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Antibiotique et antibiorésistance : Un enjeu majeur de santé humaine et animale

Dans le cadre de l’approche « One health, Une seule santé », le Groupement Technique Vétérinaire Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, a organisé à Limoges le 03/04/2019 un colloque sur le thème de l’antibiorésistance. Cette rencontre a été un moment d’échange entre vétérinaires, médecins, scientifiques et services de l’État.

Toute utilisation d’antibiotique favorise l’apparition d’antibiorésistance. Plus on utilise d’antibiotiques et plus la résistance augmente. L’antibiorésistance est favorisée par une mauvaise utilisation des antibiotiques : prescription mal respectée (surdosage, sous-dosage, réduction ou augmentation du temps de traitement…), antibiotiques périmés ou mal conservés, mauvaise homogénéisation du flacon d’antibiotique avant injection, surestimation ou sous-estimation du ...
Toute utilisation d’antibiotique favorise l’apparition d’antibiorésistance. Plus on utilise d’antibiotiques et plus la résistance augmente. L’antibiorésistance est favorisée par une mauvaise utilisation des antibiotiques : prescription mal respectée (surdosage, sous-dosage, réduction ou augmentation du temps de traitement…), antibiotiques périmés ou mal conservés, mauvaise homogénéisation du flacon d’antibiotique avant injection, surestimation ou sous-estimation du poids de l’animal à traiter…
© GDS France

Les antibiotiques sont des molécules découvertes au début du vingtième siècle. Elles permettent de combattre efficacement les bactéries pathogènes mais interfèrent avec toutes les bactéries de l’organisme et de l’environnement.

Antibiotique et antibiorésistance, une histoire conjointe depuis des millénaires…
La plupart des antibiotiques sont issus de bactéries. Celles-ci s’en servent pour détruire d’autres bactéries dont elles se nourrissent. En réaction, ces bactéries cibles ont mis au point des mécanismes de défense. Des recherches récentes, dans une grotte isolée depuis 4 millions d’années ont permis d’identifier des bactéries qui n’avaient jamais eu de contacts avec l’extérieur. 70 % d’entre elles portaient déjà des facteurs de résistance aux antibiotiques utilisés de nos jours. Flemming a découvert la pénicilline en 1941 mais, dès 1942, il décrivait des facteurs de résistance.

…avec deux mécanismes principaux de résistance
Lorsque des bactéries sont confrontées à un antibiotique, deux mécanismes peuvent intervenir :
- Les bactéries les plus sensibles sont détruites rapidement et seules survivent celles qui présentent un facteur de résistance à cet antibiotique. Progressivement, on sélectionne une souche de bactéries génétiquement résistantes, on parle de résistance chromosomique.
- Les bactéries ont la faculté d’échanger entre elles de petits morceaux de matériel génétique. Lorsqu’un antibiotique attaque une colonie de bactéries, celles qui présentent un facteur de résistance le transmettent aux autres par diffusion, on parle de résistance plasmidique. Cette transmission peut se faire au sein d’une même famille de bactéries ou de groupes différents.

Du miracle au problème
L’emploi d’antibiotiques a révolutionné la médecine, repoussant le spectre des maladies bactériennes. Mais cela reste quelque chose de récent et qui a perturbé des mécanismes millénaires d’équilibre entre antibiotique et antibiorésistance des bactéries. Sous la pression thérapeutique, les bactéries les plus fragiles disparaissent, laissant la place à celles qui s’adaptent, échangeant plus fréquemment des plasmides. Une même bactérie peut aujourd’hui présenter des facteurs de résistance à de très nombreux antibiotiques, voire tous, conduisant à des situations d’impasse thérapeutique. Dans le même temps, la découverte de nouvelles familles d’antibiotiques devient exceptionnelle. La seule solution pour garder ces molécules actives est de revoir leur usage, afin de les utiliser de manière limitée, plus ciblée et pertinente.

De nouveaux conseils d’usage des antibiotiques
Historiquement, la prescription d’antibiotiques répondait à l’adage : « Vite, Fort, Longtemps ». Une meilleure connaissance de la pharmacodynamie conduit à faire évoluer ces pratiques. La vitesse d’action reste déterminante ; plus vite j’interviens, moins la colonie bactérienne est nombreuse et installée. À l’échelle de l’élevage, cela implique de soigner un animal malade le plus vite possible, voire de traiter tous les animaux du lot en cas de problème. La dose à utiliser va également dépendre de l’état de l’animal. Lorsque l’on intervient sur un animal dans un état dégradé, le premier traitement doit permettre d’atteindre un maximum de bactéries très rapidement. Cela peut passer par une dose de charge plus importante et une voix d’administration comme l’intraveineuse. Le temps de traitement est plutôt revu à la baisse, surtout si on a pu intervenir rapidement et avec des doses importantes. Les jours de traitement supplémentaires risquent de favoriser la sélection des bactéries les plus résistantes. Le conseil dorénavant, ce serait plutôt « Plus vite, plus fort, moins longtemps ».

Un antibiotique, mais lequel ?
Chaque antibiotique a un spectre d’activité et des caractéristiques propres. Le choix va prendre en compte de nombreux facteurs :
- La voie d’administration. Un antibiotique oral ou local va être en contact avec de nombreuses bactéries et, donc, plus susceptible de générer des résistances dans d’autres colonies. Sur un humain, on trouve 10 millions de milliards de bactéries sur la peau et 100 fois plus dans les intestins !
- La posologie. Elle va varier en fonction de l’état de l’animal, de son âge mais surtout de son poids. Beaucoup trop d’animaux sont sous-évalués et reçoivent donc un traitement sous-dosé qui va favoriser l’apparition de résistances.
- De la bactérie à laquelle je suis confronté. Plus le spectre d’activité de mon antibiotique est étroit, moins l’impact sera important sur les autres bactéries. Les médicaments à très large spectre vont disparaître progressivement, le vétérinaire devra alors évaluer précisément la bactérie qu’il souhaite combattre et choisir l’antibiotique le plus adapté.

Vers un usage plus encadré des antibiotiques avec un impact financier
La période « une infection – un antibiotique » va rapidement arriver à son terme, du fait de la perte d’efficacité des antibiotiques, d’une pression accrue sur la réduction de leur emploi et d’un choix de plus en plus limité. C’était l’objectif du plan Ecoantibio 1 (2012–2016) (cf. article du 11/01/2013), avec des mesures réglementaires fortes et un objectif de réduction de 25 % de la consommation d’antibiotiques en général et plus spécialement les critiques. Les résultats en élevage sont remarquables et unanimement salués : baisse de 37 % de la consommation globale et 90 % des antibiotiques critiques (cf. article du 13/05/2016). Les filières hors-sols, souvent stigmatisées, ont été les plus vertueuses. Cette tendance va s’accentuer avec le plan Ecoantibio 2 (cf. encadré et article du 07/07/2017). Dans le même temps, les contrôles dans les élevages vont être renforcés dans la cadre de la conditionnalité, pouvant entraîner jusqu’à 20 % de réduction des aides compensatoires en cas d’absence totale d’ordonnance pour des antibiotiques.

Les mesures de prévention plus que jamais au cœur de l’élevage
L’élevage a plus 10 000 ans et pendant 9 900 ans, il s’est fait sans antibiotique. Ceux-ci ont accompagné le développement d’un élevage plus intensif avec une augmentation de la concentration des animaux parfois au détriment des règles de base de l’élevage. La biosécurité doit reprendre une place centrale, en veillant à la maîtrise des flux de maladies par des mesures sanitaires et au bien-être des animaux pour qu’ils aient un système immunitaire plus fort. Cela passe par un changement dans les habitudes d’élevage avec une prise en compte en amont de cette problématique.

La lutte contre l’antibiorésistance, une action collective indispensable avec notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! »
La lutte contre l’antibiorésistance est un enjeu majeur et mondial de santé publique. La perte d’efficacité des antibiotiques impacte les santés humaine et animale et celle des écosystèmes, ces santés étant interconnectées. Au niveau de GDS Creuse, l’approche collective du troupeau que nous prônons avec notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! » en relation avec les vétérinaires, depuis plus de 15 ans, s’intègre pleinement dans cette démarche par la large prévention des pathologies qu’elle permet et, donc, la forte diminution des traitements qu’elle engendre. Nous allons poursuivre dans cette voie pour renforcer encore plus notre coopération pour un troupeau sain, sûr et rentable. N’hésitez pas à nous contacter pour tout commentaire, suggestion ou demande.

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