Cantal Conseil Élevage : répondre aux besoins de performance
Avec des exploitations de plus en plus performantes, le rôle de Cantal Conseil Élevage devient indispensable chez davantage de producteurs laitiers du Cantal.
Avec des exploitations de plus en plus performantes, le rôle de Cantal Conseil Élevage devient indispensable chez davantage de producteurs laitiers du Cantal.
Cantal Conseil Élevage tenait son assemblée générale annuelle ce mardi 10 décembre à Clavières.
Malgré la neige présente dans le bourg de la Margeride, l’assistance était nombreuse à ce rendez-vous présidé par Jean-Marc Brunhes. La journée était répartie en trois temps : l’assemblée statutaire, une information sur les boiteries et une visite d’exploitation au Gaec du Nipalou situé sur la commune de Lorcières.
Fort de l’appui d’un réseau national à même de fournir une importante base de données et d’expertises, CCE a su s’imposer auprès d’un grand nombre de producteurs. Les enjeux, économiques, techniques et génétiques des fermes cantaliennes requièrent de plus en plus de compétences chez les éleveurs.
De la compétence
Quand le troupeau va, l’éleveur va”
“Notre taux de pénétration progresse un petit peu encore aujourd’hui, preuve de la confiance accordée par les 774 adhérents en 2024, se félicitait le président, Jean-Marc Brunhes. Beaucoup de petites structures nous ont rejoints, preuve que nous sommes en phase avec les attentes des éleveurs quelle que soit la taille de l’exploitation. Nos conseillers et nos équipes sont là pour aider à assurer la rémunération des producteurs et je crois que c’est important dans l’évolution actuelle, les exigences de performance, le contexte sanitaire et économique que nous rencontrons. En 2024, notre engagement est rester le même, celui d’être un
animateur de la filière laitière cantalienne. La qualité du lait et de la reproduction représente l’objectif que nous nous sommes fixés.” La demande d’un avis extérieur est partagée par de nombreux éleveurs sur de multiples points de conduite du troupeau : alimentation, génétique, renouvellement, animaux improductifs, bien-être animal, sanitaire, pâturage... L’impact d’une défaillance se retrouve dans la rémunération de l’exploitant. Le tout est porté par les suivis d’analyses des troupeaux. “Quand le troupeau va, l’éleveur va”, déclarait Hervé Baudet, qui intervenait mardi sur le thème des boiteries (voir ci-dessous). Il faut être bien dans sa tête pour travailler sereinement au milieu des animaux. “Ce que je dis à nos conseillers, c’est de travailler sur le préventif pour éviter le plus possible les problèmes”, complétait le président du CCE, Jean-Marc Brunhes.
Travailler en amont
C’est une tendance favorable pour entamer l’année 2025
Si les collaborateurs de Cantal Conseil Élevage sont au quotidien auprès des éleveurs sur les exploitations, ils sont également présents sur l’ensemble des événements de l’élevage bovin lait sur le département, autant sur les journées techniques que les concours. Ceci permet une parfaite radioscopie du secteur de production. Il est à constater les excellents résultats pour les différentes races présentes dans le Cantal regroupant près de 40 000 vaches référencées avec au palmarès : la prim’holstein pour une production de 8 377 kg par an avec une matière utile de 607 g/kg ; la jersiaise pour un taux butirique de 51,5 et un taux protéique de 37 ; et la salers pour un intervalle vêlage-vêlage de seulement 385 jours.
L’évolution d’une année sur l’autre se mesure aussi à des indicateurs plus généraux pour l’ensemble du Cantal. La décapitalisation s’est ralentie alors que le prix du lait a tendance à s’améliorer sans toutefois couvrir les charges d’exploitation. “C’est une tendance favorable pour entamer l’année 2025, marquée par un contexte tendu au plan politique et les évolutions climatiques”, soulignait Jean-Marc Brunhes.
Santé financière
Si le bilan d’activité voté pour 2023 est favorable, celui financier l’est tout autant comme a pu le constater la soixantaine de participants à cette assemblée générale. Après deux années de déficit (- 53 317 € en 2021 et - 75 143 € en 2022), CCE a terminé l’année 2023 avec un solde positif de 10 973 € sur un budget global d’un peu plus de 2,3 M€. La baisse des charges de structure et de personnel a permis de dégager 20 000 € sur l’exercice. En ressources, les cotisations avec l’arrivée d’adhérents supplémentaires, près de 20 000 € de subventions en plus par rapport à l’année précédente et autant en prestations diverses ont contribué à ce redressement. Enfin, concernant le conseil d’administration, le tiers sortant a été réélu avec l’arrivée, comme administrateur stagiaire, de Marina Girodon, éleveuse à La Chapelle-Laurent.
Témoignage
Après l’assemblée générale, au cours de l’après-midi, la journée se poursuivait sur la commune voisine de Lorcières sur l’exploitation du Gaec du Nipalou. Fabien et Cédric Chassang sont associés et leur ferme compte aussi un apprenti pour un troupeau de 70 laitières avec 580 000 litres de droits à produire. L’exploitation compte également un atelier ovin viande. “Nous adhérons depuis longtemps à CCE, précise Fabien Chassang. Le but est de nous améliorer, donc nous venons chercher du conseil car il y a toujours des choses à apprendre pour progresser. Il y a plein de choses que l’on croit bien faire et on peut passer à côté. C’est le cas par exemple sur le sujet de la journée, les boiteries. Nous faisons beaucoup de surveillance et de préventif, ce qui fait que nous sommes peu touchés. Avec des exploitations comme les nôtres, aujourd’hui, je pense qu’il est nécessaire de se former en permanence et d’être acco
Boiteries : quand la vache marche sur trois pattes
Comme en mécanique, quand ça marche seulement sur trois pattes, ça va beaucoup moins bien et cela ne dure pas longtemps. Les boiteries constituent un vaste sujet auquel s’est attaqué le docteur Hervé Baudet, vétérinaire conseil devant les adhérents de Cantal Conseil Élevage et que les Cantaliens connaissent bien pour ses nombreuses interventions sur la santé des troupeaux.
Les boiteries représentent le troisième problème de santé (dans 10 % des cas) sur les exploitations après les mammites (30 %) et les infections (15 %). Elles entraînent 18 % de réformes. C’est la deuxième maladie d’importance économique en cumulant les frais de soins, la perte de temps, la baisse de production et la moindre valorisation des animaux. Cela peut coûter cher : 200 € par jour.
Observer dès la naissance
En dessous de 10 % de vaches atteintes, la situation reste “normale” sur une exploitation. Au-delà de 25 %, il faut vraiment changer ses méthodes de travail.
Pour Hervé Baudet, une bonne gestion des boiteries avec de vrais résultats sur le long terme correspond à “une addition de choses et non des interventions au coup par coup”. Pour cela, il faut savoir de quoi on parle avec les bons termes anatomiques notamment, beaucoup anticiper et combiner les facteurs d’amélioration. On peut soigner l’animal, mais il faut également soigner son environnement. L’observation est primordiale et certains signes ne trompent pas. “Un dos rond, des jarrets en x, la vache ne boîte pas, mais cela ne va pas tarder (90 % des boiteries concernent les postérieurs), fait part Hervé Baudet. Mieux, l’observation doit être entreprise dès la naissance avec des animaux propices aux boiteries.” Il faut alors contrôler l’alimentation, apporter des minéraux pour notamment favoriser la qualité du sabot. Il faut éviter autant que possible les traitements préventifs. Ils favorisent l’antibiorésistance des animaux que l’on rencontre de plus en plus.
C’est bon pour la santé de l’éleveur La bonne santé du sabot est essentielle et il faut, là aussi, en comprendre le fonctionnement et les causes de déformations. Il faut veiller à l’hygiène, éviter toutes les sources d’infection et contrôler s’il n’y a pas simplement un caillou logé entre les onglons.
Le bien-être de l’animal est à améliorer si besoin. Les logettes doivent être adaptées à la corpulence de la vache en lui permettant de se relever sans difficulté et sans se cogner. “Les points d’eau sont des lieux sensibles qui obligent à des déplacements avec des risques d’infections accrues.” Le conférencier conseille de bien séparer les génisses des laitières. Un pédiluve s’impose de plus en plus.
Le parage constitue une opération nécessaire mais toujours délicate. Le remède peut être pire que le mal. “Cela ne s’improvise pas, prévient Hervé Baudet. Sans un minimum de formation, il vaut mieux faire appel à un professionnel.” Une opération de contrôle sur l’ensemble et du parage si nécessaire, présentent l’avantage de détecter les différentes causes possibles d’un grand nombre de boiteries. Il faudra proscrire le parage des animaux taris et l’effectuer après le 100e jour de lactation afin de contenir certains effets secondaires avec des animaux à faible immunité.
En conclusion, pour Hervé Baudet : “Un troupeau en bonne santé, c’est de la production en plus et pour l’éleveur, du stress en moins. C’est indispensable compte-tenu désormais de la taille des exploitations afin d’éviter de cumuler les erreurs.”