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Cheffes, collaboratrices, salariées, elles sont 508 000 femmes en agriculture

La MSA publie une étude sur la part des femmes dans les exploitations ou entreprises agricoles, d’après une enquête réalisée en 2016.

En 2016, la population active agricole féminine se compose de 111 000 cheffes, 25 500 collaboratrices d’exploitation et 372 000 salariées,
En 2016, la population active agricole féminine se compose de 111 000 cheffes, 25 500 collaboratrices d’exploitation et 372 000 salariées,
© © La Marne agricole / Guillaume Perrin

Cheffes d’exploitation ou d’entreprise, conjointes actives sur l’exploitation ou salariées de la production agricole, les femmes sont fortement présentes en agriculture. En 2016, la population active agricole féminine se compose de 111 000 cheffes, 25 500 collaboratrices d’exploitation et 372 000 salariées, soit un total de plus de 508 000 femmes.
25,6 % des chefs d’exploitation sont des cheffes en 2016, une proportion globalement stable depuis plus de dix ans.  L’âge moyen des femmes chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole est de 51,6 ans contre 48,2 pour les hommes. Parmi elles, 19,3 % ont plus de 60 ans. En 2016, 29,2 % des exploitations et des entreprises agricoles possèdent au moins une femme comme exploitante ou coexploitante. Associées à des hommes, les femmes dirigent des structures de forme sociétaire, comme le GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun) ou l’EARL (entreprise agricole à responsabilité limitée).
Lorsque l’agriculteur fait valoir ses droits à la retraite, il dispose de la possibilité de transmettre son entreprise à son conjoint, qui la dirige alors jusqu’à sa propre retraite. Dans 88,2 % des cas, cette transmission -dite transfert entre époux- s’effectue de l’hom-me vers la femme. La proportion de femmes ayant bénéficié d’un transfert entre époux est de 12,1 %. Cette proportion n’est que de 0,5 % pour les hommes.
Le phénomène du transfert entre époux était très important dans les années 2 000. La réforme des régimes de retraite, en conduisant les chefs à prendre leur retraite de plus en plus tardivement, a néanmoins contribué à le réduire très fortement. Les femmes ayant succédé à leur mari dans les années 2 000 prennent désormais leur retraite, et les départs ne sont plus compensés par autant de transferts entre époux.

Agriculture traditionnelle et filière cheval
Les cheffes d’exploitation exercent principalement leur activité dans le secteur de l’élevage de bovins-lait (17 %), les cultures céréalières et industrielles (16,6 %) et les cultures et élevages non spécialisés (12,7 %). De manière générale, les femmes sont présentes dans l’agriculture traditionnelle.
Elles sont aussi proportionnellement très implantées dans l’élevage de chevaux (47,6 %), l’en-traînement, dressage, haras, clubs hippiques (45,6 %) et l’élevage de gros animaux (44,4 %). En revanche, elles sont quasi-absentes dans les exploitations de bois (1,6 %), les entreprises paysagistes (4,3 %), la sylviculture (9,8 %) et les entreprises de travaux agricoles (12,1 %).

Revenus 30 % inférieurs à ceux des hommes
En 2016, lorsqu’elles sont imposées au réel et que les revenus sont connus, les agricultrices disposent d’un revenu professionnel agricole annuel moyen de 9 552 euros, et 30 % inférieur à celui des agriculteurs (13 601 euros).
L’écart de revenu est maximal parmi les plus bas et les plus hauts revenus professionnels ; dans les tranches intermédiaires de revenus, l’écart oscille entre 0,5 et 2 % en faveur des hommes.
Les femmes chefs d’exploitation sont 41,8 % à bénéficier d’un revenu inférieur à 4 315 euros par an, critère couramment utilisé pour qualifier les situations de grande difficulté. Chez les hommes, cette proportion est de 36,6 %.
Les femmes sont à peine un quart à bénéficier de revenus professionnels supérieurs à 1 820 SMIC (soit 17 600 euros), contre un tiers des hommes. Dans cette tranche de revenus la plus élevée, les revenus professionnels moyens des femmes sont inférieurs de 8,2 % à ceux des hommes (respectivement 35 761 euros et 38 967 euros).

Le statut de collaboratrice tombé en désuétude
En 2016, parmi l’ensemble des conjointes d’exploitants ou d’entrepreneurs agricoles, 15 % sont affiliées en qualité de conjointes actives sur l’exploitation ou dans l’entreprise avec le statut de collaboratrice d’exploitation.
En dix ans, l’effectif de collaboratrices d’exploitation a été divisé par deux, traduisant le désintérêt des jeunes générations pour ce statut. Les femmes préfèrent s’orienter vers un statut de coexploitant lorsqu’elles restent sur l’exploitation.
Agées de 53,5 ans en moyenne, elles sont, elles aussi, principalement présentes dans les secteurs d’activité traditionnels comme l’élevage laitier, le secteur céréalier, la polyculture associée à de l’élevage ou l’élevage de bovins pour la viande.
Elles sont présentes sur l’exploitation agricole de leur conjoint, le plus souvent dans une structure en nom personnel, et exploitant une superficie supérieure à la moyenne (62,9 hectares vs 55,4 ha).
En termes de revenus, 30,7 % des exploitations ayant des collaboratrices d’exploitation ont des revenus égaux ou supérieurs à un SMIC annuel alors que pour 26,3 %, les revenus n’excèdent pas 400 SMIC horaire.

372 000 salariées dans la production agricole
Le secteur de la production agricole emploie 372 000 femmes, un effectif en baisse de 3,9 % par rapport à 2015. Elles représentent 90 600 équivalents temps plein (+ 1,6 % en un an) et 35,1 % des salariés du secteur.
Avec un âge moyen de 38,9 ans, les salariées de la production agricole sont principalement employées dans la viticulture (36,9 %), les cultures spécialisées (31,1 %), et les cultures et élevages non spécialisés (16,6 %), une hiérarchie des activités prépondérantes stable depuis une décennie.

Des conditions d’emploi moins favorables pour les femmes salariées
Le recours au contrat à durée déterminée (CDD) occupe une place prépondérante dans l’emploi féminin de la production agricole. Ainsi, 83,1 % des salariées du secteur détiennent un CDD, ce qui représente 308 900 contrats de travail en 2016. Le recours au CDD prévaut particulièrement dans la viticulture, les cultures spécialisées et les entreprises de travaux agricoles, des secteurs marqués par des volumes conséquents de travail saisonnier.
Sur le marché du travail agricole, les femmes ont des conditions d’emploi plus précaires que celles des hommes. En CDD, la durée moyenne d’un contrat féminin est inférieure de 16,6 % à celle d’un contrat masculin. En revanche, leur rémunération horaire moyenne est supérieure de 1,8 % à celle des hommes. En CDI, les femmes ont des temps de travail inférieurs de 16,3 % en moyenne à ceux des hommes. Elles sont plus souvent à temps partiel, et leurs niveaux de rémunération horaire sont inférieurs de 4,9 % à ceux des hommes. Enfin, les femmes représentent 38 % des salariés saisonniers.
En 2016, environ 146 000 femmes d’exploitants ne sont ni cheffes, ni collaboratrices d’exploitation. Elles occupent un emploi salarié dans l’entreprise de leur conjoint ou dans une autre entreprise et assurent ainsi un complément de revenu au ménage, contribuant par contrecoup au maintien de l’exploitation. Leur participation à la gestion des exploitations n’est pas directement mesurable, mais réelle, car lorsqu’elles sont interrogées lors du recensement agricole, elles déclarent majoritairement aider à la gestion de l’exploitation, bien que n’ayant pas le statut de collaboratrice.
D’après étude MSA

Un peu d’histoire
Le mot «agricultrice» n’est apparu dans le Larousse qu’en 1961. Mais, le statut juridique reste flou.
En 1962, sont créés les GAEC (groupements agricoles d’exploitation en commun) permettant à des agriculteurs de s’associer. Toutefois, cette loi qui empêche deux époux d’être seuls associés, a principalement profité aux fils d’agriculteurs s’apprêtant à reprendre l’exploitation, maintenant ainsi l’épouse comme aide familiale.
En 1973, elles peuvent être associées d’exploitation mais le recours à ce statut concerne d’abord essentiellement les fils d’agriculteurs.
En 1980, elles bénéficient du statut de coexploitantes qui leur permet de gérer la partie administrative de l’exploitation.
En 1985, avec l’apparition de l’EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée), elles obtiennent une reconnaissance de leur activité au sein des exploitations et entreprises agricoles car ce type de société civile permet aux conjoints de s’associer en individualisant leurs tâches et leurs responsabilités.
Pourtant c’est seulement avec la loi d’orientation agricole de 1999 et la création du statut de «conjoint collaborateur» que les agricultrices disposent d'un accès à une protection sociale (retraite).
La Loi de modernisation agricole de juillet 2010 permet la constitution de GAEC entre conjoints, qu’ils soient mariés, pacsés ou concubins, pour donner un statut juridique au travail du conjoint dans une exploitation agricole.

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