Agriculteurs en difficultés
50 agriculteurs en difficultés font chaque année appel au dispositif
Le dispositif «Agriculteurs en difficultés» dresse le bilan de son action mise en place par la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire depuis 2010 .
Retrouvez dans La Haute-Loire Paysanne du vendredi 14 février deux témoignages au sujet du service "Agridiff".
Depuis 2010, les agriculteurs dont l’exploitation se trouve confrontée à des difficultés financières peuvent faire appel au dispositif «Agriculteurs en difficultés» en appelant le numéro vert 0 800 00 50 73.
Mis en place par la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire en partenariat avec la direction de la vie sociale du Conseil Général et l’action sanitaire et sociale de la MSA, ce service suit 50 exploitation par an depuis sa création.
Parmi les 50 fermes suivies en 2013, 40% sont en production laitière, 25% en bovins viande, 25% en petites productions (maraîchage, ateliers hors sol) et 10% en production ovine.
Pas de profil type
Les exploitations en difficulté ne présentent pas de profil particulier : «On rencontre aussi bien des petites et moyennes exploitations comme des grandes, des chefs d’exploitations jeunes comme des quinquagénaires. Et toutes les productions sont concernées» a expliqué Sébastien Portal, responsable du service «Agriculteurs en difficultés» au cours de la présentation du service à la presse locale le 10 février dernier.
Quelles raisons conduisent ces agriculteurs sur la voie de la difficulté ? Les causes sont multiples. Elles peuvent être d’ordre technique (des problèmes récurrents sur le cheptel, une mauvaise conduite de la production laitière, une erreur stratégique de production...), d’ordre financier (l’agriculteur ayant puisé dans ses réserves de trésorerie pour compenser des problèmes techniques, agriculteurs ayant opté pour un investissement trop conséquent...) et d’ordre juridique. Des problèmes de santé (dépression, problèmes articulaires...) ou sociaux (divorce, conflits familiaux ou de génération...) peuvent également générer des difficultés sur une exploitation.
Agricultrices et élues Chambre d’Agriculture en charge de ce dispositif, Marie-Paule Soulier et Isabelle Pommier ont attiré l’attention sur l’âge de plus en plus bas des agriculteurs en difficultés.
De plus en plus de jeunes !
«On s’aperçoit que certains sont très jeunes ! Alors comment réorienter des jeunes qui ont des formations agricoles et qui viennent de s’installer ? Quant aux agriculteurs de 50-55 ans, ceux-ci ne peuvent même plus bénéficier de pré-retraites, puisqu’il n’y en a plus ! De plus, il faut savoir que si les agriculteurs se présentent au Pôle Emploi, ceux-ci n’ont ni droit aux indemnités chômage ni à des formations financées. Ils ont seulement droit à un bilan de compétences» indique Marie-Paule Soulier.
La représentation de plus en plus forte des jeunes agriculteurs au sein de ce dispositif est un réel sujet d’inquiétude. «Une augmentation de l’investissement par rapport à l’étude prévisionnelle à l’installation peut par exemple générer des problèmes par la suite » indique Marie-Paule Soulier. «Certains jeunes investissent de fortes sommes d’argent sans marge de sécurité» ajoute Sébastien Portal.
Pour que le dispositif entre en action, l’agriculteur doit au préalable appeler le numéro vert. Cette démarche volontaire induit par la suite l’intervention de la Chambre d’Agriculture pour la partie agricole et financière de l’exploitation et le Conseil Général et la MSA sur la situation sociale de l’agriculteur et sa famille.
Un audit permet de faire le point sur les difficultés de l’exploitation et il revient ensuite au comité spécialisé, qui se compose de la chambre d’Agriculture, du Conseil Général, de la MSA, de la DDT et de CERFRANCE Haute-Loire, le soin de proposer l’accompagnement le plus adapté et ainsi proposer des solutions.
Ces agriculteurs en difficultés bénéficient d’un suivi en vue de les aider à redresser leur exploitation. Le service «Agriculteurs en difficultés» est également amené à leur proposer une reconversion partielle (avec conservation d’une partie de la ferme) ou totale.
Or pour réussir cette reconversion, la Chambre d’Agriculture se tourne vers 2 partenaires qui proposent des emplois salariés : le Service de Remplacement de Haute-Loire et l’agence d’intérim Randstad du Puy.
Le Service de Remplacement offre «une réelle opportunité de reconversion pour les agriculteurs en difficulté qui souhaitent continuer à travailler dans ce domaine sans avoir à se préoccuper de la gestion d’une exploitation», a indiqué la directrice, Andrée Coffy.
Pour Stéphane Depeyre, responsable de l’agence Randstad, les agriculteurs représentent un vivier intéressant pour les employeurs : «Ils sont travailleurs, volontaires, à l’écoute et polyvalents». «Je n’ai jamais eu de retour négatif de la part des entreprises qui avaient embauché des agriculteurs» a-t-il ajouté.
Véronique Gruber