Chasser en meute pour exporter davantage de produits alimentaires
Éleveur en Haute-Loire, Yannick Fialip vient d'être élu président du Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires, avec un objectif : redonner des couleurs à l'export français, et une méthode : chasser en meute.
Éleveur en Haute-Loire, Yannick Fialip vient d'être élu président du Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires, avec un objectif : redonner des couleurs à l'export français, et une méthode : chasser en meute.
Quelle est la mission du Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires (CNPA) ?
Yannick Fialip : Cette structure, créée il y a une vingtaine d'années, a pour objectif de favoriser l'export de nos produits agricoles et agroalimentaires à l'international. Ce collectif fédère les principaux acteurs de la filière alimentaire, dont le syndicalisme agricole majoritaire FNSEA, mais aussi l'Ania (industries agroalimentaires), Anivin de France, Chambres d’Agriculture France, CNIPT, CNMCCA, mais aussi les interprofessions (Inaporc, Interbev, Intercéréales, Interfel), la Coopération Agricole et le Medef.
Pourquoi la balance commerciale agricole de la France recule ?
Y.F. : De 13 milliards d'euros il y a encore cinq ans, elle peine à atteindre les 3 milliards d'euros en 2024. En l'espace de cinq ans, notre balance commerciale a reculé de 10 milliards d'euros. En 2024, il y a certes des causes conjoncturelles avec de fortes baisses de rendement en céréales et en viticulture, mais nous faisons le constat d'une tendance de fond de perte de compétitivité. Certaines filières pâtissent de charges, de règlements, de lourdeurs administratives qui pèsent toujours davantage. À titre d'exemple, récemment l'interdiction d'un produit de traitement de céréales actif contre le charançon notamment, a empêché la France d'exporter vers les pays d'Afrique du Nord. Des impasses comme celles-ci, il y en a des dizaines. C'est pourquoi, nous voulons sensibiliser les parlementaires, que nous rencontrerons le 5 février prochain, à la nécessité de disposer d'un appui solide sur ces sujets d'export afin d'accompagner les grands groupes mais aussi les PME, qui rencontrent souvent des difficultés à obtenir des certificats, des couvertures bancaires pour se lancer. La création d'un secrétariat d'État dédié à l'export et l'agroalimentaire nous paraîtrait à ce titre judicieux, au même titre d'ailleurs, que la participation de nos représentants des filières agricoles à des déplacements présidentiels ou ministériels à l'étranger.
En quoi l'export peut-il être vertueux pour les filières agricoles ?
Y.F. : Redynamiser l'export de nos filières agricoles c'est créer des richesses dans notre pays, donner des horizons aux agriculteurs, générer de la valeur ajoutée, de l'emploi sur nos territoires avec des répercussions sur les consommateurs. Il serait non seulement illusoire mais dangereux de vouloir se recroqueviller sur le seul marché national.
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Nous sommes persuadés qu'en chassant en meute, en regroupant toutes les forces vives qui travaillent sur l'export, la France alimentaire et agroalimentaire peut gagner. On exporte un grain sur deux, un quart de notre lait, beaucoup de vins et spiritueux aussi. Tout n'est pas perdu, il faut s'organiser et persévérer ".
N'y a-t-il pas un paradoxe à promouvoir l'export tout en refusant des accords de libre-échange comme celui en cours d'examen avec le Mercosur ?
Y.F. : On peut être en compétition avec le monde entier mais à condition de jouer à armes égales. Ce qui pose problème avec le Mercosur, c'est le non-respect des règles françaises. Il n'y a pas d'ambiguïtés de ce point de vue de là. Parallèlement, l'agriculture et l'agroalimentaire ne peuvent pas être systématiquement les variables d'ajustement d'accords commerciaux plus larges.
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