Bronchite vermineuse
Alerte bronchite vermineuse : une surveillance à renforcer dans certains troupeaux
Les conditions météorologiques favorables rencontrées cette année ont permis un développement important des strongles respiratoires avec l'apparition de symptômes dans certains élevages.
Alors que la bronchite vermineuse (strongylose respiratoire ou dictyocaulose) n'était que peu rencontrée ces dernières années, on note, en cette fin d'été, une augmentation significative des élevages confrontés à cette parasitose.
Cette année, toute toux doit faire suspecter une bronchite vermineuse
Confronté à un épisode de toux, l'éleveur, en relation avec son vétérinaire devra prendre en compte les données climatologiques pour se demander si cette toux peut être due à une bronchite vermineuse. Les conditions de cette année avec un printemps et un été doux et humides (passages pluvieux orageux réguliers au cours de la période estivale) constituent des conditions très favorables pour la multiplication des strongles respiratoires. L'émergence simultanée chez plusieurs animaux conforte l'origine parasitaire de la toux à l'inverse d'une propagation en tache d'huile plutôt signe d'une affection virale ou bactérienne.
Une année favorable à une charge parasitaire importante…
L'apparition de la bronchite vermineuse est liée de façon directe à la charge parasitaire à laquelle est soumis le bovin et à son immunité vis à vis de cette infestation. Cette affection parasitaire bovine est due à un strongle respiratoire, Dictyocaulus viviparus, dont l'expression clinique est polymorphe et dont les conditions d'apparition sont liées au climat et à la conduite d'élevage. Les larves L3 (forme de dissémination dans les pâtures) sont sensibles au froid et à la sécheresse mais elles ont la capacité de survivre pendant l'hiver chez des hôtes paraténiques (vers de terre, coléoptères, …), de rester au frais dans les bouses en été. Ainsi, même après un hiver rigoureux, un printemps doux et humide suivi d'une période estivale sans sécheresse, avec quelques orages peut favoriser l'émergence de la maladie. C'est ce que l'on observe cette année. Les conditions sont alors réunies pour le recyclage du parasite à partir des porteurs latents. Pour atteindre une charge larvaire suffisante et déclencher des symptômes cliniques, trois recyclages, soit environ treize semaines, sont nécessaires.
… à l'origine de symptômes pouvant être importants et persistants…
L'arrivée des L4 provoque un emphysème accompagné d'une toux comparable à celle induite par le virus syncytial. Dans des conditions épidémiologiques particulières (forte infestation sur un animal immunisé), l'arrivée des L4 dans le poumon peut être responsable d'un syndrome asthmatiforme avec œdème du poumon qui résulte d'un phénomène allergique. Cette forme demande une intervention rapide sur le bovin concerné et un changement immédiat de parcelle des autres animaux du lot. L'accumulation des adultes qui mesurent environ 8 cm de long peut provoquer une broncho-trachéite obstructive à l'origine d'une forte détresse respiratoire. Une centaine de parasites adultes suffit à provoquer la toux. Passé quelques centaines chez un bovin, le pronostic vital est en jeu. L'arrivée des L1 dans les bronchioles à chaque inspiration provoque une véritable pneumonie par corps étranger entrainant des lésions pouvant persister, même après traitement, pendant un mois, voire devenir irréversibles et entrainer une toux chronique.
… avec une immunité peu durable et à l'origine parfois de réactions allergiques
L'immunité qui s'installe chez les animaux est comparable à celle induite par les strongles digestifs. Les animaux les plus réceptifs sont donc les jeunes. Mis en contact avec le parasite, ils peuvent déclencher une maladie ou s'immuniser en fonction du niveau d'infestation. Cette immunité est dite de prémunition. Elle est rapide mais fort peu durable. Elle peut diminuer en 5 à 6 semaines sans contact. Au bout de 14 semaines, les anticorps disparaissent. Il n'y aura alors plus qu'une immunité mémoire. Des pré-adultes ou des adultes avec un statut immunitaire établi présenteront des symptômes de réinfestation tels que décrits plus haut (phénomène allergique avec œdème du poumon) s'ils sont confrontés à une forte infestation.
Un diagnostic de certitude à poser avant toute intervention
Face à toute suspicion, un diagnostic analytique sera mis en place. Il repose sur la mise en évidence de larves L1 dans les fèces par coproscopie de Baermann ou de Mc Kenna. Il se réalise sur prélèvement individuel ou sur mélange issu de trois animaux maximum (les prélèvements sont individuels, le mélange est réalisé au laboratoire). En raison de la fragilité des larves, le diagnostic doit être réalisé dans les 12 heures qui suivent le prélèvement et de façon impérative dans les 24 heures. Sur les pré-adultes ou les adultes, les prélèvements de bouse sont possibles sur des vaches qui toussent depuis quelques jours, mais pas depuis plus d'un mois car l'immunité développée par le bovin inhibe la ponte du parasite. De même, lors de syndrome asthmatiforme, le phénomène étant du à l'arrivée de larves L4, l'analyse peut être négative du fait de l'absence d'adultes en phase de ponte. Le diagnostic analytique permettra au vétérinaire d'affiner son diagnostic différentiel par rapport à d'autres pathologies comme des atteintes par le virus syncytial ou des pasteurelles.
Un plan de lutte sanitaire et médical à raisonner et à mettre en place sans délai
Une fois le diagnostic de bronchite vermineuse établi, un plan d'intervention est prescrit par le vétérinaire en charge du suivi de son élevage. Il associera des mesures sanitaires et médicales en fonction de la gravité des symptômes, des conditions épidémiologiques et des particularités de chaque élevage. Les mesures sanitaires intégreront essentiellement des mesures de gestion des parcelles (changement de parcelles, évaluation du niveau de contamination en fonction des catégories d'animaux qui y ont pâturé, de la densité, des alternances fauche/pâturage…). Les mesures médicales vont intégrer un traitement antiparasitaire spécifique, éventuellement associé à un traitement antibiotique et/ou anti-inflammatoire pour les animaux en phase de surinfection bactérienne et/ou présentant des réactions inflammatoires. Pour le traitement antiparasitaire, les trois familles de strongylicides peuvent intervenir : le lévamisole présente une bonne action sur les dictyocaules adultes mais n'est pas rémanent, tue les parasites de façon rapide et peut provoquer des œdèmes aigus du poumon lors de forte infestation ; les benzimidazoles sont efficaces mais leur mauvaise diffusion pulmonaire demande une distribution deux jours de suite ;les molécules les plus actives sont les ivermectines et apparentées, elles sont efficaces sur les adultes et les immatures et sont rémanentes vis à vis des dictyocaules.
En conclusion, face au risque particulier cette année, une nécessaire approche raisonnée
La dictyocaulose est une toux d'été particulière, si elle peut persister de manière silencieuse dans un cheptel, elle peut aussi entrainer une très forte symptomatologie lors de conditions climatiques, de conduite de troupeau et/ou de pratiques de pâturage favorables. Chaque épisode clinique a alors des répercussions économiques dues au nombre d'animaux atteints, aux pertes directes et aux pertes de production engendrées. Mais, si la bronchite vermineuse semble la cause majeure de toux d'été, le diagnostic différentiel est essentiel. Le situation particulière de cette année demande donc une approche raisonnée. Pour plus de renseignement, n'hésitez pas à consulter votre vétérinaire ou GDS Creuse.