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Barnier, un ex-ministre de l’Agriculture à Matignon

Après avoir tergiversé durant de longues semaines, écartant les hypothèses Castets, Cazeneuve ou encore Bertrand, Emmanuel Macron a finalement décidé de nommer Michel Barnier premier Ministre.

© © Sophie Chatenet



Après soixante jours de suspense suivant les élections législatives de juillet qui avaient débouché sur une Assemblée nationale ultra-morcelée, le premier Ministre le plus âgé de la Ve République, 73 ans, a succédé à Gabriel Attal, 35 ans, qui en était le plus jeune. 

Jeudi à la mi-journée, le président de la République a finalement tranché en faveur de Michel Barnier. L’ancien député de Savoie est bien connu du monde agricole pour avoir été ministre de l’Agriculture de François Fillon de 2007 à 2009. Sous son mandat, il a négocié le bilan de santé de la PAC et son application française, ainsi que l’application du Grenelle de l’environnement et l’interdiction des OGM. Il reste connu comme un défenseur des éleveurs et un précurseur sur les questions environnementales. Lors du bilan de santé de la PAC, Michel Barnier avait obtenu une « boîte à outils » qui donnera à la France une belle marge de manœuvre pour formater à sa manière le volet national de la PAC : 1,4 milliard d’euros avait été réorienté vers l’assurance récolte, l’herbe, l’élevage ovin – ce qui lui valu une ovation sans précédent au congrès de la Fédération nationale ovine. Il a été en revanche la bête noire des céréaliers, principaux perdants de la réforme, d’autant plus que son gouvernement se positionnait pour l’interdiction du maïs génétiquement modifié Mon 810.


Européen convaincu, défenseur des éleveurs


En tant que ministre de l’Agriculture, Michel Barnier laisse l’image d’un homme ouvert aux questions environnementales. Il traduira le Grenelle de l’environnement en quatre plans : le premier plan Ecophyto de réduction des pesticides ; un plan de relance du bio ; un programme de certification à haute valeur environnementale (HVE) ; un plan de performance énergétique des exploitations. Il aura également eu à appliquer les règles européennes pour réduire les nitrates en Bretagne. Il terminera son mandat avec le soutien du président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer. Bien sûr, le Savoyard n’a pas remporté toutes ses batailles. Bien qu’opposé à son principe, Michel Barnier n’a pas réussi à empêcher la fin des quotas laitiers – face à une commissaire à l’Agriculture très libérale, Mariann Fischer Boel –, ni à jeter les bases d’une PAC forte. C’est aussi son gouvernement qui adoptera la loi de modernisation de l’économie (LME), réputée avoir accéléré la guerre des prix entre les distributeurs. Après son passage Rue de Varenne, Michel Barnier ne s’éloignera pas complètement de l’agriculture. En 2019, alors négociateur en chef de l’Union européenne sur le dossier du Brexit, il livrera un vibrant plaidoyer pour l’Union européenne au congrès de la FNSEA.


Au travail


« Il s'agira de répondre, autant que nous le pourrons, aux défis, aux colères, aux souffrances, au sentiment d'abandon, d'injustice », a déclaré Michel Barnier lors de sa prise de fonction, en citant parmi ses priorités l'école, la sécurité, l'immigration, le travail et le pouvoir d'achat. Il a également promis de « dire la vérité » sur « la dette financière et écologique » de la France. Mais le nouveau Premier ministre, d'ores et déjà contesté par la gauche, devra user de toutes ses qualités diplomatiques pour échapper à la censure parlementaire et mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République. Une tâche aux allures de mission impossible, tant aucune coalition viable n'a jusqu'ici émergé.
L'Assemblée issue des législatives de juillet – convoquées après la dissolution de la chambre basse décidée par le chef de l'État, dans le sillage d'une déroute de sa majorité aux élections européennes – est fragmentée en trois blocs : gauche, centre droit et extrême droite.

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