Catherine Faivre-Pierret (FNSEA) : “Nous avons droit à la même reconnaissance que les hommes”
À Vézac, Catherine Faivre-Pierret a évoqué son parcours, jalonné par de nombreux obstacles qui ont forgé son engagement syndical, au sein de la Commission nationale des agricultrices.
À Vézac, Catherine Faivre-Pierret a évoqué son parcours, jalonné par de nombreux obstacles qui ont forgé son engagement syndical, au sein de la Commission nationale des agricultrices.
Les pages du carnet de Catherine Faivre-Pierret se sont noircies à l’écoute des témoignages des agriculteurs qui s’étaient déplacés à Vézac mercredi 11 décembre, sur l’exploitation de Stéphanie Gardes. Cette matinée proposée par la FDSEA et les Jeunes agriculteurs, la présidente de la Commission des agricultrices à la FNSEA la voulait avant tout faite d’échanges : “Nous sommes là pour faire le lien avec le territoire. J’ai l’impression que vous travaillez vraiment bien”, réagissait-elle après une présentation de la situation cantalienne assurée par Delphine Freyssinier, secrétaire générale départementale. “J’ai noté quelques petites idées que je vais reprendre. Voir des fédés organisées comme les vôtres, ça nous pousse.” À quelques semaines des élections, l’éleveuse laitière du Doubs, en Gaec avec son mari, prévenait : “On a laissé nos places dans nos territoires, on en a aujourd’hui le revers de la médaille. À nous de prendre du temps pour expliquer ce qu’il en est, ce que nous sommes. C’est très important que l’on ouvre nos portes.”
Une agricultrice, à part entière
Les portes, la productrice de comté AOP a pris l’habitude de les enfoncer. D’abord dans la restauration. Elle trayait le matin, assurait le service le midi, avant de revenir sur l’exploitation pour seconder son mari et s’occuper de leurs deux enfants. En 2009, c’est terminé : “J’ai fait un choix. Je suis repartie à l’école et je ne l’ai pas regretté. Hors de question d’être “la femme de”. Je voulais être cheffe d’exploitation. Ça a aussi permis à mon mari, hors cadre familial, de faire un bilan sur son activité. On a galéré au début, mais on y est arrivé.” Mais là encore, il a fallu en enfoncer des portes : “Il y a eu ce coup de grâce : je ne pouvais pas être en Gaec avec mon mari, seulement en EARL. De là est parti mon engagement syndical. Nous avons droit à la même reconnaissance que les hommes. Je ne voulais pas défendre ce projet seule, donc j’ai tapé à la porte de la Fédé.”
“Il y a des dossiers qu’on peut faire avancer, d’autres pas, mais au moins, on peut essayer.”
Ce combat gagné, un autre se prépare : celui contre le cancer, qui met entre parenthèses le projet de Catherine Faivre-Pierret de coupler l’agriculture avec des chambres d’hôtes. “Je le ferai à un moment donné, ce n’est pas éteint, promet-elle. J’ai besoin d’être en contact avec le monde.” Elle s’investit donc au Service de remplacement, “un très bel outil”, mais aussi à la Commission des agricultrices. “Mais je ne suis pas du tout féministe ! Je qualifierais plutôt cette Commission d’agricultrices et d’engagement. On se réunit six à huit fois par an, et on travaille en ascenseur : du terrain en haut, du haut au terrain.”
“Ensemble, nous pouvons faire de belles choses”
Et sur le terrain, Brigitte Troucellier, secrétaire générale de Gaec et sociétés, se rend compte que des portes à enfoncer, il y en a encore : “Les hommes qui n’ont pas encore compris que la femme est leur égale doivent le comprendre. Ça va avec l’évolution de la société, que ce soit pour les enfants, le ménage,… On fait des papiers, de la compta, depuis très longtemps. Nous devons nous organiser pour aller défendre le métier et prendre notre place avec la nouvelle génération. Ensemble, nous pouvons faire de belles choses.”