Bruxelles propose des mesures supplémentaires pour l’agriculture
Alors que le secteur agricole européen est vivement secoué par la crise ukrainienne, la Commission européenne a soumis aux États membres de nouvelles propositions (avances sur les paiements de la Pac, aides d’États…). Les États membres en demandent plus, notamment en matière de dérogations aux obligations environnementales. En revanche, ils restent divisés concernant l’aide au stockage privé de viande porcine.
Au-delà des mesures d’urgence déjà envisagées pour aider le secteur agricole à faire face aux perturbations liées à l’invasion russe en Ukraine, comme l’aide au stockage privé de viande porcine, le recours à la réserve de crise agricole ou la possibilité d’utiliser les jachères comme pâturages, la Commission européenne a proposé d’autres dispositions dans un document soumis le 14 mars aux experts agricoles des États membres réunis en comité spécial agriculture (CSA). Elle indique réfléchir à l’extension de l’obligation pour les États membres de communiquer des données mensuelles sur les stocks privés de produits essentiels pour l’alimentation humaine et animale. Des niveaux accrus d’avances sur les paiements directs et les mesures de développement rural devraient pouvoir être versés aux agriculteurs à partir du 16 octobre 2022. Et elle pourrait mettre en place un nouveau cadre temporaire de crise facilitant l’octroi d’aides d’État.
Le commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a indiqué un nouvel élément, sans y apporter beaucoup de précisions, le 17 mars devant les eurodéputés de la commission de l’Agriculture en proposant « en parallèle de la réserve de crise, un co-financement aux États membres de 1,5 milliards d’euros supplémentaires ».
Le stockage privé de porc ne fait pas l’unanimité
Lors du CSA, certains experts agricoles des États membres (Allemagne, Italie, Danemark, Croatie, République tchèque) ont exprimé leur opposition à la mise en place du dispositif d’aide au stockage privé pour la viande porcine. Les experts estiment qu’au lieu d’accélérer la résilience du secteur, l’aide au stockage privé pourrait au contraire ralentir la réaction de la filière aux forces du marché. Selon l’Italie, « cette mesure n’est pas appropriée en ce moment, car les prix du marché augmentent et elle pourrait entraîner une augmentation supplémentaire de l’inflation des prix. Le secteur de la viande porcine a besoin aujourd’hui de mesures spécifiques pour compenser l’augmentation des coûts des intrants (aliments pour animaux et énergie) ». De son côté, la République tchèque explique que « cette mesure tout comme un soutien au stockage privé pour d’autres produits de base (produits végétaux) ne répond pas non plus à la situation actuelle ». Toutefois, Prague appelle Bruxelles « à introduire un soutien exceptionnel au secteur porcin, sous la forme d’une aide financière directe aux éleveurs, ce qui permettra une meilleure stabilisation du marché ». Sans s’opposer aux mesures de marché proposées par la Commission, l’Espagne a tout de même indiqué que « cette mesure est plus appropriée pour des situations de déséquilibre entre l’offre et la demande caractérisées par un excès de la première, ce qui n’est pas le cas ici. L’initiative pourrait entraîner de nouvelles hausses des prix à la consommation ». Malgré cette opposition, Bruxelles devait adopter sa proposition en comité de gestion le 17 mars.