Bilan des moissons Bio d’été en Limagnes sur le Puy-de-Dôme
Pas de surprise, les récoltes de l’été 2019 se sont achevées avec un bilan plus que mitigé et très hétérogène en grandes cultures biologiques.
Les faits marquants de la campagne sont bien entendu climatiques ! Un déficit hydrique important et ce, dès l’automne 2018. En moyenne, la Limagne accuse des déficits de 40 à 50 % de la pluviométrie annuelle. De plus, des gels tardifs ainsi que des épisodes de grêle, se sont ajoutés aux difficultés hydriques, occasionnant de forts dégâts par endroit (jusqu’à 100 % de blés grêlés sur Saint Saturnin par exemple).
Céréales bio des résultats hétérogènes
Difficile de faire une moyenne cette année en céréales bio. Les rendements sont très hétérogènes, et pour la plupart des cas à la baisse, variant de 10-15qx à 50qx dans les meilleures terres. On observe cette année un lien direct entre la profondeur des terres, la RFU (Réserve Facilement Utilisable) et le rendement. Ainsi, dans des situations en terre noire de Limagne, les moyennes sont plus que correctes pour l’année, 25 à 35 qx, alors que dans les terres très séchantes les moyennes se situent autour des 10-15qx.
On note une très bonne qualité de grain (PS et protéine pour le blé), certainement expliquée par de faibles densités de pieds à la sortie hiver, qui ont permis de valoriser le peu d’eau tombée.
Protéagineux bio, une campagne compliquée
Les pois et les féveroles sont des espèces très présentes dans les assolements Bio pour leur capacité à fixer l’azote dans le sol et à diversifier la rotation.
Cette année la canicule et le manque d’eau ont induit de mauvaises fécondations ce qui explique le peu de gousses formées. De plus, l’herbe a très souvent gagné le combat face au manque de couverture du sol de la culture. Beaucoup de parcelles ont donc été broyées pour éviter le salissement.
On observe un cas différent sur Yronde et Buron où la féverole a été semée précocement (25 octobre), avec une floraison en avance des gros coups de chaleurs. Le rendement de 25qx est notable pour l’année. Cependant un semis trop précoce peut induire un salissement des parcelles... C’est donc une histoire de compromis.
Prairies temporaires, situation préoccupante
Une année très compliquée pour les récoltes d’herbes. Une première coupe très « légère », mais plutôt de bonne en qualité, à cause du froid tardif au printemps et du manque d’eau. Les deuxièmes coupes sont par endroit meilleures mais totalement dépendantes de la pluviométrie. Les troisièmes coupes seront probablement inexistantes… Ce manque d’herbe risque de ne pas être compensé par l’implantation de cultures dérobées, vu le manque d’eau de l’été qui persiste. Une situation préoccupante pour les éleveurs qui affouragent déjà au champ...
Une année en demi-teinte mais avec par endroit des résultats satisfaisants pour l’année
Sans eau, pas de miracle. Mais le point positif c’est que dans les terres qui le permettent, à bonne RFU, le travail agronomique en Agriculture biologique (porosité du sol, meilleure exploration racinai-re…), ainsi que le choix de variétés anciennes, permettent une compensation intéressante en année sèche. L’effet à long terme peut tout de même nous inquiéter car la mise en place de couverts, le travail du sol, l’activité biologique, qui permettent ces compensations, sont de plus en plus compliqués à mettre en place au vu de la pluviométrie. L’agriculture Biologique a donc encore besoin d’évoluer, de trouver de nouvelles solutions, espèces, qui permettront de s’adapter à ces conditions climatiques qui évoluent vite.