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Arnaud Rousseau : « La FNSEA veut et doit rester un repère »

Le prochain congrès de la FNSEA se tiendra du 25 au 27 mars à Grenoble-Alpexpo, en Isère. À quelques jours de son lancement, le président Arnaud Rousseau en dévoile le programme et livre ses nombreuses attentes.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
© Sophie Chatenet

Apasec : Comment abordez-vous ce congrès après une année politique, électorale et syndicale extrêmement chargée ?

Arnaud Rousseau : La FNSEA est mobilisée sur de nombreux sujets : le budget européen, les mesures de simplification, la prédation, la situation sanitaire liée à la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la préparation de la loi de finances 2026

Les récents résultats obtenus aux élections des chambres d’agriculture montrent que le réseau doit également se transformer. 

Dans ce contexte incertain, les fédérations départementales et associations d’agriculteurs adhérentes font face à des difficultés avec des attentes de plus en plus importantes de nos réseaux pour faire face à la profonde crise que traverse l’agriculture. Nous devons donc mener des combats aussi bien en externe qu’en interne, et opérer des évolutions en lien avec les attentes de la société comme, à titre d’exemple, nous appliquer à féminiser le réseau.

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Apasec : Êtes-vous satisfait de l’adoption de la loi d’orientation agricole (LOA) et des récents débats autour de la proposition de loi dédiée aux entraves faites au métier d’agriculteur ?

A. R. : L’adoption de la loi d’orientation agricole (LOA) était attendue depuis trois ans. Bien qu’elle ne puisse pas être qualifiée de « grande loi », elle rappelle tout de même l’intérêt général majeur que représente l’agriculture. Il s’agit d’une première pierre, certes encore peu concrète dans la vie des exploitations, mais qui pose un cadre important. Quant à la proposition de loi sur les entraves agricoles, la FNSEA se bat afin que le calendrier parlementaire soit respecté. Les sujets qui y sont liés, tels que le stockage de l’eau, la simplification, les missions de l’Anses et de l’OFB, ainsi que les interdictions de l’acétamipride, sont plus concrets que ceux liés à la LOA

Nous allons avoir besoin que le réseau se mobilise fortement lors des débats qui auront lieu au Parlement.

Il restera ensuite des sujets réglementaires, comme la question du relèvement des seuils d’installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), puis, sur le plan législatif, l’avancement d’une loi Égalim 4. Enfin, sur le volet sanitaire, il faut rappeler que la fièvre catarrhale ovine (FCO) n’a pas disparu de notre territoire. Le combat ne s’arrête pas, nous ne baissons jamais les bras.

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Apasec : Le congrès accueillera un débat autour de l’incertitude géopolitique, sociétale, économique et politique. Pourquoi avoir choisi cette thématique ?

A. R. : L’objectif sera de comprendre comment les agriculteurs et agricultrices peuvent exercer leur responsabilité dans le cadre d’un monde incertain, tant sur le plan politique, géopolitique, que sanitaire. Cette séquence apportera de la hauteur et proposera des clés de compréhension du monde dans lequel nous vivons, sans pour autant tomber dans un discours anxiogène. Par exemple, Pascal Boniface, un géopolitologue de renom, nous apportera son regard sur ce contexte géopolitique qui nous amène notamment à nous réaffirmer sur la question de notre souveraineté alimentaire

Il est primordial que l’Europe reste un espace unique d’échanges et de paix. 

Être ouvert aux échanges avec les pays tiers, ce n’est pas accepter que le blé ukrainien ou que la viande brésilienne produite avec des hormones interdites en Europe depuis 25 ans viennent fracasser le marché européen. Il faut rester ouvert sur le monde, tout en dénonçant les décisions naïves qui font subir aux agriculteurs français des distorsions de concurrence inacceptables.

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Apasec : Quel message souhaitez-vous adresser aux agriculteurs Isérois ?

A. R. : Le département de l’Isère et sa région représentent une petite France à elles seules et regroupent des agriculteurs situés en plaine, comme en montagne, avec de l’élevage, des productions végétales, ainsi qu’une spécialisation arboricole. Sans parler du fait que ce territoire cristallise les problématiques liées à l’utilisation de l’eau, de produits phytosanitaires, de la prédation et du lien entre le monde rural et urbain. Être le département d’accueil d’un congrès, c’est aussi mobiliser les forces vives du territoire, des plus jeunes aux plus anciens. En tant que président, je suis fier d’être accueilli par tous les Isérois. Ce congrès post-élection est le moment opportun pour affirmer notre compatibilité et l’exercice de nos responsabilités. 

L’opinion publique pense que la colère agricole est derrière nous. Il n’en est rien.

La FNSEA reste combative et n’a pas l’intention de reculer sur de nombreux sujets. C’est également le message que nous souhaitons faire passer à la ministre Annie Genevard, qui, nous l’espérons, profitera de sa présence pour nous donner des perspectives et des ambitions en clôture de ce congrès. Dans le cadre d’une société fracturée et interrogative, la FNSEA veut et doit rester un repère… C’est le message que nous souhaitons faire passer à notre réseau.

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Haies : des reports des périodes de taille obtenus localement 

Bien que dans le cadre de la conditionnalité de la PAC, les BCAE 8 (Bonnes conditions agricoles et environnementales) prévoient qu’il est « interdit de tailler et/ou de couper les arbres et les haies pendant la période de nidification et de reproduction des oiseaux entre le 16 mars et le 15 août », des dérogations ont été obtenues localement à la suite de demandes de syndicats agricoles FNSEA-JA auprès des préfectures, en raison des intempéries de l’automne et des fortes pluies de janvier. Parmi ces dérogations collectives, on retrouve la Creuse, le Gers et la Vienne jusqu’au 31 mars. S’ajoutent notamment l’Oise jusqu’au 5 avril et les départements des Pays de la Loire (Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique, Vendée) jusqu’au 16 avril (d'après les EDT Pays de la Loire). Des demandes de dérogations collectives sont toujours en attente de réponse, et des demandes de dérogations individuelles seront possibles dans certains départements, comme le Cantal ou la Charente.

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