Interview
"Cessons de brader les produits de l’agriculture française !"
Sabine Tholoniat, Présidente de la FNSEA 63
Sabine Tholoniat, Présidente de la FNSEA 63
Alors que la grande distribution ne cesse de faire pression à la baisse sur les prix dans le cadre des négociations commerciales annuelles, la FNSEA lançait un appel à mobilisation le 20 janvier sur tout le territoire.
Dans le Puy-de-Dôme, la FNSEA63 envisage des rencontres avec les directeurs des GMS.
Que dénonce la FNSEA à travers cette mobilisation nationale ?
Le mot d’ordre de cette mobilisation s’inscrit clairement dans le cadre des négociations commerciales annuelles en cours. Des négociations que nous jugeons inacceptables car elles ne répondent pas à l’objectif de la loi Egalim de rendre les prix d’achat des produits agricoles plus rémunérateurs pour les agriculteurs. En effet, depuis sa mise en application en octobre 2018 et en dépit de nos nombreuses mobilisations, cette loi n’est toujours pas appliquée correctement. Elle instaurait notamment le calcul du prix en marche avant, le relèvement du seuil de revente à perte, l’encadrement des promotions et ce, pour assurer un retour de la valeur à l’éleveur. Or dans bien des cas elle n’est toujours pas appliquée. En ce début 2021, il est temps que les coûts de production soient enfin pris en compte dans les négociations commerciales et que l’on cesse de brader les produits de l’agriculture française !
Qui est le fauteur de troubles dans ces négociations commerciales ?
La grande distribution n’est certes pas la seule à blâmer : dans certaines filières, les exportateurs et les transformateurs ont été aux abonnés absents lorsqu’il s’est agi de se réunir pour promouvoir l’excellence de l’agriculture française et défendre sa juste rémunération. Mais les GMS ont toutefois une grande part de responsabilité.
Les négociations commerciales annuelles qui toucheront à leur fin début mars en témoignent. La grande distribution fait pression à la baisse sur les prix alors que son chiffre d’affaires a progressé de 1,8% en 2020 malgré le contexte sanitaire ; contexte dans lequel les agriculteurs ont redoublé d’efforts pour maintenir l’approvisionnement des filières. C’est la raison pour laquelle la FNSEA a lancé cet appel à mobilisation sur tout le territoire.
Quelle action envisagez-vous dans le Puy-de-Dôme ?
Très prochainement, des délégations de la FNSEA du Puy-de-Dôme rencontreront les directeurs des enseignes de Aldi, Leclerc et Carrefour.
Notre objectif est de faire tirer les prix vers le haut dans les négociations commerciales. C’est d’ailleurs ce pourquoi la loi Egalim a été faite, et nous voulons tout simplement qu’elle soit appliquée ! Quand vous enfreignez une loi vous êtes sanctionné. Or, aujourd’hui il n’y a pas, ou peu, de sanctions pour les enseignes qui ne respectent pas la loi Egalim, ce n’est pas normal.
Notre mobilisation syndicale vise donc à pointer du doigt les GMS qui, aujourd’hui encore, deux ans après la promulgation de la loi EGAlim, ne jouent pas le jeu.
Rien n’est ancré dans le marbre. Nous, agriculteurs, attendons enfin UN geste des distributeurs lors des négociations de ce début d’année !