Combien de temps cet accord tiendra-t-il ?
À l’issue d’une réunion entre les représentants des organisations de producteurs et Lactalis, le 25 août, aucun accord n’a été trouvé sur une revalorisation du prix. Il a fallu cinq jours de tensions pour arriver à un accord prévoyant une augmentation de 5 euros du prix de la tonne de lait tous les mois jusqu’à la fin de l’année.
La déception était vive après l’échec des négociations entre les organisations de producteurs de lait et leur collecteur Lactalis, dans la nuit du 25 au 26 août. La réunion, qui se tenait à Paris sous l’égide du médiateur des relations commerciales Francis Amand, s’est conclue sans accord après onze heures de discussions. Depuis le 22 août, les producteurs de lait, bloquaient à Laval le siège social du groupe laitier pour dénoncer la faiblesse des prix : 246 euros les 1 000 litres, alors que les concurrents payent au minimum 10 euros de plus. Face aux représentants du groupe, les organisations syndicales n’ont pas pu obtenir la revalorisation escomptée, Lactalis ne consentant pas à dépasser 280 euros les 1 000 litres. Face à Lactalis qui a accusé la FNSEA d’une « attitude irresponsable » et au médiateur qui « a eu l’impression que les représentants des organisations de producteurs n’étaient pas en capacité de prendre des positions », la FNSEA a dénoncé la posture de l’industriel qui « traduit un mépris envers les producteurs ». Sébastien Amand, représentant de l’OPNC et président de la FDSEA de la Manche et présent à la réunion, n’a de son côté « jamais fermé la porte à la discussion : après onze heures de négociations, il n’y avait pas de honte à arrêter quelques heures pour reprendre le dialogue le lendemain », explique-t-il, « mais le médiateur et Lactalis ont décidé que l’on devait poursuivre jusqu’au bout de la nuit en se disant qu’ils nous feraient céder. Ce n’est pas au médiateur de décider. »
Trouver un accord juste
Le ministre de l’Agriculture a appelé, dans un communiqué du 26 août, « à la reprise des négociations », demandant au médiateur de « poursuivre avec détermination sa mission ». Les producteurs aussi « restent déterminés à trouver un accord, mais un accord juste », rappellent la FNSEA et JA, soulignant que « si la France est fière d’un groupe leader mondial du lait, celui-ci ne doit pas oublier qu’il s’est construit grâce à des éleveurs qui lui ont fait confiance ». Pour le président de la FNPL Thierry Roquefeuil, « cette négociation ne peut s’affranchir du contexte difficile que nous vivons tous (…), Lactalis doit comprendre que l’avenir de toute une profession et de la filière laitière française est en partie de sa responsabilité ». Car même à 280 euros les 1 000 litres, Lactalis serait toujours en-dessous d’une bonne partie de ses concurrents comme Laïta (290 euros) ou la laiterie Saint-Père (300 euros), un signal négatif envoyé au marché par le leader mondial, quand les coûts de production sont aujourd’hui supérieurs à 300 euros les 1 000 litres. Et les quinze euros de revalorisation finalement annoncés par le groupe au lendemain de la réunion (soit 271 euros les 1 000 litres) pourraient presque être vus comme une provocation pour les producteurs. « Lactalis estime avoir fait d’énormes efforts, mais nous, on était prêts à lâcher 10 % sur notre moyenne annuelle, eux 5 % », précise Sébastien Amand.
La suite dans le Réveil Lozère, page 3, édition du 1er septembre 2016, numéro 1373.