Ravageurs
Campagnols : la recherche avance !
Le campagnol terrestre a fait l'objet d'une conférence au Sommet de l'élevage le 7 octobre dernier. L'occasion de faire le point sur la recherche.
Le campagnol terrestre a fait l'objet d'une conférence au Sommet de l'élevage le 7 octobre dernier. L'occasion de faire le point sur la recherche.
Le 7 octobre, une conférence conduite par VetAgro Sup a fait le point sur l'état d'avancement de la recherche au service de l'action sur les territoires concernés par ce fléau.
"2015, année de forte pullulation notamment dans le Cézallier, a conduit au désarroi et à un fort mécontentement des agriculteurs. Cette crise a débouché sur une prise de conscience de l'État et l'octroi d'un budget pour la recherche et le développement dans la lutte contre les campagnols. Et aujourd'hui, on peut compter sur un consortium d'acteurs (chercheurs avec VetAgro Sup, FDGDON, Sidam) qui travaillent sur le sujet" indique Richard Randanne vice-président de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme qui rappelle que le schéma de lutte collective demande un engagement humain et financier : "ce n'est qu'à ce prix de l'engagement que nous réussirons à enrayer ce phénomène".
La recherche post 2015
Yves Michelin, de VetAgro Sup, a dressé un bref historique de la recherche conduite jusqu'à aujourd'hui : "Si des travaux de recherche sont conduits depuis près de 30 ans, ils ont été longtemps difficiles à faire financer et se sont heurtés à des obstacles scientifiques et techniques (animal difficile à observer...) et à un manque de dialogue entre acteurs. Toutefois, la crise de 2014-2016 a modifié la donne...". Depuis 2015, la recherche s'est employée à tester de nouveaux produits comme la neige carbonique, le ricin, le phosphure de zinc, une molécule anticoagulante, l'immuno-contraception et les phéromones. Les chercheurs se sont plus spécifiquement intéressés aux causes du déclin de ces populations, aux interactions végétations-campagnols, à l'état sanitaire des populations, à l'analyse du risque et à la mise au point de stratégies de lutte collective. Yves Michelin signale une amélioration de la surveillance, grâce à une application mobile, un serveur de cartes et la prospection par drone, et note le développement de la mécanisation et de la robotisation de la lutte.
Adrien Pinot chercheur à VetAgro Sup a présenté les principaux résultats d'un programme de recherche conduit par l'INRAE, l'UCA(1) et Vet Agro Sup, qui cible les forces et faiblesses des campagnols. Pour les chercheurs, il s'agissait de comprendre ce qui règle la dynamique des populations de manière à pouvoir agir plus efficacement. En premier lieu, il faut appréhender la densité d'animaux variable selon les cycles et la saison. Ainsi de mars à octobre, la population est multipliée par quatre.
Un animal souterrain friand de pissenlits
Le campagnol est un animal souterrain qui vit dans des galeries. Aussi, sa présence n'est pas toujours visible à la surface ! Attention, les mottes de terre à la surface sont un bon indicateur mais qui peut être biaisé par la densité du réseau de galeries. Ainsi "lorsqu'à l'automne, les campagnols en nombre creusent un réseau de galeries important, au printemps suivant, il se peut que les individus soient nombreux sans que vous en trouviez en surface". D'autre part, le campagnol est un animal très prolifique, étant donné qu'1 colonie en mars en donne 4 à l'automne. Ce qui fait dire au chercheur que la période idéale pour détruire les campagnols est février-mars. Autre enseignement notable : la densité des animaux à des effets sur leur taille (campagnols plus gros lors de fortes densités) et sur le sex-ratio avec un plus grand nombre de mâles en phase de déclin.
Prédire les pullulations
Les chercheurs ont d'autre part observé un lien très net entre la présence de campagnols et de pissenlits ; ce qui pourrait rendre pertinente une détection de cette plante par drone ou par satellite dans les zones à risque.
Yves Michelin insiste par ailleurs sur le rôle fondamental de la surveillance des campagnols, qu'il qualifie "d'outil pour organiser la lutte". "La pullulation n'est pas un aléa car il est possible de la prédire" ajoute-t-il. Enfin Elodie Perrot de Vet Agro Sup et Coralya Vullion du Sidam sont intervenues sur le dispositif d'animation pour co-construire une stratégie de lutte adaptée aux exploitations d'un territoire en prenant l'exemple de l'impluvium de Volvic.
(1) Université Clermont Auvergne.