Abad Chabbi : « La séquestration du carbone dans les sols est une option gagnante pour tous »
Enjeu majeur ayant émergé il y a quelques années, le piégeage du carbone est au coeur de la stratégie bas carbone française. Dans cette optique, le potentiel de l'agriculture est immense. Explications de Abad Chabbi, directeur de recherches à l'Inrae Nouvelle-Aquitaine-Poitiers.
En quelques mots, qu'est-ce que le cycle du carbone ?
Tous les êtres vivants sont constitués d'atomes de carbone. Ces atomes sont extraits du CO2 atmosphérique par les plantes, les algues et certaines bactéries via la photosynthèse. Le CO2 est restitué à l'atmosphère par la respiration et la décomposition de ces êtres vivants. À côté de ce cycle biologique court, il existe un cycle géologique lent de stockage du carbone sous forme de calcaire et d'hydrocarbures fossiles. La combustion de ressources fossiles conduit à une accumulation rapide du CO2 dans l'atmosphère. Les émissions de carbone mais aussi d'autres gaz à effet de serre comme le méthane, le protoxyde d'azote ou la vapeur d'eau empêchent une partie des rayonnements à ondes longues de quitter l'atmosphère. C'est ce qui explique le réchauffement climatique.
Comment fonctionne le piégeage du carbone ?
Pour réduire l'accumulation de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, on peut aujourd'hui s'appuyer sur des technologies intelligentes. Le problème, c'est que ces technologies qui coûtent cher se trouvent encore à un stade embryonnaire et ne permettent pas d'agir à grande échelle. La meilleure option pour piéger et stocker le carbone, c'est donc bel et bien par le sol. Pour stocker du carbone, il faut créer de la matière organique par la constitution d'un système favorable à l'implantation de la végétation. La séquestration du carbone dans les sols est une option gagnante pour tous. Elle permet à l'humanité de gagner du temps jusqu'à ce que les sources de carburant neutres en carbone remplacent les sources fossiles.