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Au Gaec de Sanconie, les vaches expriment leur potentiel en toute liberté

Depuis près de 30 ans, les vaches laitières de Jean-Yves Sanconie profitent d’une alimentation en libre service. Une pratique bénéfique à bien des niveaux.

Le silo de 16 mètres de front doit être accessible en permanence.
Le silo de 16 mètres de front doit être accessible en permanence.
© P.O.

Au Gaec Sanconie à Sénezergues, c’est un peu le Club Med pour les 70 blanches et noires du troupeau : buffet à volonté 24 heures sur 24 heures, traite à toute heure, aire de parcours découverte de 700 m2 à deux pas du robot... Pas de piscine, ni de soirée animée avec les GO (“gentils organisateurs”) mais des conditions de vie et de production pas loin d’être idéales. “Elles nous le rendent bien !”, s’empresse d’indiquer Jean-Yves Sanconie, qui a instauré il y a une vingtaine d’années ce dispositif de libre service que lui et son fils perpétuent. “À l’époque, c’était un peu à la mode dans le secteur. Depuis, tout le monde a arrêté, sauf nous.” L’accroissement de la taille des cheptels laitiers a sonné le glas de cette pratique qui sied pourtant toujours aux éleveurs de la Caytivade. Pour Damien, son fils, le système reste viable jusqu’à un effectif de 70 vaches environ. Sauf à concevoir un silo géant ou à prendre le risque de voir les primipares “trinquer”, faute de pouvoir accéder au silo accaparé par les dominantes ou les animaux plus âgés.

Ration et foin à volonté

Ici, les vaches sont libres de leurs mouvements, comme de la fréquence de leur repas : “C’est foin et ration de base à volonté. On ne peut pas rationner, les vaches font ce qu’elles veulent”, insiste Jean-Yves. Une ration à base du maïs produit sur l’exploitation, d’ensilage d’herbe, de foin et de pâture du 20 mars à juin. “Nos terres étant très sableuses, dès fin juin, il n’y a plus d’herbe”, précisent père et fils.  Pas question pour autant de rester confinées dans la stabu : les vaches ont à disposition plusieurs parcelles attenantes au bâtiment ouvert. Été comme hiver, elles apprécient de rester à l’extérieur. Si le bien-être de ses prim’holstein est une priorité du Gaec qui a intégré le réseau Happy farmer, c’est aussi parce que les deux associés savent que c’est la condition à une production en quantité et de qualité. “Un animal, s’il n’est pas dans un environnement correct, il ne produira pas. À l’inverse, s’il se sent bien, qu’il est propre, bien nourri... il nous le rend vraiment à 100 %.” Et en matière de propreté, ces demoiselles n’ont rien à envier aux bêtes de concours, pattes et cuisses affichant un aspect impeccable. Productives, elles le sont aussi avec un niveau d’étable de 12 000 litres par vache(1) avant l’arrivée du robot (lire ci-dessous) lui aussi destiné à offrir plus de liberté aux animaux. Le Gaec de Châtaigneraie a d’ailleurs été classé 22e des élevages français en termes de matières utiles par Prim’holstein France.  “Notre objectif, c’est avant tout qu’elles vieillissent bien et qu’elles enchaînent les lactations”, précise Damien

Bon pour le bien-être animal, économe et écolo

Cette pratique du libre service a pour condition que le silo soit accessible au maximum tout au long de la journée : c’est pourquoi, chaque matin, les éleveurs ont comme première mission d’enlever les refus - redistribués aux vaches taries et aux génisses - et de remplir les auges. Rebelote midi et soir : “On égalise et on refait le bout du silo frais”, dont le front d’attaque s’étend sur 16 mètres. Les animaux reviennent en moyenne toutes les 2 h 30 - 3 heures, des cycles favorisant l’ingestion et la rumination.  Et les prim’holstein ne se privent pas : la moyenne de matière sèche ingérée atteint ici 22 kilos par vache, contre 15 kg pour un système d’alimentation classique. De ce fait, il faut beaucoup plus de ration de base mais les éleveurs s’y retrouvent : “Au final, ça nous coûte moins cher : on n’a pas de cornadis, pas de mélangeuse, pas de tracteur qui tourne.” Tous deux insistent aussi sur la nécessité d’un fourrage d’excellente qualité : “On ne peut pas mélanger ni corriger avec du concentré(2).” Ils ont trouvé dans le maïs le composant adéquat, régulier en qualité et parfait pour la rumination.  A priori anachronique, leur pratique du libre service s’avère au final pleinement moderne et en phase avec les impératifs du métier : “On essaie d’être à la fois productifs, économes et écolos mais il faut rester humbles car on travaille avec des êtres vivants, qu’ils soient animaux ou végétaux.” Et Jean-Yves Sanconie ne se veut surtout pas prophète en son pays : “Chaque paysan est différent”, conclut-il.

(1) Avec 33-34 g/l de TP et 41 g de TB.

(2) 180 g de concentré par litre de lait produit, tout compris (minéraux...). Le coût de la ration s’élève à 105 €/1 000 l.

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