“Avec la FCO, on se sent plus démunis que face au loup”
Comme d’autres élevages ovins du Cantal, les Champaix ont perdu en quelques jours plusieurs bêtes sur le Cézallier.
Comme d’autres élevages ovins du Cantal, les Champaix ont perdu en quelques jours plusieurs bêtes sur le Cézallier.
“Franchement on ne s’y attendait pas, on pensait que ça allait rester dans la vallée et que ça ne nous toucherait pas en altitude sachant qu’une partie des brebis sont dans le bâtiment car en période d’agnelage, et que le reste est réparti sur Landeyrat et Pradiers à plus de 1 100 mètres”, expose Yannick Champaix dont le cheptel ovin de bizet (en sélection) vient de croiser la route de la fièvre catarrhale ovine (FCO) qui l’avait jusqu’alors épargné.
Des béliers majoritairement touchés
En quelques jours, il vient de perdre quatre béliers, des mâles qui ne présentaient aucun signe avant-coureur, retrouvés morts ou mourants du jour au lendemain. Quatre autres (sur un total de 30 béliers) font l’objet de tous les soins de Yannick et Nadège, son épouse, associés en Gaec au Bru d’Allanche, tout comme autant de brebis aux symptômes évocateurs : des animaux bavant, battant des flancs, à la bouche remplie d’aphtes, la tête enflée... Si les résultats des analyses PCR n’étaient pas encore connus jeudi dernier, la responsabilité de la FCO ne faisait guère de doute et les éleveurs ont pris les devants en vaccinant en urgence l’ensemble des 800 brebis(1). Avec le risque d’une expression plus virulente de la maladie chez les animaux déjà contaminés, convient Yannick Champaix qui se sent aujourd’hui impuissant face à cette épizootie qui semble frapper durement plusieurs autres élevages ovins du département, comme elle l’a fait ces dernières semaines dans les Pyrénées(2). Mais aussi des éleveurs de bovins sur le Cézallier.
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Les coups durs, le jeune couple en a déjà vécus pourtant, avec plusieurs attaques de loups en 2021, peu de temps après son installation. “Avec la FCO, on se sent démuni, on attend de voir le matin si d’autres animaux sont malades et on ne peut faire que notre travail d’éleveur, les soigner en espérant les sauver”, estime l’agriculteur du Cézallier. “La prédation du loup bien sûr c’est difficile à vivre aussi, c’est contraignant, mais on dispose de moyens et on arrive à prévenir des attaques”, avance l’éleveur qui s’est doté depuis de parcs de nuit, de patous, de pièges photos. Des moyens qui ont permis de dissuader le prédateur de repasser à l’acte après une attaque au mois de mai dernier. “On n’avait pas encore parqué les brebis et début mai, on a subi une attaque, avec trois brebis mortes - déjà entourées d’une cinquantaine de vautours - et une dizaine de blessées...”, relate Yannick Champaix. Le lendemain, parcs et patous étaient en place. Le loup est revenu, immortalisé par les pièges photos, sans attaquer. Idem au mois de juin, une nouvelle fois trahi par les pièges photos, sans, là encore, trouver la faille pour s’en prendre aux animaux répartis dans plusieurs parcs en période de lutte. “Pour moi cela représente une certaine victoire”, confie l’éleveur-sélectionneur, convaincu d’avoir affaire avec un nouveau loup. En 2021, les attaques se sont en effet arrêtées immédiatement après qu’un loup a été percuté par un train en décembre à Ferrières-Saint-Mary.
(1) Dont 150 sur un troisième site, sur l’estive collective ovine du Lioran pour l’heure épargnée.
(2) FCO sérotype 8, lire L’union du 21 août.