Production laitière
Comment le Gaec du Midi combine performance et bien-être au travail ?
A l’occasion de l’étape auvergnate de l’Agro Tour, les acteurs de la santé au travail ont découvert la mine de petites et grandes choses déployées par la famille Guittard et leur trois salariés, producteurs de saint-nectaire AOP fermier, pour fluidifier leur quotidien.
A l’occasion de l’étape auvergnate de l’Agro Tour, les acteurs de la santé au travail ont découvert la mine de petites et grandes choses déployées par la famille Guittard et leur trois salariés, producteurs de saint-nectaire AOP fermier, pour fluidifier leur quotidien.
Saint-Genès-Champespe début de printemps. Comme chaque jour, les trois associés du Gaec du Midi, Isabelle, Robert et Nicolas Guittard épaulés par leurs trois salariés sont au travail. Leur tâche réglée comme du papier à musique rythme l’équilibre de la petite entreprise. Les 75 laitières se régalent du bon foin récolté l’an dernier, et séché juste au-dessus de leurs têtes. Alors que l’hiver a décidé de jouer les prolongations, elles sont toujours à l’abri dans un vaste bâtiment en bois, aménagé au plus près des besoins des hommes et des animaux. Ici, il y a une interdépendance du bien-être au bénéfice des deux parties. « On passe du temps avec les bêtes pour qu’elles ne nous voient pas uniquement pour des soins, des traitements, au moment de la distribution du foin », témoigne Marien Tournaire, l’un des trois salariés de l’exploitation. Le jeune homme a suivi un stage d’éthologie du jeune bovin dispensé par la cantalienne Pauline Garcia. Avec à la clé, un gain de temps et une sérénité non négligeable lors de chaque intervention. Seul bémol : « on a tendance à s’attacher un peu trop aux bêtes ».
Habituer les animaux à l’homme
Les box des plus jeunes sont équipés de jeux divers, de cerceaux colorés et autre mannequins… C’est ce qu’on appelle l’enrichissement de milieu, loin d’être accessoire, selon Philippe Mazal, conseiller santé et sécurité au travail à la MSA Auvergne : « La familiarisation aux objets du monde humain rend l’approche des animaux beaucoup plus aisée. Ils sont moins stressés, et cela a un impact sur leurs performances ». Toutes les box des vaches sont par ailleurs pourvus de brosses, afin de satisfaire leur besoin naturel de se frotter. Le Gaec Guittard est loin d’être un cas isolé dans le paysage de l’élevage. « Les mentalités changent, les éleveurs sont sensibles à tous ses aménagements dès lors qu’ils voient que cela porte ses fruits », poursuit Philippe Mazal. Régulièrement avec ses collègues, il accompagne des groupes d’agriculteurs sur ces nouvelles pratiques, comme il l’a fait chez les Guittard. Au-delà de l’intérêt sanitaire, économique, et social, l’amélioration des conditions de travail est devenue une préoccupation majeure. « Les jeunes générations veulent travailler mais avoir une vie à côté ». Pour concilier vie professionnelle et vie privée, lorsque l’on est agriculteur cela nécessite forcément d’interroger sa pratique du travail. « De plus en plus d’agriculteurs consentent à sortir la tête du guidon, pour se poser et réfléchir à leur mode d’organisation », témoigne Andy Silini, conseillère en ergonomie à la MSA Auvergne.
« Durer dans le métier »
Sur le volet transformation fromagère, accompagné par Romain Dominguez, ergonome, les Guittard et leurs trois associés, ont aussi planché sur les moyens d’améliorer leur productivité tout en diminuant la pénibilité inhérente aux nombreuses tâches répétitives. Un gros travail a été réalisé sur la disposition des cuves, les opérations de moulage, de salage des fromages, le renouvellement des machines, la réorganisation spatiale…65 tonnes de fromages sont transformés chaque année dans l’atelier, soit en moyenne 140 pièces par jour, confectionnées dès la fin de la traite comme le préconise le cahier des charges de l’AOP saint-nectaire. A l’étable ou dans l’atelier, tout a été pensé « pour durer dans le métier », explique Nicolas Guittard. Et les exploitants ne comptent pas s’arrêter en si bons chemins…avec des projets pleins la tête témoignant d’une bonne santé, selon la définition consacrée des spécialistes « la santé c’est quand je me porte bien et que j’ai l’impression que j’agis sur ce qui m’arrive ».
L’Agro Tour : une initiative de l’Aract et de la MSA En 2022, l’Agro Tour redémarre grâce à un partenariat privilégié entre le réseau Anact-Aract (agence nationale et régionale pour l’amélioration des conditions de travail) et la MSA signé pour deux ans. Il s’adresse donc plus particulièrement au secteur agricole et poursuit toujours le même objectif : encourager les exploitations à concilier recherche de performance et amélioration de la qualité de vie au travail des travailleurs. Pour ce faire, l’Agro Tour, pensé au plus près de la réalité des exploitations et entreprises agricoles, valorisera des réalisations concrètes présentées à l’occasion des étapes organisées sur site avec l’ambition de diffuser des éléments méthodologiques et pratiques au plus grand nombre via le site internet. L’étape puydômoise était la première de l’année 2022. www.agrotour.fr