pas systématique, c'est au cas par cas ».

 

Peut-on prévenir la MHE ?

À ce jour, hormis les mesures en place pour la régulation de la circulation des animaux, « il n'existe pas de moyens préventifs spécifiques MHE ». Jean-Marie Ferraton appelle les éleveurs à être attentifs aux zones d'eaux stagnantes à proximité des fourrages ou des zones de pâtures. « Ces zones humides permettent le développement larvaire des culicoïdes. »

Attention aux zones humides !

La désinsectisation des bovins durant la période de pâturage se révèle « plus ou moins efficace selon la météo (...) la pluie rince le produit ». Le vétérinaire recommande de désinsectiser en priorité les animaux malades. « Nous sommes malheureusement peu armés contre les culicoïdes. La vigilance doit surtout être portée sur les premiers symptômes. »

 

Lire aussi -> GDS - Sanitaire : les efforts paient

 

Zone régulée, zone indemne... 
Comment circulent les animaux ?

Dans le Puy-de-Dôme, 366 communes sont classées en zone régulée, suite à la découverte de cas en Creuse et Haute-Vienne, sur la fin 2023. La zone régulée est stable depuis le 15 décembre dernier.

Les animaux peuvent circuler depuis une zone régulée vers une zone indemne. Pour les bovins de plus de 70 jours : absence de signe clinique de MHE ; réalisation d’une désinsectisation du ou des animaux et des moyens de transport ; au moins 14 jours après, réalisation d’un prélèvement sanguin en vue d’une analyse PCR MHE. En cas de résultat d’analyse favorable à la PCR MHE, le ou les animaux peuvent être transportés, dans un délai maximal de 14 jours après le prélèvement.

L’ensemble des justificatifs correspondants (attestation de désinsectisation et rapport d’analyse de la PCR MHE) devra être joint aux documents sanitaires (cartes vertes). Sans l’intégralité des justificatifs demandés, le GDS ne pourra pas rééditer les cartes vertes correspondantes et en informera la DDPP.

Pour toutes les autres situations :

- Au sein d’une zone indemne : pas de restriction particulière,

- Depuis une zone indemne vers une zone réglementée : pas de restriction particulière,

- Au sein d’une zone réglementée : pas de restriction particulière.

Dans le cas particulier des veaux ou tout autre animal de moins de 70 jours : ils sont autorisés à sortir d’une exploitation en zone régulée pour aller vers un établissement d’engraissement (bâtiment fermé) situé en zone indemne avec les conditions suivantes :

- L’ensemble des animaux du troupeau ne présentent pas de signes cliniques le jour du départ.

- Les animaux et les moyens de transport sont désinsectisés avant la sortie de zone non indemne de MHE.

- Les animaux peuvent être allotés uniquement dans un centre de rassemblement situé en ZR.

- Les animaux sont destinés uniquement à l’abattage sur le territoire national après une période d’engraissement en bâtiments fermés et protégés contre les vecteurs.

- Le bâtiment de destination a été désinsectisé avant l’arrivée des animaux.

À l'export, le classement en zone régulée a pour conséquence que les mouvements d’animaux (bovins, ovins, caprins, camélidés) issus de la zone régulée, ne sont plus possibles à destination d’un autre État membre de l’Union Européenne. Certaines destinations vers les pays tiers font également l’objet de restrictions. Cependant, des dérogations ont été accordées pour des envois d’animaux à destination de l’Espagne et de l’Italie.

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