Campagnes TV : la télé qui remet les pieds sur terre...
Depuis sa diffusion dans le bouquet satellite, Campagnes TV, la chaîne dédiée à l’agriculture et l’agroalimentaire, a vu son audience plus que doubler. Et ce n’est qu’un début...
Surtout, n’allez pas demander à Alexandra Tirli si Campagnes TV verse dans la téléréalité. Si la toute jeune chaîne, diffusée sur le cable depuis le 15 janvier 2013 seulement, donne bien à voir le quotidien des terroirs de France et Navarre, les mille et une facettes du monde paysan et des artisans de la gastronomie de nos régions, ses émissions cultivent la transparence et la sincérité dans leur approche et leurs portraits de celles et ceux qui font vivre “la Province” et confèrent à l’Hexagone sa richesse paysagère, alimentaire et patrimoniale. “Campagnes TV est née de la volonté d’un groupe d’investisseurs d’assurer la promotion de l’agriculture et de la ruralité avec un outil diffusé 24 heures sur 24 en continu (avec multi- diffusions et replay), a expliqué le 8 juin la rédactrice en chef de la chaîne lors de l’assemblée générale d’Agri 15 à Aurillac. L’ambition était de faire une vitrine de communication active sur les filières agroalimentaires.” En boutant hors des terres du Paf les clichés qui collent encore aux bottes des campagnes, et en montrant, au contraire, le visage d’une agriculture bien ancrée dans le XXIe siècle, à certains égards bien plus moderne que d’autres secteurs se revendiquant pourtant comme à la pointe du high-tech.
Décaper les clichés
Dès sa genèse, le projet Campagnes TV est accompagné par l’APCA, le réseau des Chambres d’agriculture, qui s’est lui aussi essayé à la télé avec Terre d’infos, une chaîne éphémère diffusée chaque année depuis la Porte de Versailles à l’occasion du Salon de l’agriculture. La petite dernière du paysage audiovisuel câblé peut aussi compter sur le soutien financier d’Agra-investissement, un pool d’investisseurs associant Avril, Unigrain et Naples investissement. “Initialement, on souhaitait s’adresser au grand public, au plus grand nombre mais aussi toucher le lobby politique, agir au niveau des distributeurs...; dans les faits, on s’est aperçu qu’on avait - au moins au départ - un public essentiellement urbain, les citoyens qui se posaient davantage de questions sur l’agriculture, l’alimentation.” Au programme donc de la seule chaîne TV dédiée au monde agricole et agroalimentaire, plusieurs émissions phare : “Ma vie d’agriculteurs” qui suit pas à pas dix exploitants agricoles engagés dans autant de filières différentes : éleveurs de bovins ou porcs, céréaliers, maraîchers, sylviculteurs... qui livrent leur passion, leurs joies, difficultés et challenges au fil des saisons. Des portraits complétés par Éric Jeanjean qui vient toquer tous les jours à la porte d’une ferme, et rencontrer son exploitant pour des tranches de vie bien choisies. “Du champ au fourneau” permet de retracer le parcours d’un aliment . “Content d’être là” est un autre programme qui cartonne, chaque samedi soir. Un temps d’échanges autour des modes de vie des ruraux, de leurs problèmes, espoirs, et projets.
Pas de sensationnel
Des reportages au long court auxquels s’ajoutent la réactivité et l’éclairage de l’Écho de l’agriculture ou encore de Terre d’infos avec un décryptage chaque semaine des enjeux agricoles et ruraux par un plateau de spécialistes et professionnels. Parmi les thèmes récemment évoqués, Alexandra Tirli cite l’étiquetage de la viande, la préservation des abeilles, l’action de l’Europe par rapport à la crise agricole... “On essaie toujours de ramener ça à l’agriculture, qui constitue notre ADN”, plaide-t-elle. Quid des sujets plus sensibles, tel le combat des anti-viande ? “On n’est pas là pour faire du sensationnel, répond la journaliste qui a fait ses classes sur TF1 et France 5. On essaie de traiter le sujet sous un autre angle...” Et le concept séduit : l’audience de Campagnes TV a plus que doublé(1) depuis février et son passage sur le satellite, un réseau de diffusion qui lui ouvre grand les portes du rural. Gratuite, elle est ainsi désormais visible sur CanalSat, Orange, mais également Free, Bouygues, Numericable et SFR. “On ne s’attendait pas à progresser autant, confie Alexandra Tirli. Du coup, cela nous a obligés à revoir un peu notre grille de programmes. On va essayer par exemple de développer une émission sur le machinisme agricole, ainsi que des programmes familiaux... On ambitionne également de lancer notre propre JT.”
Après le câble, objectif TNT
Si la chaîne des campagnes a implanté sa petite équipe (7 personnes) à Paris où elle dispose de son propre plateau TV de 120 m2 avec la possibilité d’enregistrer sur place des directs, Campagne TV a développé des partenariats avec les télés locales de la TNT et fait régulièrement appel à des équipes de techniciens ou prestataires locaux, dont la société Glob-éditions du Cantalien Thierry Marsilhac. Ce dernier a ainsi réalisé plusieurs sujets dans le département sur commande : en 2014 et 2016 notamment dans le cadre du Sia, avec deux spéciales de “Nos terroirs ont du talent”, consacrées au Cantal. Récemment, le marché au cadran de Mauriac a aussi eu les honneurs de la chaîne, présente chaque année au Sommet de l’élevage. “Nous avons aussi pas mal de partenariats avec GDS France (émissions sur le tandem éleveur/vétérinaire), Interbev, les coopératives...”, affiche la rédactrice en chef, tout en précisant que le contenu éditorial reste complètement libre. Le prochain challenge de la petite chaîne qui monte ? La TNT. Campagnes TV est déjà dans les starting-blocks pour un nouvel appel à projet prévu en 2017 afin intégrer le cercle fermé mais porteur de vastes perspectives. Avec la nécessité d’un fort lobbying pour y parvenir. En attendant, la chaîne reste ouverte aux propositions, déjà très nombreuses. À cet égard, Thierry Marsilhac confie : “Ce qui manque aujourd’hui sur Campagnes TV, c’est une représentation de l’élevage de montagne, faute de partenaires...” Un message qui a forcément trouvé écho auprès des membres d’Agri15. (1) De 1,2 à 2,645 millions de téléspectateurs, source Médiamétrie, mai 2016.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.