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Comment l'EPL d'Aurillac ambitionne de contourner le tsunami démographique ?

Taux de réussite aux examens, recrutement... : tous les indicateurs au vert pour l’EPL d’Aurillac (qui regroupe le lycée agricole, le CFA, le CFPPA et l’Énilv) en cette rentrée avec en ligne de mire le projet PME2I sur la microbiologie pour préparer l’avenir. 

Quatre personnes, une femme et trois hommes marchant de face devant un lycée
De gauche à droite : Claire Dupont-Beaudrey, Pierre Monier, Éric Cazassus et Vincent Valadier.
© Patricia Olivieri

Ce lundi, ce sont quelque 352 élèves qui ont fait leur rentrée au lycée Pompidou d’Aurillac qui, pour le secondaire, affiche un très bon taux de remplissage dans les standards des années précédentes, soit 86 %. Mais l’un des faits marquants de cette rentrée, c’est la progression affichée dans le recrutement des formations post-Bac avec une hausse de 8 % des effectifs (123 étudiants, dont 60 % ne sont pas Cantaliens et 40 % viennent de l’extérieur de la région Aura) et ce sans ouverture de nouvelles sessions. “C’est notamment le cas en BTS Acse où on a plus que doublé les effectifs”, se félicite Éric Cazassus, directeur de l’EPLEFPA, pôle d’enseignement qui regroupe le lycée agricole, le CFA, le CFPPA et l’Énilv d’Aurillac. Un proviseur qui reste cependant prudent - “une rentrée, ça fait la météo, pas le climat...” -, conscient du tsunami démographique prédit au Cantal(1) et aux départements limitrophes. 

2nde générale, BTS et internat font le plein

Pour autant, s’il faut anticiper, pas question de bouder les bonnes nouvelles, avec en seconde générale, un établissement tout autant plébiscité : “On a dû surbooker les deux classes de 2nde à 35 et refuser 173 demandes en liste supplémentaire”, confie Éric Cazassus. Cette attractivité, il l’explique primo par le taux de réussite insolent de l’EPL avec, toutes formations confondues, 93,6 % de reçus aux derniers examens contre 87,3 % au niveau national et 11 promotions sur 19 qui ont affiché 100 % de réussite, confirmant l’excellence de l’enseignement délivré. 
Si on se bouscule à l’entrée de Pompidou, c’est aussi pour “l’environnement”. On ne va pas au lycée, on y vit, a coutume de dire son proviseur, listant quelques-unes des animations proposées chaque soir aux internes. Revers de la médaille : avec 180 occupants, l’internat n’est pas loin d’être saturé (à 86 %) et l’équipe de direction doit faire preuve d’ingéniosité pour répartir l’effectif féminin. Lequel est désormais majoritaire. “Pour la première fois depuis 1967, le ratio s’est inversé avec 52 % de filles, ça démontre bien que les formations agricoles (ou non) et alimentaires sont devenues attractives”, avance le chef d’établissement secondé par Pierre Monier, directeur adjoint de l’EPL en charge du lycée, en provenance de celui de La Motte-Servolex, en Savoie. Autre nouveau visage dans l’équipe de direction, celui de Grégory Boulard, directeur des ateliers technologiques.

Microbiologie : bientôt de la 2nde au Bac +8

La rentrée à peine passée, l’EPL prépare déjà la suivante et l’avenir à moyen terme avec trois ouvertures de formation annoncées dans le cadre de l’ambitieux pôle d’excellence microbiologie (PEM2I) aurillacois, pôle appuyé par l’État associant les composantes de l’enseignement (secondaire et universitaire), de la recherche (Inrae...), les entreprises du secteur... Ainsi, en septembre 2025, seront posées les nouvelles briques du continuum de formation allant de la 2nde à Bac + 8 dans un rayon de 200 mètres sur la colline baptisée “des savoirs” : l’EPL proposera ainsi son BTSA Bioqualim (qualité, alimentation, innovation et maîtrise sanitaire) mixé avec la voie de l’apprentissage, ainsi qu’un nouveau BTSA Anabiotech (Analyses agricoles biologiques et biotechnologiques) là aussi en formation initiale et en apprentissage. Ce cursus viendra compléter le Master 1 que l’UCA (Université Clermont-Auvergne) étrenne cette année. “Et on attend que l’IUT ouvre son BUT 3”, ajoute Éric Cazassus. 

Un vrai projet de territoire

Avec la future construction (financée par le Département) d’un laboratoire où ingénieurs R&D, des entreprises et étudiants de cette filière biotech se côtoieront, la boucle sera alors bouclée avec, in fine, l’objectif de répondre aux besoins croissants et importants des acteurs cantaliens de la microbiologie. Le directeur voit plus loin, en imaginant un véritable “campus d’attractivité” dédié à ce domaine, proche du Crous, et qui supposera par exemple d’élargir les plages horaires des bus de la Caba pour permettre aux étudiants de sortir en ville le soir, voire même l’installation d’une micro-crèche pour les étudiants plus âgés ? “Ce projet n’est pas un projet d’ouverture d’une carte de formations, ni de simple réponse aux besoins des entreprises, c’est un vrai projet de territoire”, affirme, confiant, Éric Cazassus.
L’EPL Pompidou n’en oublie pas pour autant ses racines agricoles, bien au contraire, et planche d’ores et déjà, via son exploitation pédagogique, sur un autre défi : “Être éleveur aux 35 heures” (lire encadré), avec l’ambition de contribuer à redonner de l’attractivité au métier et participer ainsi au renouvellement des générations.

(1) En 2030, les prévisions “optimistes” font état d’une érosion de 25 % des 
15-20 ans dans le Cantal, les plus pessimistes de - 35 %. Les projections sont pires dans les départements limitrophes hors Puy-de-Dôme.

Etre éleveur aux 35 heures

Comment réduire le temps de travail et sa pénibilité ? Claire Dupont-Beaudrey, cheffe de 
l’exploitation agricole du lycée, y planche avec son équipe depuis quelques temps déjà, autour de plusieurs axes(1) : innovation organisationnelle, technique et robotique. L’exploitation a ainsi adopté il y a un an la monotraite et la monotransformation avec, à la clé, certes un recul de 19 % de la production laitière mais une hausse des taux et un rendement fromager passé de 10 litres (pour un kilo de fromage) à 7,8 l. “Et on a réduit de 41 % nos frais de production (moins de concentrés...) et atteint 98 % d’autonomie alimentaire”, fait valoir la directrice. Repassée à un système tout herbe, l’exploitation teste aussi de nouvelles cultures, en l’occurrence de la silphie implantée au printemps dernier. Elle a par ailleurs investi dans des outils robotisés et connectés : robot repousse-fourrage, Dal, Dac, colliers détecteurs de chaleur... Cette gamme devrait encore s’enrichir notamment d’une pailleuse affourageuse suspendue, d’un aspirateur à lisier, d’un porte-outils radiocommandé. “L’objectif n’est pas d’avoir une cathédrale mais de tester des outils accessibles économiquement et que des jeunes, futurs installés ou déjà installés, qui se posent la question sur le temps de travail et la pénibilité, puissent venir chez nous les voir fonctionner en ayant des données en termes de coût de fonctionnement, d’avantages/inconvénients... Sachant qu’on teste aussi différents modes de financement : location, achat d’occasion”, explique Claire Dupont-Beaudrey.
(1) Projet retenu dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt du ministère de l’Agriculture avec quatre autres établissements qui explorent d’autres volets sur l’attractivité du métier : revenus, changement climatique...

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