Chambre d’Agriculture > Gilbert Guignand : «L’Auvergne doit se caler intelligemment avec Rhône-Alpes»
A moins d’un an de la fusion des régions Auvergne et Rhône-Alpes,
les chambres d’agriculture vont devoir se mettre au diapason, mais «pas n’importe comment»…
Si Auvergne et Rhône-Alpes ne formeront plus qu’une entité qu’à compter du 1er janvier 2016, on sent bien qu’ici et là, les choses commencent à bouger. Au niveau des chambres d’agriculture, comment préparez-vous ce virage ?
Gilbert Guignand : Nous suivons évidemment de près ces évolutions de gouvernance territoriale qui vont forcément nous impacter. Au niveau de l’Auvergne, nous avons développé au cours de l’année 2014, un projet stratégique visant à favoriser la mutualisation entre les départements. Avec la fusion, il s’agira pour la Chambre d’agriculture d’Auvergne et les chambres départementales d’aller encore plus loin. Avoir construit une telle démarche en amont de la fusion constitue un atout, même s’il est difficile de comparer le travail mené à l’échelle de quatre départements avec celui qui devra être conduit à douze.
Avez-vous rencontré vos homologues Rhône-alpin ?
G.G. : Nous nous rencontrons régulièrement notamment lors de réunions de l’APCA¹. Un nouveau rendez-vous est prévu pour le 18 mars prochain, les deux chambres régionales présenteront à cette occasion leurs agricultures respectives.
L’idée est de réfléchir dès à présent, à comment, dès le 1er janvier 2016, nous pourrons travailler ensemble, notamment en ayant recours aux nouvelles technologies.
Est-il envisageable que la fusion donne lieu à des élections anticipées au niveau des chambres d’agriculture ?
G.G. : Les prochaines élections professionnelles sont prévues pour 2019. Je ne pense pas qu’elles soient anticipées. Il n’empêche que dès à présent nous allons devoir travailler davantage ensemble.
L’ampleur géographique de la grande région va de fait être le premier obstacle à dépasser…
G.G. : Il est clair que les choses ne vont pas être simples, c’est pourquoi nous comptons nous mettre au travail dès maintenant. Nous serons aidés aussi par le niveau national. Nous faisons partie des quatre régions françaises qui après la fusion compteront plus de dix départements. Une organisation à plus de dix départements demande de la réflexion, de la coordination et de la confiance.
Quel sort sera réservé à l’échelon départemental ?
G.G. : Même s’il est prématuré de s’avancer sur telles ou telles options, nous pouvons dire à
ce stade des réflexions, que
les chambres départementales d’agriculture conserveront toute leur pertinence dans la mesure où ce sont elles qui conserveront le conseil de proximité auprès des agriculteurs. À l’échelon régional, il va nous falloir travailler sur la stratégie, la gouvernance, composer aussi avec la réorganisation retenue par l’état.
De quelle manière souhaitez-vous prendre part au débat suscité par les élections régionales de décembre prochain ?
G.G. : Nous souhaitons interroger l’ensemble des candidats sur le projet agricole qu’ils portent pour cette grande région. Au sein des deux chambres d’agricultures et en partenariat avec les deux FRSEA, nous aurons sans aucun doute des propositions à leur soumettre dans les mois à venir. Le syndicalisme devrait aller sur la politique agricole, quand nous, au niveau des chambres, nous nous attacheront à défendre un modèle d’accompagnement et d’aménagement du territoire.
En fin d’année, l’actuel président du Conseil régional d’Auvergne a affirmé à plusieurs reprises, que dans le cadre du travail de rapprochement engagé avec Rhône-Alpes, les deux exécutifs avaient d’ores et déjà acté que l’agriculture serait gérée de Clermont-Ferrand. Faut-il s’en réjouir ?
G.G. : Ce sont là des paroles de politiques. Attendons de voir qui sera aux manettes le 4 janvier 2016 à l’issue des élections.
Propos recueillis par Sophie Chatenet-Giraud
¹ APCA : Assemblée permanente des Chambres d’agriculture.