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Biose Industrie se donne les moyens de garder son leadership mondial

L’entreprise aurillacoise Biose, déjà leader mondial du développement et de la production clinique et commerciale de micro-organismes, lève 30millions d’euros de fonds pour asseoir sa position.

© UC

Le microbiote est à l’échelle humaine, ce que le Cantal est à celle d’une photo satellite de la planète bleue : un minuscule pixel. “Small but efficient” : petit mais performant. Une parfaite synthèse de Biose industrie. Créée en 1951 par des pharmaciens et biologistes, cette entreprise pharmaceutique, connue jadis sous le nom de Lyocentre, a développé un savoir-faire dans le développement et la production de médicaments à base de bactéries vivantes, jusqu’à présent essentiellement dans le secteur de la gynécologie et de la gastro-entérologie Il y a quelques années seulement, la société aurillacoise n’était encore qu’une PME, avant un grand bond en avant.

Être au rendez-vous sur le marché américain

En quatre ans, sous l’impulsion de son dirigeant, Adrien Nivoliez, elle est passée de 60 à 160 salariés tandis que son chiffre d’affaires a grimpé de 12 à plus de 20 millions d’euros. Surtout, le petit poucet cantalien, façonnier industriel, s’est imposé comme le leader mondial dans son domaine, avec des clients en Europe, Asie, Afrique, Amérique du Sud...  et compte bien se donner les moyens de le rester en se dotant des outils et de l’assise nécessaires “pour être au premier rang dans quatre, cinq ans”, à l’avènement de cette nouvelle médecine et du marché des Live biotherapeutic products (LBP), des médicaments dont l’action repose sur le microbiote humain.

Et les perspectives de ces nouveaux agents thérapeutiques s’annoncent immenses : traitement des troubles métaboliques (obésité, diabète..),   inflammatoires (maladie de Crohn...), immunitaires (psoriasis...), etc. “On estime que 90 % des pathologies humaines ont aujourd’hui un lien direct avec la dysbiose, un déséquilibre de notre microbiote”, explique Adrien Nivoliez qui évoque aussi des traitements contre le cancer rendus plus efficaces en les associant aux micro-organismes façonnés  par Biose qui pourrait aussi devenir un acteur de la lutte contre la Covid-19. “Un de nos clients, côté au Nasdaq, vient de lancer un projet clinique pour tester un produit contre le coronavirus”, indique-t-il.

Au terme de ce que ce dernier qualifie de premier tome de l’histoire de Biose, l’entreprise s’engage donc dans une nouvelle phase de croissance stratégique avec une levée de fonds de 30 millions d’euros qui vont servir des investissements à la fois capacitaires et réglementaires : 20 M€ vont ainsi être fléchés pour accroître les capacités de production permettant ainsi de répondre, dès novembre prochain, aux commandes de lots cliniques de clients, américains entre autres.

Cette extension servira, en outre, à agrandir les infrastructures de Biose (entrepôts, chambres froides...). Le restant (10 M€) va doter le site aurillacois d’un agrément non pas seulement européen, mais aussi étasunien (via la certification FDA) à l’horizon 2023, “date à laquelle les médicaments des sociétés qu’on a accompagnées seront commercialisés Outre-Atlantique”.

Appui fidèle de la Région Aura

“Les règles,  nouvelles exigences imposées au secteur pharmaceutique nécessitent d’investir pour être toujours à la pointe”, relève le dynamique directeur. Pour conduire à bien ce projet, Biose industrie s’est appuyé sur trois partenaires : à commencer par Cathay Capital, une plate-forme d’investissement” qui a une vraie culture industrielle et pharmaceutique, bien implantée en France mais aussi à l’international comme nous”, fait valoir Adrien Nivoliez qui a par ailleurs levé une dette financière auprès d’un pool bancaire.

Mais ce deuxième tome de l’aventure n’aurait pu se concrétiser sans le soutien de la Région Aura “qui nous accompagne depuis plusieurs années de façon très significative”, s’est félicité le dirigeant mercredi 22 juillet en accueillant Laurent Wauquiez. Ce dernier était en terrain connu, lui qui, alors ministre l’Enseignement supérieur et de la Recherche, avait déjà pu mesurer le potentiel de cette pépite.

La collectivité régionale, qui abonde déjà au fonds d’investissement Cathay, va directement injecter 1 M€ dans le projet cantalien. “On est dans une course de vitesse, avec des compétiteurs partout. Dans notre pays, on n’accompagne pas assez les investisseurs. On (la Région) ne le fait pas pour tout le monde. Biose c’est l’un des projets les plus emblématiques et porteurs d’emploi de la région et je suis heureux que ça se fasse dans le Cantal dont je crois beaucoup au potentiel industriel et entrepreneurial”, a salué Laurent Wauquiez. Un président de Région qui a aussi insisté au lendemain d’une première vague de la pandémie sur l’importance d’assurer l’indépendance du pays sur des produits aussi essentiels que ceux pharmaceutiques.

“Il faut être humble et... ambitieux”

Son leadership mondial, Biose industrie le droit à sa “vista” : avoir perçu avant ses concurrents le potentiel d’une médecine via le microbiote et avoir ainsi investi en ce sens pour engranger savoirs et compétences. “On a pris cette avance-là sur la base d’une capacité industrielle pharmaceutique historique et en misant sur une culture de recherche-développement pour une connaissance technique de ces micro-organismes, des souches compliquées... Il y a dix ans seulement, on était incapable de les identifier, expose Adrien Nivoliez. On a pris cette position de leadership mondial, et on arrive aujourd’hui au moment où il faut accélérer.”

Pour preuve de cette compétition farouche sur l’échiquier mondial : le montant des levées de fonds opérées par certains concurrents - plus de 90 millions d’euros - soit le triple de la capitalisation de Biose. Bientôt une filiale à Boston ?Le Cantalien n’en demeure pas moins confiant sur ses atouts. Avec un défi à relever : celui de continuer à attirer des talents comme ces ingénieurs diplômés des prestigieuses universités américaines qui n’hésitent pas à quitter Boston pour Aurillac.

Boston où Biose projette d’installer à terme une filiale.“Il faut être très humble en se demandant comment on peut faire mieux demain, mais aussi avoir une forte ambition : on a tout à fait la capacité d’avoir des leaders mondiaux dans le Cantal sur des thématiques innov

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