PORTES OUVERTES
Bâtiment d'élevage : innovation et bon sens
Cette année encore, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme et l’EDE organisaient les journées portes ouvertes bâtiments à travers neuf visites dans les élevages du département.
Cette année encore, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme et l’EDE organisaient les journées portes ouvertes bâtiments à travers neuf visites dans les élevages du département.
Les portes ouvertes bâtiments organisées cette semaine par la Chambre d'agriculture, ont encore une fois confirmé leur succès. Neuf exploitations ont accueilli les visiteurs pour cette édition avec comme toujours un seul mot d'ordre : le partage d'expérience. Ces journées sont dédiées aux porteurs de projet pour un premier contact avec les services de la Chambre d'agriculture et de l'EDE pouvant les accompagner et échanger avec des éleveurs ayant d'ores et déjà réalisé ce chemin et qui, par leur expérience, se révèlent être aussi de très bons conseils. À Limons, Sébastien, Sandrine et Jean-Luc Montalban, les trois associés du Gaec du Beaudinet, ont ouvert les portes de leur stabulation vendredi dernier. Celle-ci est en service depuis avril 2022 et a été conçue avec l'intention d'améliorer la fonctionnalité du bâtiment en vue du départ d'un des associés. Ce même jour, à Saint-Jean-d'Heurs, le Gaec Dessapt a également accueilli les visiteurs pour présenter son système unique dans le Puy-de-Dôme de litière malaxée, fine de biomasse.
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Faire du neuf avec du vieux
Au Gaec du Beaudinet, les trois associés doivent jongler entre un troupeau laitier d'une centaine de têtes et une centaine d'hectares de céréales. La tâche à trois est réalisable mais inconcevable à deux. Tandis que Jean-Luc Montalban s'approche du chemin de la retraite, Sébastien et sa sœur Sandrine vont devoir poursuivre l'exploitation. L'unique solution pour les deux associés de gagner en confort de travail et maintenir la production, est de revoir leur premier outil de travail qu'est la stabulation. Cette dernière était équipée auparavant d'une aire paillée raclée, difficile à gérer sanitairement. « La litière chauffe et occasionne des mammites sans fin » précise Sébastien Montalban. Elle devient des logettes pouvant accueillir jusqu'à 125 animaux. Le couloir raclé a été transformé en couloir d'alimentation. « Il est très large mais finalement il nous permet de stocker un tracteur tout en pouvant passer sur les côtés, sans passer sur la ration des animaux.» Une extension de 28 mètres est ajoutée au bâtiment pour aménager le logement des vaches ainsi qu'un bloc robot de traite et infirmerie. « Notre idée de départ était de prendre une salle de traite rotative mais la maçonnerie était trop importante faisant exploser les coûts. » Sandrine et Sébastien n'ont pas pour autant perdu au change. De plus de cinq heures de traite par jour, ils sont passés à deux heures d'astreinte quotidienne. Les vaches ont vu également leurs habitudes changées en passant au zéro pâturage. Les éleveurs ont fait ce choix en raison notamment des conditions climatiques de ces dernières années. « Nos prairies sont loin et sur des terrains séchants. Les vaches sortaient déjà peu. »
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Une litière sans paille innovante
Un peu plus loin à Saint-Jean-d'Heurs, le Gaec Dessapt a également repensé l'organisation de ses bâtiments d'élevage. Le projet était de gagner en confort pour les animaux et pour les éleveurs, tout en valorisant le bâti existant. L'ancienne stabulation, devenue trop petite, est consacrée à l'élevage des génisses et conserve la salle de traite qui est entièrement rénovée avec notamment des quais en sinus pour améliorer le confort à la traite. Une seconde stabulation, plus grande, est construite avec une capacité de logement de 88 vaches laitières. « L'objectif était de conserver un couchage libre pour les animaux mais pas sur aire paillée, trop problématique d'un point de vue sanitaire » explique Baptiste Dessapt. L'éleveur porte son choix sur une litière fine de biomasse, une alternative plus stable chimiquement (ph neutre) et thermiquement. « Il s'agit du premier bâtiment de la sorte dans le Puy-de-Dôme. Bien qu'il soit peu développé en France, il a montré de bons résultats techniques » d'après l'EDE du Puy-de-Dôme. Composée de fine de bois et de miscanthus, cette litière nouvelle génération occupe les 2/3 de la surface de la stabulation. Le tiers restant est une aire d'exercice sur caillebotis « indispensable dans ce système afin de conserver une zone toujours propre dans le bâtiment, où les vaches mangent, boivent et accèdent au DAC (distributeur automatique de concentré) ». Si cette nouvelle litière a l'avantage de ne pas chauffer et donc de limiter les développements bactériens et infectieux, elle reste néanmoins un système en constante expérimentation. Baptiste Dessapt l'admet « sa gestion demande du temps bien qu'elle soit mécanisable grâce à un brassage à la herse rotative deux fois par jour ; il faudra du temps pour trouver le bon fonctionnement». L'EDE précise que pour ce type de bâtiment, il est nécessaire que la ventilation soit parfaitement maîtrisée afin d'assécher constamment la litière.
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