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Bruno Faure réclame à l’État une vraie politique d’aménagement du territoire

Deux mois après son élection, le nouveau président du Département appelle à un plan Marshall pour désenclaver le Cantal.

Bruno Faure compte sur la venue de la ministre des Transports dans le Cantal d’ici fin 2017.
Bruno Faure compte sur la venue de la ministre des Transports dans le Cantal d’ici fin 2017.
© P.O.

Quelques semaines après votre élection, vous appelez à un plan Marshall pour le Cantal. La situation est-elle aussi critique ?

Bruno Faure : “Cela vaut surtout sur la question de l’enclavement. Il faut que l’État développe une vraie politique d’aménagement du territoire. On a toujours été un département sacrifié, hormis sur la ligne aérienne. Cette dernière marche mais il faut que l’État continue à contribuer allègrement à son financement. Les billets à la charge de la Caba et du Département pour compléter ce financement sont déjà très importants et il ne faudrait pas que dans un contexte de réduction des déficits publics, l’État se désengage de cette ligne d’aménagement du territoire.  Sur les routes ensuite, il faut s’assurer que si gel des crédits il y a, il ne concerne pas ceux fléchés vers la RN122. Il ne faut pas que la déviation d’Aurillac soit un pointillé, il faut un projet global d’itinéraire et nous sommes prêts à y participer. On ne réclame pas une 4 voies partout mais un axe rapide.  On a fait le nécessaire sur l’axe Saint-Flour/Riom/La Baraquette et sur la 120, mais nous ne pourrons pas faire ça avec toutes les routes ! Nous attendons donc que l’État confirme son engagement et entre dans le dur en réservant des zones inconstructibles. Le très haut débit, c’est bien mais qu’est-ce qu’on produit dans le Cantal ? Des animaux vivants, des carcasses, du lait, des fromages, des ponts Matière... qui ne passent pas par le THD mais par la route !

La ministre des Transports dans le Cantal

Sur le ferroviaire, on souffre d’une politique de la SNCF - aujourd’hui RFF - qui a tout misé depuis 40 ans sur le TGV, des lignes grandes vitesses sur lesquelles on a englouti des milliards. Conséquence aujourd’hui, il passe plus de draisines sur nos voies ferrées que de TER ! Il ne reste plus dans le département que quelques lignes dont Aurillac-Brive, à l’arrêt pendant des semaines - et on nous annonce des coûts de remise à niveau qui dépassent l’entendement. La SNCF n’a jamais fait de travaux dessus et RFF demande aujourd’hui aux collectivités de bien vouloir l’aider à les financer. D’un côté, la loi Notre prétendait clarifier les compétences et mettre fin aux financements croisés et aujourd’hui, c’est l’État qui ne donne pas l’exemple. Pour toutes ces raisons, j’ai sollicité, avec l’appui du ministre Mézard et le soutien des parlementaires, une rencontre avec la ministre des Transports qui, a priori, devrait venir dans le Cantal d’ici la fin de l’année.”

Vincent Descœur n’a eu de cesse de dénoncer l’étranglement financier des Départements. Comment se profile le budget 2018 ?

B. F. : “Le problème de nos territoires, c’est la faiblesse de nos capacités d’autofinancement. Dans le département, on a déjà fait des efforts de gestion, déjà engagé une réduction des effectifs en ne remplaçant pas 60 postes. Aller plus loin au niveau des emplois remettrait en question le niveau de qualité des services. Aujourd’hui, en l’état des réductions annoncées de dotations, il ne nous resterait que deux cartouches qu’on ne pourra actionner qu’une fois : la fiscalité, sachant que dix points d’impôt n’amènent que 3 M€. La deuxième cartouche, c’est de supprimer tout ce qui est optionnel : la culture, le sport, un peu de communication, au mieux on arrive à économiser 1,5 M€, soit au total 4,5 M€ sur un budget de 180 M€…”

Quid du Pacte de la Région pour le Cantal dont la profession agricole tarde à voir la concrétisation ?

B. F. : “Côté Département, on a déjà reçu 15 M€ pour la déviation de Saint-Flour. Pour l’agriculture, le dossier devrait être présenté à la prochaine commission et ça va se mettre en route. La difficulté de l’échelon régional, c’est qu’il est issu de la fusion de deux collectivités, où il y avait deux chefs de chaque côté quasiment partout et où il n’en faut plus qu’un... Au bout de 20 mois, on espère que tout va bientôt être opérationnel. Il faut cependant rappeler que le Pacte est un complément à tous les dispositifs régionaux “traditionnels”. Quelle est votre conception du rôle du Département et son articulation avec la Région ? B. F. : “Je vois trois pistes. Le Département doit être le relais, le prolongement de la politique régionale qu’il doit aussi influencer. Il nous faut également nouer des relations avec les intercommunalités et être innovants en termes de partenariat avec d’autres Départements afin de rationaliser et diminuer les coûts par la mutualisation d’un certain nombre de politiques. Je pense au domaine culturel avec, par exemple, un achat documentaire des médiathèques départementales mutualisé ; à l’agriculture où on pourrait monter des opérations communes autour de nos fromages ; au tourisme, le tout bien entendu sans perdre notre âme.”

Mobilisation générale sur la démographie

Le Conseil départemental organise le 13 octobre une grande journée autour de la démographie cantalienne. Quel en est l’objectif ?

B. F. : “Grâce à un solde migratoire positif et amplifié, on est mieux que les prévisions faites par l’Insee il y a quelques années. Il faut refaire ces simulations et arriver à mobiliser l’ensemble des forces vives. Pour accueillir encore davantage d’actifs, il faut bien sûr pouvoir accéder plus rapidement au département, mais aussi développer une véritable politique d’accueil, y compris dans l’administration, sur la base d’un constat partagé. Il y a aussi plein de questions à se poser en termes d’urbanisme, de reprise d’entreprises, d’offre médicale, d’emploi, sachant que d’ici 15 ans, 30 % de la masse salariale va partir à la retraite et qu’on n’a pas capacité à la remplacer localement... Chacun a un rôle à jouer et on aura réussi le jour où nos enfants auront la capacité à rester dans le département s’ils le souhaitent et où des jeunes de l’extérieur auront envie d’y venir spontanément.” propos recueillis par patricia olivieri

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