Culture
Au dégel, ce sera quitte ou double sur les parcelles
Enfin, après plusieurs mois d’attentes, l’hiver est là avec sa neige et ses températures négatives. Mais est-ce pour plaire aux cultures ?
L’épisode de froid que la région subit depuis plus d’une semaine n’a rien d’exceptionnel. En revanche, le «hors-norme» de cette saison 2011-2012 tient dans les températures douces. Ces dernières se sont maintenues de septembre jusqu’à début janvier. Un climat plus que clément mais qui n’a pas été un point positif pour les cultures.
Froid progressif
Le développement avancé des plantes (jusqu’au stade «épi à 1 cm» dans certaines situations) expose davantage les cultures à la vague de gel. Cependant, l’installation du froid s’est réalisée progressivement laissant quel-ques jours aux plantes pour s’immuniser. La couverture neigeuse aide également les céréales d’hiver à résister à des températures pouvant aller jusqu’à -20°C. Le faible engorgement en eau des sols limite les effets mécaniques du gel. Dans ces situations, les inquiétudes ne sont pas fondées.
Quels impacts ?
A l’heure actuelle, il est difficile de donner un diagnostic. Il faut attendre le dégel pour les observations en plein champs. La destruction d’une partie des plantes ne condamne pas la culture. Les céréales ont de fortes capacités de compensation. Une perte de plantes n’est vraiment préjudiciable que si elle dépasse 20 à 40 %. Pour les plus impatients, un test simple permet de constater si le blé a gelé ou non. Il suffit de prélever au hasard dans une parcelle une vingtaine de plantes avec le système racinaire au complet. Les échantillons devront être rempotés et placés dans une pièce à l’abri du gel mais avec suffisamment de lumière (hangar…). L’épi n’aura pas été touché par le gel dans le cas où la plante reverdit. Même si des dégâts sont constatés, il faut attendre le dégel pour constater l’état de la parcelle.
A l’heure où cet article a été rédigé, Météo France annonçait un redoux pour la fin de la semaine.
* Vernalisation : besoin des plantes en température froide.
En revanche, d’autres cas sont à craindre. Les zones où le froid sera plus intense, certaines espèces vont être particulièrement sensibles : avoines d’hiver, orges de printemps semées en automne et les blés durs. Le blé tendre d’hiver, le triticale et le seigle, sous réserve que le stade «épi à 1 cm» ne soit pas atteint, seront les plus résistants. Il ne faut pas oublier, qu’au sein de chaque variété, la variabilité génétique de sensibilité au froid joue un rôle.
Comme dit précédemment, le stade de la culture est déterminant pour résister à l’hiver. Les températures des dernières semaines, comprises le plus souvent entre 0°C et 10°C, ont accéléré la vernalisation*. Ce besoin a donc été rempli rapidement diminuant ainsi la capacité des plantes à s’endurcir. Pour les céréales qui approchent le stade «épi à 1 cm», l’épi s’élève au-dessus du sol le rendant vulnérable aux chutes brutales de températures. Toutes les talles ne sont pas synchronisées ; elles ne sont pas toutes au même stade. En principe, les talles primaires et secondaires sont beaucoup moins avancées et donc moins vulnérables.