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Agricultrices, de mères en filles

À Josat, Marion Reyne, 26 ans vient de s’engager dans le dispositif à l’installation dans le but de rejoindre sa mère sur la ferme familiale. Rencontre avec une jeune femme passionnée d’agriculture.

À Josat, dans le petit hameau de Vauzelle, une jeune femme bien dans ses bottes s’apprête à s’installer au côté de sa mère pour continuer une aventure familiale au féminin qui a débuté il y a bien longtemps. Car dans la famille de Marion, on est agricultrice de mère en fille...
Sa mère Chantal s’est installée en Gaec de 1993 à 2007 avec Marie-Thérèse, la grand-mère de Marion. Quelques années plus tard, c’est Marion qui s’apprête à rejoindre sa mère sur l’exploitation familiale. Une fierté pour ces agricultrices qui assument toutes les tâches inhérentes à une ferme de 32 vaches laitières, de veaux gras et de 350 brebis. «Traite, récolte de fourrages, alimentation des cheptels..., on fait tout sauf le labour et les semis que l’on fait faire à une entreprise pour nous dégager un peu de temps et faire autre chose sur la ferme. Et toujours pour la même raison, on fait aussi appel au service de remplacement pour épandre fumiers et engrais» explique Marion.

Pas de précipitation
Depuis qu’elle est enfant, Marion sait qu’elle veut devenir agricultrice. Un peu réticente au départ, sa mère ne tenait pas vraiment à ce que sa fille se lance dans un métier réputé si difficile. Mais c’était sans compter sur la motivation et la passion de Marion qui n’a pas changé ses projets. Elle ne s’est toutefois pas précipitée pour autant.
Toujours prudente, «on ne sait jamais ce qu’il peut arriver...» prévient Marion, après son bac STAV option “PA” (Productions animales), elle met d’abord un pied sur l’exploitation de sa mère en tant qu’aide familiale pendant 5 ans avant de devenir salariée, statut qu’elle possède encore à ce jour. Il faut dire que la vie l’a déjà quelque peu bousculée... Après son bac, Marion intègre un BTS PA à Bonnefont. Mais le décès de son grand-père et de l’ouvrier agricole qui travaillait avec sa mère depuis 2003, l’ont ramenée sur la ferme familiale. «Je ne voulais pas laisser ma mère seule mais elle ne voulait pas que je m’installe tout de suite». Depuis 2011, Marion et Chantal travaillent ensemble sur la ferme. Ces quelques années ont permis à chacune d’elles de se donner le temps de la réflexion et de voir que leur duo fonctionnait bien.
Le compagnon de Marion étant lui aussi agriculteur à Mazeyrat d’Allier, elles ont un temps réfléchi à un projet commun pour finalement décider de s’installer toutes les deux en Gaec d’ici fin 2019 ou début 2020.
Marion a réfléchi à son projet d’installation : «Nous avons l’intention d’arrêter l’activité laitière en 2020, à cause des contraintes lourdes de la traite, de notre bâtiment trop ancien et de notre parcellaire pentu et morcelé. Nous garderons une quinzaine de vaches laitières pour faire du veau sous la mère, un atelier rémunérateur. Quant aux ovins, on compte augmenter le cheptel pour atteindre 450 - 500 brebis, ce qui va nécessiter la construction d’une seconde bergerie de 240 places». Et la jeune femme qui travaille beaucoup à la fourche aujourd’hui
veillera à automatiser un certain nombre de tâches.

Bonne organisation du travail
Côté fonctionnement du futur Gaec, Chantal et Marion peuvent déjà compter sur une bonne organisation du travail. «On échange en début de semaine (lors de la traite ou autour d’un café chez ma grand-mère) pour prévoir les travaux à faire et on se répartit les tâches. Cette organisation nous permet depuis peu de nous libérer quelques jours pour prendre des congés. Mais ce qui est important, c’est surtout d’être autonome et de savoir tout faire de manière à pourvoir se remplacer si l’une de nous est absente» souligne Marion.
Vauzelle étant situé au beau milieu des bois, toutes deux font également leur bois de chauffage, ce qui leur permet de chauffer trois maisons. Mais se trouver au milieu des bois ne comporte pas que des avantages. Le gibier (sangliers) est particulièrement présent ici. «Chaque année, on fait de nombreux dossiers de déclarations de dégâts et cela devient problématique !».
Marion regarde l’avenir avec optimisme et avec toute la réserve qui la caractérise, elle  se tourne vers le gouvernement qui, selon elle, devrait s’occuper davantage des agriculteurs...
Depuis 2014, Marion est maman d’une petite fille. Peut-être la relève pour la ferme !

Profil

L’exploitation de Chantal Raynaud, mère de Marion installée en individuel,  s’étend sur une SAU de 84 ha, dont 10 ha de céréales et possède 32 vaches laitières (Montbéliardes et Abondances) Référence laitière de 90 000 litres et vente de 20 veaux gras par an à des négociants. Le cheptel ovins réunit 350 brebis de races BMC et Noire du Velay, qui donnent des “chocolats au lait” comme le dit Marion avec humour. Les agneaux sont commercialisés par la coopérative Copagno comme “agneaux de lait engagement Qualité Carrefour”.
Projet de construction d’une deuxième bergerie de 240 places en prévision de l’augmentation du cheptel (porté à 450 - 500 brebis).
n Dans le cadre du dispositif à l’installation, Marion participe à la formation des JA Haute-Loire “J’agis demain”. Une formation qu’elle trouve intéressante car «elle nous apprend à communiquer et surtout elle se déroule dans une très bonne ambiance. On fait des connaissances et cela nous sort de la ferme !».
Marion devra aussi faire son stage 21 heures, une formation sur la comptabilité et un mois de stage sur une exploitation.

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